L’ARTISANAT s’allie au DESIGN et s’expose à Paris

L’exposition « Arts de vivre par-delà le temps et l’espace » réunissant artisans japonais et designers européens se tiendra jusqu’au 4 février 2017 à l’Atelier Blancs Manteaux.

Ce n’est pas un secret, déjà au regard de la multiplication d’évènements autour de l’artisanat japonais ici même en France sous l’impulsion notamment du Ministère de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie du Japon (METI), il y a de moins en moins d’artisans et la situation semble de plus en plus difficile pour ce secteur. Pourtant, durant longtemps –des siècles et des siècles, l’artisanat faisait partie intégrante du quotidien des Japonais. Mais il semble que si la Restauration de Meiji en 1867 a bien ouvert la porte de la modernité au Japon, cette nouvelle ère signifiait également le déclin de l’artisanat japonais, les Japonais préférant acheter et utiliser de plus en plus d’objets industriels au fil du temps, notamment car ils coûtent bien moins chers. En effet, avec l’industrialisation du Japon, les produits artisanaux représentent un coût important comparé aux objets industriels mais ce déclin s’explique aussi parce que les artisans ne parviennent pas à créer des objets dans l’air du temps.

 

Papier washi SUGIHARA WASHIPAPER Inc. présenté dans l’espace matériauthèque ©Japan FM 2017

 

C’est la raison pour laquelle le METI a participé à la création de l’association Densan dès 1975 pour aider à la sauvegarde d’un savoir-faire historique. Si vous pouvez toujours voir des objets Densan à la Maison Wa, ce sont d’autres créations Densan que vous pouviez retrouver seulement jusqu’au 25 janvier 2017 dans un espace matériauthèque de l’Atelier Blancs Manteaux. Cet espace, destiné pourtant aux professionnels, présente différents matériaux, comme son nom l’indique, pour la décoration intérieure comme du papier washi SUGIHARA WASHIPAPER Inc., qui a participé à la décoration intérieure de l’Hôtel de ville de Lyon, ou encore des tissus de SANSAI Co. Ltd. Si le nom de cette société ne vous dit rien, celui de son propriétaire vous évoquera peut-être quelque chose car il s’agit de Jotaro SAITO, créateur de kimono très connu au Japon. Un savoir-faire transmis de par son père, et dont le père était, lui, spécialisé dans la teinture. Ainsi outre la création des tissus pour kimono, Jotaro SAITO, à travers SANSAI, réalise également des tissus plus épais mais toujours de très grande qualité destinés à la décoration intérieure.

 

Couverts MARUNAO, espace MORE THAN FUJOYAMA, SUSHI, SAMURAI, GEISHA PROJECT ©Japan FM 2017

 

Gros plan sur un 360° BOOK Cityscape représentant le Mont Fuji ©Japan FM 2017

 

Un autre espace, qui sera ouvert jusqu’au 28 janvier 2017, regroupe différents artisans sous le nom « MORE THAN [FUJIYAMA, SUSHI, SAMURAI, GEISHA] PROJECT » dont les produits sont en vente lors de cette exposition. Il s’agit alors de présenter différentes facettes du Japon, en dehors de celles connues ici, tout en essayant de se développer sur le marché français. Ainsi vous pouviez y voir des couverts en bois, dont de sublimes couteaux gravés tels des katana, de sublimes livres à 360° représentant par exemple le Mont Fuji, ou encore du bois de cyprès hiba d’Aomori réputés pour leurs différentes propriétés désodorisantes, relaxantes, repoussant les insectes mais aussi antibactérien !

 

 

Takeshi NISHIMURA, artisan de yuzen-chokoku, avait un mini atelier de démonstration lors du vernissage et y montrait les utilisations alternatives de son savoir-faire. Ici employé pour réaliser un fourreau pour tablette tactile. ©Japan FM 2017

 

Enfin, un espace est consacré jusqu’au 4 février à « Kyoto Contemporary & Neo Densan », proposant des objets issus de l’alliance entre l’artisanat de Kyoto et des jeunes designers européens et notamment français ! Au vu des créations nées de cette collaboration et présentées lors de cette exposition, il semble que ce soit une solution pour faire perdurer l’artisanat japonais. Un de ces artisans était présent lors du vernissage, Takeshi NISHIMURA, artisan de yuzen-chokoku. Il s’agit de sculpter sur le papier, et originellement ces pochoirs sont utilisés pour la teinture sur kimono. Takeshi NISHIMURA est artisan depuis 45 ans, un savoir-faire existant depuis l’ère Kamakura (entre le XII et XIVème siècle) transmis  par son père, et regrette de voir son métier disparaître progressivement, les kimono étant de moins en moins portés et semble ne pas avoir de successeur. Alors qu’il pourrait être à la retraite, Takeshi NISHIMURA n’a pas hésité à venir jusqu’en France pour présenter sa manière de travailler. Et pour sauvegarder et faire connaître son travail, en dehors du Japon, il n’a pas hésité non plus à accepter une collaboration avec Studio Monsieur, fondé par Manon LEBLANC et Romain DIROUX, et qui a reçu le Grand Prix de la Création de la ville de Paris en 2015 ! La marque Fuu est le résultat de cette collaboration : Takeshi NISHIMURA réalise les pochoirs sur papier, et ces derniers sont employés pour produire des sacs ou encore des pochettes pour votre smartphone. Outre ces accessoires, vous y trouverez des objets de céramique au design totalement contemporain mais aussi des châles réalisés selon la technique de teinture shibori,  une technique selon laquelle le tissu est tordu et noué avant d’être coloré, -une technique que vous connaîtrez peut-être plus communément sous le nom de tie and dye, et traditionnellement utilisée pour teindre les tissus de kimono !

 

 

« Arts de vivre par-delà le temps et l’espace » offre un aperçu sur les solutions proposées pour faire perdurer l’artisanat japonais grâce à de nombreuses collaborations internationales, nous avions déjà pu le constater il y a quelques mois avec la collaboration entre Arita Porcelain Lab et Guerlain, et grâce à une volonté de s’implanter sur des marchés extérieurs au Japon. Car là est l’enjeu de l’avenir de l’artisanat japonais, un métier dont il est difficile d’en vivre, et dont les productions avaient tendance à ne plus correspondre à la manière de vivre actuelle malgré une réputation d’excellence. Ces collaborations avec des designers européens sont donc une belle initiative pour que les métiers de l’artisanat aient une chance de survivre et pour se faire connaître à l’étranger. Mais dites-vous également que si les objets industrialisés sont peu chers, la qualité fera au final défaut assez rapidement à la différence d’un objet fait main de manière artisanale que d’ailleurs vous pourrez un jour transmettre à vos enfants ou à vos proches.

 

Détails de l’exposition ici.

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