PARADE FOR THE END OF THE WORLD : première

Réinterprétation d’une œuvre de 1917, très critiquée alors, « Parade for the end of the world » est un work in progress franco-japonais réalisé à la MCJP et réunissant Jérémie BELINGARD, Keiichiro SHIBUYA et Justine EMARD. Review de ce ballet expérimental!

Qu’est-ce que « Parade » ? Un ballet  multidisciplinaire mêlant danse, musique, arts visuels, théâtre représenté pour la 1ère fois en 1917 et créé par le poète cinéaste Jean COCTEAU, le peintre Pablo PICASSO, le danseur et chorégraphe Léonide MASSINE et le compositeur Erik SATIE. Dans un contexte de Première guerre mondiale mais aussi de l’augmentation de mouvements artistiques d’avant-garde, « Parade » est une œuvre collective légère et provocatrice ayant pour but de « rapprocher art et vie » en cherchant  à « inciter le public à participer au spectacle » à travers une frontière floue entre scène et public.  « Parade » était alors un  spectacle surréaliste qui avait provoqué des réactions négatives au sein du public.

Retour sur la Première du spectacle:

« Parade of the end of the world » s’inspire de « Parade » de 1917, gardant à l’esprit des éléments essentiels de l’œuvre d’origine. La notion de collectif tout d’abord, par l’association de 3 artistes : le compositeur et musicien Keiichiro SHIBUYA, déjà remarqué pour son opéra virtuel mettant en scène Hatsune Miku, « The End » présenté au Théâtre du Châtelet en 2013, le danseur étoile du ballet de l’Opéra national de Paris et chorégraphe Jérémie BELINGARD et l’artiste-plasticienne et vidéaste Justine EMARD. Les 3 artistes se sont rencontrés lors de la résidence de Keiichiro SHIBUYA au Palais de Tokyo et c’est ainsi que l’idée d’un spectacle pluridisciplinaire a émergé, à la différence que si les fondateurs de « Parade » de 1917 avaient travaillé séparément, on sent sur scène une véritable union entre les 3 artistes. Au-delà d’une œuvre collective, les 3 initiateurs de ce work in progress ont également respecté le livret d’origine de Jean COCTEAU, où 3 protagonistes étaient centraux : « un prestidigitateur chinois. Une petite fille américaine et un acrobate. », sauf que désormais le public se trouve face à un musicien japonais, une jeune vidéaste et un danseur! D’autres indices relient ces 2 œuvres, comme par exemple, des images de « Parade » défilant sur l’écran, ou encore l’utilisation du bruit que fait une machine à écrire. Cependant, si ces sons réassemblés par Erik SATIE avaient scandalisé au début du XXème siècle, et bien que Keiichiro SHIBUYA pouvait penser que quelques spectateurs partiraient de la salle, comme à  l’époque, ce ne fut pas le cas puisque bien au contraire, les spectateurs ont acclamé le spectacle. Par bien des aspects, « Parade for the end of the world » peut sembler une œuvre difficile d’accès, mais ne l’est pas, bien au contraire. Elle est un cri de révolte, et si l’œuvre d’origine était un cri caché et une réponse face à la morosité de la Première guerre mondiale, en mettant en avant les symboles du temps : références au dadaïsme, cubisme ou encore l’utilisation de sons d’objets de la vie courante tel que la machine à écrire, la nouvelle œuvre est elle aussi une réponse face à l’actualité. Dans « Parade for the end of the world », l’idée de flou entre scène et public est toujours présente grâce à une toile tendue et la vidéo qui s’y reflète, telle aussi une frontière entre réalité et illusion ou encore conformisme et non-conformisme. Cette frontière symbolise alors également celle entre technologie, de plus en plus présente de nos jours, et humains puisque cette réinterprétation de « Parade » « explore les relations entre humains et technologie et leur coexistence sine qua none depuis cent ans » et ce sans que la technologie soit omniprésente. Mais « Parade for the end of the world » est tel que son nom l’indique (« Parade pour la fin du monde », en français) également une réflexion sur la fin de l’Homme potentiellement entraînée par la surprésence de la technologie,  toutefois, les 3 créateurs insistent sur l’idée que la fin n’est pas négative comme semble indiquer le titre, puisque bien au contraire, la fin dépend du présent. C’est là, où le public peut être amené à réfléchir dans la réalité avec « Parade for the end of the world » : est-ce que notre présent ne nous amène pas vers la fin ?

Si vous avez raté les 2 représentations à la Maison de la Culture du Japon à Paris, sachez que l’œuvre est amenée à voyager et à changer ! C’est en effet une œuvre collaborative  mais aussi un work in progress et donc destinée à évoluer, et cela grâce à la participation d’autres artistes. Ainsi, ceux qui ont assisté à la Première, ne verront pas la même œuvre lors de la prochaine représentation et surtout, si l’œuvre est d’origine franco-japonaise, elle se peut devenir une œuvre véritablement mondiale et donc  une œuvre d’art totale.

Source : Représentation du 27 mai 2016, communiqué de presse et dossier « Parade » du Centre Pompidou-Metz.

Photo : Parade for the End of the World ©Justine Emard-ADAGP, remerciements à la MCJP.

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