Nous vous l’avions annoncé durant La Matinale de ce jour, la navette de ravitaillement Kounotori 6 est retournée vers la Terre après une mission commencée en décembre 2016, mais a failli lors de sa dernière mission : celle consistant à nettoyer les déchets spatiaux.
Kounotori 6 ou (HTV-6) est un cargo de ravitaillement automatique opéré par la JAXA (Japan Aerospace Exploration Agency) destiné au ravitaillement de la Station Spatiale Internationale (ISS) ou celui du laboratoire Kibô. Kounotori 6 avait décollé le 9 décembre 2016 afin de rejoindre 4 jours plus tard l’ISS et effectuer un ravitaillement, dont des batteries de lithium-ion pour l’astronaute français Thomas PESQUET, mission réussie alors qu’un cargo russe similaire avait échoué quelques jours auparavant dans cette même mission, n’atteignant jamais la station spatiale. Ces types de cargo ont de particulier que s’ils partent ravitailler la Station Spatiale Internationale de vivres et de matériels, sans pilotes, ils ne reviennent pas sur Terre, du moins pas entièrement. En effet, une fois la mission accomplie, ces navettes repartent vers la Terre et se désintègrent une fois qu’elles pénètrent dans l’atmosphère !
Mais Kounotori 6 avait une autre mission à effectuer en quittant l’ISS et il s’agissait d’une mission à titre expérimentale. Cette dernière consistait pour Kounotori 6 de déployer une longue tige, KITE (pour Kounotori Integrated Tether Experiments), destinée à nettoyer les déchets spatiaux. Le cargo était en effet équipé d’une tige de 700 mètres qui devait se déployer dans l’espace après que le cargo se soit détaché de l’ISS. Le but, s’approcher des déchets spatiaux afin de déployer le câble et attirer les déchets vers lui. Ensuite, l’atmosphère terrestre devait faire le reste du travail, attirant les déchets et la navette vers la Terre et les faisant se consumer en pénétrant l’atmosphère, ne laissant plus aucune trace ensuite ni dans l’espace, ni sur notre planète. Sauf que cette mission expérimentale s’est avérée être un échec, le câble n’ayant jamais pu, a priori, se déployer pour des raisons encore indéterminées et la JAXA a confirmé que Kounotori 6 était rentré dans l’atmosphère terrestre ce 6 février, signifiant alors sa destruction et confirmant donc la fin de cette mission expérimentale. Le responsable de ce projet KITE, Koichi INOUE a évoqué sa déception à l’AFP d’autant que cette mission expérimentale de nettoyage spatial devait durer 7 jours.
Voici une vidéo de la JAXA expliquant en images ce qu’est Kounotori 6 et la mission KITE (textes en japonais) :
Un échec donc mais de nouveaux essais devraient être effectué l’an prochain : en février 2018 par la JAXA, mais aussi par l’Ecole Polytechnique de Lausanne et son projet CleanSpace One. Il s’agit, en effet, d’un enjeu de taille pour l’avenir de l’exploration spatiale. Après des décennies de mises en orbite autour de la Terre de stations spatiales et de satellites, il s’avère que plus de 6 000 objets se trouvent dans l’espace juste au-dessus de nos têtes mais ce sont en revanche bien plus de débris qui demeurent en orbite et qui risquent d’entrer en collision avec des stations spatiales et satellites ! Selon Christophe BONNAL, expert à la direction des lanceurs du CNES, présidant également les commissions Débris spatiaux de la Fédération internationale d’aéronautique, et auteur de « Pollution spatiale, l’état d’urgence » (édition Belin) estime qu’il y a 100 millions de débris, équivalent à 7 000 tonnes, en orbite autour de la Terre. Effrayant, sachant qu’à une vitesse de 30 000 km par heure, selon le magazine Sciences et Vie, un débris de 10 cm peut détruire intégralement un satellite. La Station Spatiale Internationale a, elle, évité à plusieurs reprises des collisions majeures avec des débris spatiaux au cours de ces 5 dernières années. Lors de la dernière alerte, en 2015, l’équipage avait choisi de se réfugier dans une capsule Soyouz tant le temps restant avant l’impact possible était court et tant le risque était élevé, mais heureusement il n’y a pas eu d’impact avec le débris provenant d’un ancien satellite météo russe.
Sources : Génération Nouvelles Technologies, JAXA, Sciences et Vie, Le Parisien.
Photo : Illustration de la pollution spatiale, Dr. Stuart Grey/ University College London .