L’hôpital du petit bourg de la région de Fukushima, Hirono, vient de perdre le seul médecin qui était resté dans la ville pour soigner les patients du district de Futaba à temps plein. Cette perte met en avant le déclin de certains villages aux alentours de la région dévastée le 11 mars 2011 et du dur retour à la vie « normale ».
Le docteur Hideo TAKANO était âgé de 81 ans. Malgré son âge, il était toujours le directeur de l’hôpital privé d’Hirono et assurait ainsi les soins et les consultations médicales des 2 800 habitants de la petite ville située à moins de 30 kilomètres au sud de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Un décès intervenu de façon tragique, puisque le domicile du docteur a pris feu la nuit du 30 décembre et le médecin dévoué avait été fait prisonnier des flammes, décédant dans cette incendie. La mort de ce médecin soulève la question du manque de médecin dans cette région, notamment dans les villes considérées désormais comme habitables, où la plupart des habitants ont majoritairement décidé de refaire leur vie ailleurs et où d’autres, eux, ont choisi de revenir et de finir leurs vies dans leur ville natale. En effet, peu avant la triple catastrophe, mais surtout avant l’accident de la centrale nucléaire avoisinante, il était recensé plus de 5 000 habitants dans le bourg d’Hirono. La ville a cependant dû être évacuée en raison de la situation de la centrale de Fukushima Daiichi pour être considérée comme de nouveau habitable quelques mois plus tard, dès septembre, cependant seuls 60% des habitants sont retournés à Hirono jusqu’à aujourd’hui, le docteur TAKANO, lui, n’ayant jamais quitté la ville pour continuer à prodiguer des soins à ceux qui n’avaient pas pu évacuer en raison de leurs conditions physiques jugés trop fragiles. L’hôpital, pourtant à l’origine un hôpital psychiatrique, a une capacité de 120 lits et son directeur, le docteur TAKANO avait alors décidé d’accepter tous les patients et c’était le seul hôpital du district à être resté ouvert sans interruption, continuant à fonctionner malgré des difficultés financières de plus en plus importantes. Cet hôpital était également le seul hôpital de la région de Futaba depuis l’accident de la centrale nucléaire puisque les 5 hôpitaux alentours ont, eux, fermé leurs portes, et le docteur TAKANO était le seul médecin qui travaillait à temps plein, consacrant sa vie et son temps pour tous ses patients. Bien que de nombreux médecins volontaires aient apporté, et continuent de le faire, leur aide à temps partiel à l’hôpital du docteur TAKANO, il semble que cela soit bien insuffisant.
Si des médecins continueront à prodiguer des soins bénévoles aux patients du docteur TAKANO jusqu’à la fin du mois, et que l’hôpital souhaite poursuivre la mission du docteur TAKANO, le maire du bourg d’Hirono, Satoshi ENDO, a été pessimiste, déclarant à la presse la semaine passée que l’avenir de cet hôpital est très incertain, car un hôpital a besoin d’un directeur, et donc d’un médecin travaillant à temps plein, d’autant que l’hôpital étant un institut privé, il ne pourrait, selon la législation, bénéficier de subventions d’état pour continuer à fonctionner. Un drame pour la région et surtout le district de Futaba, puisque l’hôpital du docteur Takano soignait non seulement tous les habitants d’Hirono et du district de Futaba mais aussi tous les nettoyeurs, environ 3 500, qui viennent décontaminer la terre autour de la centrale de Fukushima Daiichi. Le risque c’est que bientôt les malades et les blessés n’auront peut-être nulle part où aller si l’hôpital ne trouve pas un nouveau directeur, alors en attendant, une collecte de fonds a été créée pour sauver l’hôpital.
Pour soutenir l’hôpital du docteur Takano (en japonais) : https://readyfor.jp/projects/hirono-med
Sources : Mainichi Shimbun, Asahi Shimbun, the Japan Times.
Photo : site officiel de l’hôpital d’Hirono.