Ce n’est pas un fait nouveau, des tensions existent entre le Japon et la Chine depuis de nombreuses années, alimentées par des différends territoriaux, mais aussi par des différences de perception de l’Histoire, comme le Massacre de Nankin Un fait émanant d’un groupe hôtelier japonais a ajouté de l’huile sur le feu.
C’est un groupe hôtelier japonais parmi les plus importants, fondé dans les années 1970, il s’agit d’APA pour « Always Pleasant Amenities » que nous pouvons traduire ainsi en français « toujours d’agréables équipements ». Mais de nombreux clients ont dû penser bien le contraire en découvrant dans leur chambre un livre révisionniste, traduit en anglais, niant l’existence du Massacre de Nankin. Un livre, rédigé par le propriétaire de la chaîne hôtelière, également essayiste, Toshio MOTOYA sous son nom de plume Seiji FUJI, et mis à disposition des clients de ses hôtels dans toutes les chambres. C’est le constat fait par des touristes chinois la semaine passée, qui ont posté certains passages sur internet, provoquant un tollé y compris sur un plan diplomatique puisque la porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la République populaire de Chine, Hua CHUNYING, a pris la parole pour dénoncer l’existence de ces livres, et pour appeler le Japon à regarder son histoire sans fermer les yeux sur certains faits.
Le sujet du Massacre de Nankin est au cœur de multiples polémiques. Récemment, en 2015, lorsque l’UNESCO inscrit des documents dans le Registre Mémoire du Monde, le Japon réagit, déplorant cette inscription, remettant en cause l’authenticité des documents inscrits et estimant que cette inscription s’est fait uniquement sur les déclarations de la Chine. Le Massacre de Nankin, appelé également Sac de Nankin ou Viol de Nankin, est un massacre perpétré par les soldats japonais à compter du 13 décembre 1937 et ce durant six semaines. Selon les différentes sources historiques, on recense de 100 000 à 300 000 victimes mutilées et exécutées, des civils comme des soldats, et des dizaines de milliers de femmes sont violées. Mais c’est un fait peu reconnu par le Japon, du moins dans son bilan, car si officiellement le pays reconnaît bien l’existence de ce massacre, il a tendance à atténuer le nombre de victimes, évoquant la difficulté de déterminer le nombre de personnes tuées et c’est bien pour ces mêmes raisons que l’inscription par l’UNESCO a été tant réprouvée par le Japon !
Dans le livre mis à disposition des clients dans les hôtels du groupe APA, l’auteur et propriétaire du groupe hôtelier dénonce un fait fabriqué de toutes pièces par la Chine pour blâmer le Japon, mais il revient également sur l’existence des femmes de réconfort, des esclaves sexuelles, en niant totalement ce fait. Des idées proches du lobby révisionniste japonais, le Nippon Kaigi. Le groupe hôtelier APA a déjà répondu aux critiques par un communiqué dans lequel il affirme ne pas retirer ces livres controversés. Du côté de la Chine, plusieurs agences de voyages ont déjà retiré toutes leurs réservations avec les hôtels de la chaîne jusqu’à ce que ces livres soient retirés.
Rappelons que les touristes chinois constituent une grande source de revenus pour l’économie du Japon, avec une grande hausse de fréquentation, puisque selon Bloomberg, le pays aurait accueilli en 2016, plus de 6 millions de touristes chinois. Selon les Echos, la chaîne hôtelière n’a pas constaté de baisse de fréquentation à ce jour, et ce malgré la médiatisation de ces livres, mais soulignons ici que les faits ont été publiés dans la presse depuis une semaine seulement. Quant au gouvernement japonais, il a fait savoir par la voix du Secrétaire général du Cabinet, Yoshihide SUGA, qu’il ne fallait pas s’attarder sur le passé mais se concentrer sur l’avenir.
Sources : Le Monde, Asahi Shimbun, Les Echos, UNESCO, Bloomberg.
Photo : Mémorial du Massacre de Nankin, site officiel.