A l’occasion de l’exposition « Savoir-faire intemporels de l’artisanat japonais d’excellence », à découvrir jusqu’au 30 septembre à l’espace DENSAN à Paris, trois artisans sont venus en juin pour des démonstrations de Beppu Takezaiku, à laquelle nous avons assisté, mais aussi d’Owari Butsugu et de Hakata-ori.
La vannerie par Beppu Takezaiku :
Takayuki Shimizu présente le Beppu Takezaiku, ici avec une de ses créations, à l’espace Densan ©2019 Japan FM.
Le travail du bambou ou Takezaiku est une des spécialités de la ville de Beppu, dans le département d’Ôita. Un savoir-faire ancestral apparu durant l’époque Muromachi (1336-1573) et qui s’est surtout développé durant l’époque Edo grâce à de nombreux voyageurs japonais partant à Beppu pour ses onsen ! Le Beppu Takezaiku est réputé dans le monde en attestent plusieurs expositions récentes en France, comme au musée Hébert (à Grenoble) ou encore au musée du Quai Branly-Jacques Chirac pour « Fendre l’air, Art du bambou au Japon ». Takayuki SHIMIZU, par ailleurs directeur de l’association Beppu Bamboo Craft Union, est l’artisan venu présenter son savoir-faire et réaliser des démonstrations de Beppu Takezaiku. Originaire d’Ôsaka, il a étudié l’art de la vannerie de bambou auprès d’un maître renommé, Jin MORIGAMI, dont une œuvre avait été justement exposée lors de l’exposition au musée du Quai Branly-Jacques Chirac. Takayuki SHIMIZU explique que sur plus de 1 200 espèces de bambou connues dans le monde, environ 600 se trouvent rien qu’au Japon ! Dans le département d’Ôita, 60% des bambouseraies sont constituées de bambou madaké. C’est cette dernière espèce qui est utilisée dans le Beppu Takezaiku car lisse, facile à couper et à peler. Car pour confectionner des objets en bambou, il faut d’abord couper le bambou en 2 dans sa longueur et le fendre verticalement avant de le dénuder. Ce processus est répété autant de fois que nécessaire, jusqu’à obtention de tiges à la taille souhaitée. C’est ensuite que vient l’étape du tissage selon différentes techniques – il en existe en tout plus de 200, et qui est définie seulement selon la forme finale de l’objet ! Et si la plupart des objets en bambou de Beppu sont proposés dans leur couleur naturelle, ils peuvent être teints voire laqués, mais se définissent dans tous les cas comme des objets simples et pratiques.
©2019 Japan FM.
Le Hakata-ori, une technique de tissage :
©Keisuke Takeda.
Comme son nom l’indique, ce tissage est lié à la ville de Hakata, dans le département de Fukuoka, et c’est Miki MIYAJIMA qui est venue à Paris présenter son artisanat. Cette technique est apparue au cours du XIIIème siècle et est particulièrement utilisée dans la fabrication des ceintures obi grâce à un tissage très serré de 5 000 à 7 000 fils. Le mode de tissage Hakata-ori permet plusieurs motifs et le plus connu est le motif Kenjo. Ce dernier motif est lié au bouddhisme et est reconnaissable grâce à des lignes continues et se décline en 5 couleurs, chacune symbolisant une vertu du confucianisme !
L’Owari Butsugu, des temples shinto à la vie quotidienne :
©Keisuke Takeda.
L’Owari Butsugu est apparu au début de la période Edo, et il s’agit de l’artisanat d’objets rituels bouddhistes et shintoïstes. Il existe donc différents métiers dans l’artisanat de l’Owari Butsugu : ferronnerie, sculpture, laquage encore dorures. Parmi les objets fabriqués dans l’Owari Butsugu, il y a le Sanbou, une petite table en bois constituée d’un socle avec trois ouvertures pour la décoration en forme de hoju dite de balles au trésor. Ce socle est assemblé avec un plateau et le tout est utilisé pour poser les offrandes durant les cérémonies shinto ou bien pour offrir des objets aux nobles. C’est par exemple sur un Sanbou que les Japonais posent le kagami mochi du Nouvel an. A l’espace DENSAN, Yasuyuki IWARA est venu parler du Sanbou et des autres objets fabriqués dans son atelier. Il est artisan de 7ème génération au sein de Iwata Sanbou, basé à Nagoya et spécialisé dans les objets dédiés au shintoïsme. Son atelier, créé en 1974 fournit de célèbres temples shinto mais aussi l’Agence Impériale, pour ce dernier récemment à l’occasion de la cérémonie d’abdication de l’Empereur Akihito ! Mais c’est durant l’ère Heisei que le domaine du religieux perd de son influence, et il ne reste plus que 150 ateliers. Ainsi, l’atelier Iwata Sanbou a diversifié ses créations pour les moderniser, en attestent des Sanbou peints avec des motifs colorés ou encore la création de Pachikumi, un jeu inspiré de la technique d’assemblage kumiko (où on assemble des pièces de bois sans clous pour former un objet).
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Photo: démonstration de Beppu Takezaiku par Takayuki Shimizu à l’espace Densan ©2019 Japan FM.