Un concours et un androïde pour le centenaire de SÔSEKI NATSUME

Sôseki NASTUME est mort il y a déjà un siècle. Et pour célébrer le centenaire de la mort d’un des plus grands auteurs de la littérature moderne du Japon, un concours international d’essai a été organisé et l’université de Nishogakusha, où l’auteur avait fait ses études, le fait revivre sous l’apparence d’un robot !

Il est considéré comme un des pionniers de la littérature moderne du Japon. Sôseki NATSUME est né à Tokyo en 1867, à la veille de l’ère Meiji, l’ère qui ouvrira le pays au monde, et il grandit dans cette ville qui porte encore à sa naissance le nom d’Edo. Lorsqu’il est en âge de faire des études, il intègre l’Université de Tokyo pour étudier l’architecture et l’anglais, puis intègre également l’université de Nishogakusha pour étudier la littérature chinoise en 1881. Après un poste d’enseignant en littérature anglaise, il voyagea aussi en Angleterre grâce à une bourse durant quelques années. A son retour au Japon, il publie « Je suis un chat » (1905) et obtient un grand succès d’emblée qui lui permet de signer un contrat avec le quotidien Asahi Shimbun et donc de se consacrer à l’écriture, et il abandonne l’enseignement.  Impacté par l’ouverture du Japon et par son voyage en Angleterre, c’est dans ses romans qu’il relate son observation et son analyse sur le monde qui l’entoure, évoquant le fossé des générations entre l’avant-Meiji et l’après-Meiji dans « Pauvre cœur des hommes » (1914) ou encore brosse le portrait de la société japonaise de son époque (finalement une vision de l’Humanité dans son ensemble) dans le roman satirique qui le propulse « Je suis un chat ». Mais, l’auteur n’aura pas une longue carrière puisque dès 1910 le mal le ronge, et le 9 décembre 1916, Sôseki NATSUME décède d’un ulcère à l’estomac mais ses œuvres marqueront durablement la littérature moderne du pays, influençant par exemple des décennies plus tard des auteurs comme Haruki MURAKAMI.

 

A l’occasion du centenaire de sa mort, un concours international, ouvert uniquement à des candidats dont la langue maternelle n’est pas la langue japonaise, avait été lancé dès le mois de mai sous le patronage de Japan Foundation et du quotidien Asahi Shimbun, entre autres. Intitulé « The Soseki International Essay Contest », il s’agissait pour les participants de rédiger un essai en 2 000 caractères japonais  sur le thème de « Sôseki et moi », devant évoquer la première rencontre entre le participant et l’œuvre de Sôseki NATSUME, à remettre avant le 10 août dernier, et pour lequel 8 participants pouvaient remporter un prix, et les 3 premiers pouvaient participer à un symposium international sur l’auteur. Preuve que Sôseki NATSUME passionne toujours, 100 ans après sa mort, ce concours exceptionnel a attiré un grand nombre de participants, 72 pour être précis ! Et la grande lauréate de ce concours est une canadienne vivant au Japon, Stéphanie Erica CHAVES. Au cours de la remise de prix à Tokyo le 10 décembre, la gagnante du concours explique que « les œuvres de Sôseki NATSUMI connectent les gens au-delà du temps et des frontières nationales », exprimant quelques mois auparavant que l’auteur avait changé sa vie. Ce n’est pas le seul évènement lié au grand écrivain japonais, puisqu’au cours de cette cérémonie, un drôle d’androïde ayant les traits de Sôseki NATSUME a été dévoilé au public !

 

En effet, l’université de Nishogakusha, et Hiroshi ISHIGURO, le roboticien, célèbre pour avoir réalisé un robot qui lui ressemble et qui peut avoir des expressions faciales, se sont associés en collaboration avec Asahi Shimbun pour fabriquer un robot dont l’apparence est celle du célèbre auteur ! Cette opération marque ainsi non seulement le centenaire de la mort de Sôseki NATSUME, mais aussi les 140 ans en 2017 de l’université et c’est donc la raison pour laquelle, à compter de 2017, l’androïde Sôseki NATSUME enseignera la littérature aux étudiants dans cette université ! Un androïde d’1 mètre 30 dont le visage a été réalisé à partir du masque mortuaire de l’auteur, et qui donc porte les traits de l’auteur à sa mort, dont la voix a été créée à partir de la voix du petit-fils de l’écrivain, Fusanosuke NATSUME et qui porte un costume similaire à ceux que  l’auteur portait. L’idée est alors ambitieuse, celle de se souvenir d’un grand auteur mais aussi d’intéresser davantage d’étudiants à la littérature via des conférences et lectures offertes par la version robotisée de l’auteur.  Hiroshi ISHIGURO explique à ce sujet qu’il fait en sorte que les traits de caractères et la personnalité de Sôseki NATSUME soient respectés par le robot, mais Fusanosuke NATSUME a exprimé un petit bémol à la presse, précisant que son grand-père était fameux pour son mauvais caractère ! D’ailleurs, il ajoute que ce dernier souriait peu sur les photographies de l’époque alors lorsqu’un participant a demandé à l’androïde d’esquisser un sourire, il est peu étonnant qu’il ait répondu : « il est difficile de rire sans écouter un rakugo ! ».

 

Réplique androïde de Sôseki NATSUME ©Satoru Semba /Asahi Shimbun

 

Mais est-ce suffisant pour que la version androïde de Sôseki NATSUME puisse enseigner la littérature à des étudiants, tel que le faisait l’auteur de son vivant ? D’autant que ces androïdes ne sont pas encore parfait et si ces robots peuvent répondre à des questions simples et de réciter des textes, sont-ils déjà en mesure de répondre à des questions bien plus complexes ?

 

Sources : Asahi Shimbun, Actualitté, Sputnik News.

Photo : Portrait de Sôseki NATSUME en 1912. Source : Wikipédia

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.