Le 15 décembre dernier, une nouvelle loi a été votée, ouvrant la voie aux casinos, jusqu’ici interdits. Si le casino bill a obtenu la majorité, le texte s’est confronté à de fortes critiques.
Si jusqu’ici les casinos étaient interdits, car les jeux impliquant des paris l’étant, les seuls jeux ce type autorisés au Japon (hors paris sportifs) étaient les pachinko. Mais il ne s’agit alors pas de gains d’argent, du moins officiellement car les joueurs peuvent échanger les billes gagnées contre des lots (dans les faits, ces derniers peuvent être ensuite échangés contre de l’argent en marge des salles de pachinko). Dorénavant cela va changer puisqu’une loi autorisant les casinos a été votée le 15 décembre. Ce n’est pas vraiment une surprise puisque le texte avait déjà été approuvé par la Chambre Basse, l’équivalent de notre Assemblée Nationale, en début de mois, mais après quelques petites modifications du texte, il ne manquait plus que l’approbation de la Chambre Haute, l’équivalent de notre Sénat avant que l’ensemble de la Diète (les deux Chambres réunies) approuve définitivement le texte. L’ensemble étant majoritairement détenu par le Parti Libéral Démocrate, le parti majoritaire au pouvoir, ce n’aurait donc été qu’une question de temps avant que la Diète n’approuve la loi légalisant les casinos au Japon. Désormais, cela ouvre la voie non seulement aux casinos, mais aussi à l’ouverture de complexes de loisirs ou encore des complexes hôteliers intégrant des casinos, et par conséquent un moyen de booster tourisme, création d’emplois et économie. Or c’est bien là l’objectif visé par le Premier Ministre Shinzo ABE qui promeut ce projet de loi depuis son retour au pouvoir fin 2012. Il martèle ainsi depuis quelques années que voter cette loi permettrait de doper l’économie japonaise, en berne ces dernières années, avec pour dernier argument avec l’obtention des Jeux Olympiques de 2020, celui de pérenniser la hausse du tourisme de ces dernières années, et celles à venir.
Pourtant, bien au contraire, cette loi est controversée et a suscité des critiques même au sein du parti au pouvoir. D’ailleurs, le projet de loi avait été maintes fois repoussé, puisqu’un premier texte avait été proposé dès 2013 et Shinzo ABE n’est pas le premier à vouloir légaliser les casinos au Japon puisque des propositions en ce sens existent depuis 15 ans en ayant jusqu’ici toujours échoué. En effet, les plus grosses inquiétudes suscitées par l’approbation d’un tel texte concernent les addictions aux jeux, déjà pointés du doigt avec les pachinko pour lequel une étude gouvernementale révélait en 2014 que 5% des Japonais étaient accro. C’est d’ailleurs le motif de la modification du texte qui avait été approuvé par la Chambre Basse en début de mois, la première concernant une demande au gouvernement de prendre des mesures pour éviter l’addiction aux jeux, la deuxième étant de revoir la loi dans les 5 ans après application, et ce sont ces modifications qui ont permis à cette loi de passer. Au sein même de la population japonaise, le passage de cette loi divise, non seulement pour les risques d’addiction mais aussi parce qu’ils n’ont aucune idée de qui construira ces casinos ni la façon dont ils seront gérés, avec notamment la peur de la mafia. Ainsi d’après un sondage réalisé par NHK peu avant le vote, 44% des Japonais interrogés étaient contre cette loi, tandis que 32% demeuraient indécis et seuls 12% étaient en faveur des casinos. Et que ce soit des politiques ou des citoyens, une autre inquiétude concerne l’absence de débat concernant les points négatifs liés à l’ouverture de casinos, le PLD ayant surtout insisté sur les bénéfices économiques.
Avec le casino bill approuvé, et le potentiel du marché japonais, ce sont désormais de grands groupes de loisirs étrangers tels que MGM Resorts ou encore Wynn Resorts qui s’intéressent de près au Japon. Toutefois, le cadre définissant les complexes hôteliers intégrant un casino devant faire l’objet d’une autre loi, il semble alors que les premiers casinos n’ouvriront leurs portes qu’après 2020.
Sources : Asahi Shimbun, the Japan Times, Mainichi Shimbun.
Photo : des machines à sous au MGM Grand Hotel à Las Vegas, ©Laslovarga sur Wikimedia