Le Président russe Vladimir POUTINE était au Japon le 15 et 16 décembre, 11 ans après sa dernière visite officielle. Au cœur des discussions avec Shinzo ABE, la délicate question des îles Kouriles, qui n’a cependant pas donné un traité de paix mais confirme un accord économique.
Un accord économique comme premier pas vers un traité de paix ? C’est ce qu’ont annoncé le Président russe et le Premier Ministre japonais lors d’une déclaration commune au bout de deux jours de discussions. Le Premier Ministre japonais avait ainsi reçu le Président russe à Nagato, préfecture de Yamaguchi, sa ville natale, où ils ont pu s’entretenir longuement en privé. Et si aucun accord n’a été trouvé concernant la souveraineté des îles Kouriles, il a été confirmé une coopération économique sur ces territoires, dont les modalités et conditions exactes devront être négociées. En attendant, Vladimir POUTINE étant venu accompagné de la plupart de ses ministres et de chefs d’entreprises, 80 projets de développement économique ont été signés durant cette rencontre entre entreprises japonaises et russes concernant notamment les secteurs de l’énergie, de la santé, de la pêche ou encore de la technologie, sans oublier un important investissement du Japon vers la Russie d’un budget de 300 milliards de yens (environ 2, 4 milliards d’euros).
Avant même son arrivée au Japon, Vladimir POUTINE avait annoncé la couleur, insistant sur le fait qu’il n’y avait aucun contentieux concernant ces territoires, et donc comprendre que ces îles appartiennent à la Russie. Or pour le Japon, ces îles leur appartiennent conformément à un pacte d’amitié datant de 1855, contesté par la Russie en raison du Traité de San Francisco stipulant que le Japon perdait sa souveraineté sur ces îles. Et c’est là le cœur de cette dispute territoriale, la Russie considérant que cet accord est valide bien que l’URSS ait à l’époque refusé de le signer, puisque le Japon y a adhéré. Qui plus est, la Russie se sent menacée en raison de l’alliance du Japon avec les Etats-Unis sur le plan sécuritaire, alors que les îles Kouriles sont la porte d’entrée de la Russie dans la région Pacifique. Toutefois, les deux parties s’accordent à dire que l’accord économique permettrait de trouver une voie d’entente pouvant favoriser à long terme un traité de paix. C’est donc en ce sens que cette coopération économique peut présager d’une avancée importante pouvant mettre fin à ce contentieux. De plus, selon la déclaration commune de Vladimir POUTINE et de Shinzo ABE, les deux dirigeants ont émis l’idée que citoyens russes et japonais pourraient cohabiter ensemble sur ces îles, et le Président russe a également annoncé vouloir faciliter les démarches pour que des ressortissants japonais puissent se rendre sur ces îles, principalement ceux originaires des Territoires du Nord (nom donné par le Japon aux îles Kouriles) et dont les tombes familiales s’y trouvent.
Mais une partie de la population semble en désaccord avec le fait que le Premier Ministre n’ait pu récupérer les îles revendiquées, puisque une centaine de personnes auraient manifesté aux abords de l’hôtel où était logé le Président russe, et suite à cette rencontre, le secrétaire général du Parti Libéral Démocrate, Toshihiro NIKAI a exprimé publiquement son mécontentement. En effet, bien que l’idée d’une coopération économique vienne de Shinzo ABE, certains évoquent un échec diplomatique de sa part, mais comme l’a souligné Vladimir POUTINE à l’issue de cette visite, si une solution se doit d’être trouvée, il aurait été naïf de penser que la question de la souveraineté des îles Kouriles serait réglée en deux jours. Ce dernier n’a d’ailleurs pas manqué de saluer le rôle du Premier Ministre japonais dans l’amélioration des relations entre les deux pays.
Sources : Asahi Shimbun, The Japan Times, Le Courrier de Russie
Photo : Le Premier Ministre Shinzo Abe accueille le Président russe Vladimir Poutine le 15 décembre à Nagato ©Shinichi Iizuka/Asahi Shimbun