Des exécutions prochaines de membres d’AUM SHINRIKYO ?

Le 20 mars 1995, le Japon subit la pire attaque terroriste de son histoire moderne. Presque 23 ans plus tard, sept des treize condamnés à mort par la justice sont transférés de leur prison, faisant suspecter leurs pendaisons imminentes.

Lorsque la Cour Suprême du Japon a rejeté la demande de Katsuya TAKAHASHI fin janvier 2018, elle a ouvert la voie à l’exécution des 13 condamnés à mort. La particularité de Katsuya TAKAHASHI ? Outre le fait qu’il était en cavale durant 17 ans avant d’être retrouvé dans manga café à proximité de la capitale  en 2012, et qu’il est impliqué dans les attentats du métro de Tôkyô au gaz sarin et dans la réalisation d’autres crimes, il avait été condamné à la prison à vie en 2015 mais avait fait appel. Mais il était alors surtout le dernier membre recherché de la secte et l’un des trois derniers à avoir été retrouvé en 2012. Après avoir été condamné à la prison à vie en première instance en 2015, il fait appel, plaidant non coupable, et en début d’année, la Cour Suprême se prononce pour la prison à vie. Or au Japon, il est de coutume de ne pas exécuter un condamné tant que la justice ne s’est pas prononcée sur ses complices. Ainsi la plupart des membres de la secte Aum Shinrikyô avaient été arrêtés peu après les attentats, dont Shôkô ASAHARA, de son vrai nom Chizu MATSUMOTO. Il avait été reconnu coupable après un long procès qui se sera achevé onze ans après  avoir organisé les attentats faisant de nombreux morts, mais aussi  pour avoir commandité l’assassinat d’autres personnes, et condamné en 2006 à la mort par pendaison. Depuis lors, l’ancien leader du culte a tenté de faire appel, sans succès, mais il n’est pas le seul à avoir obtenu la peine capitale puisqu’au fil du temps 12 autres membres de sa secte ont été condamnés à mort, sur 192 membres de la secte condamnés à des degrés divers. Parmi toutes ces personnes,  6 ont eu pour verdict la prison à vie dont Katsuya TAKAHASHI. Pour la moitié des condamnés à mort, cela fait six à douze ans qu’ils attendent l’application de leur peine, voire d’être rejugés. Ce qui peut sembler long est en réalité une exception prévue par le Code de procédure pénale du Japon. Tant que les autres individus recherchés dans le cadre d’une même affaire n’ont pas été jugés ou sont en attente d’un recours, le condamné à mort bénéficie d’un sursis. Mais la justice semble considérer que l’affaire est définitivement close, les procès et recours ayant eu lieu pour tous les membres de la secte recherchés. Avec la confirmation par la plus haute instance de la condamnation à la prison à vie de Katsuya TAKAHASHI il y a deux mois bientôt, et puisqu’il était le dernier membre recherché de la secte Aum Shinrikyô, ce n’était plus qu’une question de temps avant que les peines d’exécution soient appliquées. En effet, selon le Code de procédure pénale japonais, le ministère de la Justice dispose de six mois après la décision de justice ferme et irrévocable de condamnation à mort pour exécuter le prisonnier.

 

Il est donc peu étonnant que la presse japonaise ait dévoilé ce jour que sept des treize condamnés à mort de la secte Aum Shinrikyô font l’objet d’un transfert depuis une prison de Tôkyô vers d’autres centres de détention à travers le pays. Or il semble que les treize se trouvaient tous dans cette même prison et ces transferts sont donc le signal d’une exécution prochaine puisque les centres où sont exécutés  les condamnés à mort  se trouvent aux quatre coins du pays, dans la capitale mais aussi à Sapporo, Hiroshima ou encore Ôsaka. Si ces transferts devraient être achevés d’ici demain, on sait que Chizu MATSUMOTO ne fait pas partie de ces sept condamnés à mort transférés. Cependant, Amnesty International semble considérer que certains condamnés à mort pourraient avoir droit à demander un autre recours, prétendre à un nouveau procès et suspendre ainsi leurs exécutions. Sauf que l’ancien ministre de la Justice Katsutoshi KANEDA avait décrété l’an passé que les condamnés à mort ne devraient pouvoir échapper à leur exécution même s’ils demandent à être rejugés, ce que semble aussi approuver l’actuelle ministre de la Justice Yôko KAMIKAWA.

 

Les attentats du métro de Tôkyô au gaz sarin avaient fait 13 morts et plus de 6 000 blessés. La secte Aum Shinrikyô était également responsable de nombreux autres crimes dont l’attentat au gaz sarin de Matsumoto en 1994 mais aussi de l’assassinat de plusieurs personnes comme Tsutumi SAKAMOTO l’avocat anti-Aum Shinrikyô, de sa femme et de leur bébé de 14 mois. En tout ce sont 29 personnes mortes à cause de l’idéologie de la secte.

 

Sources : The Japan Times, Mainichi Shimbun, Asahi Shimbun, Amnesty International.

Photo : via Amnesty International

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