C’était dans les news de La Matinale : Masahiro IMAMURA, ministre de la Reconstruction de la région du Tôhôku a dû démissionner aujourd’hui après des propos polémiques sur cette catastrophe heurtant la sensibilité de la population locale. Ce n’est pas sa première gaffe sur le sujet.
C’est ce mardi au cours d’un évènement rassemblant plusieurs législateurs affiliés au Parti Libéral Démocrate que Masahiro IMAMURA a fait une allocution dans laquelle il déclarait : « C’est bien que le séisme et le tsunami de 2011 aient frappé la région du Tôhôku et non les alentours de Tôkyô car les dégâts auraient été bien plus importants. ». Hélas, ces propos ne viennent pas d’un quelconque citoyen mais bien d’un politique et qui plus est du ministre en charge de la reconstruction du Tôhôku, un poste spécifique pour gérer l’après 11 mars 2011 ! Il n’en fallait pas plus pour que le Premier ministre désapprouve son ministre pour cette déclaration, incitant à sa démission. D’autant que ce n’est pas le premier propos polémique de Masahiro IMAMURA, puisqu’en début du mois, ce dernier s’était fait remarquer lors d’une conférence de presse au cours de laquelle il a eu une altercation verbale avec un journaliste. Celui-ci lui posait la question des aides gouvernementales aux évacués, et notamment les évacués volontaires –soit ceux qui sont partis bien que leur zone d’habitation n’était pas considérée comme dangereuse par le gouvernement– d’autant que le gouvernement a mis fin aux aides financières pour ces derniers fin mars. Ce à quoi le ministre lui a répondu que la décision de partir des évacués volontaires était de leur responsabilité et que le gouvernement n’avait pas à les aider, estimant alors que c’était de la responsabilité du département de Fukushima. Le journaliste, un freelance, essayant d’obtenir une réponse plus précise demande alors une « réponse plus responsable », mettant en colère le ministre qui lui demande de retirer ses propos, de s’en aller de la salle et de ne plus revenir dans ses conférences de presse. Ces propos avaient alors été médiatisés et en conséquence Masahiro IMAMURA s’était alors excusé auprès des journalistes pour avoir perdu le contrôle. A ce moment, le Premier ministre Shinzô ABE protège son ministre malgré la demande de l’opposition d’une démission pour ces propos outrageux sur les évacués volontaires. Le ministre de la Reconstruction justifiait ses propos devant la Chambre basse en s’excusant que ses propos aient donné une mauvaise impression, regrettant une mauvaise compréhension, sans revenir toutefois sur la décision gouvernementale de mettre fin aux aides financières. Mais le ministre a de nouveau dérapé ce mardi avec cette fois un propos manquant totalement de tact à l’égard des habitants du Tôhôku, non pas en réponse à des questions de journalistes mais dans un discours, donnant encore plus le sentiment que, pour lui, la vie des habitants de cette région ne vaut pas celle des tokyoïtes, immédiatement rapportés dans la presse. Les habitants de la région ont bien évidemment réagit en exprimant leur colère et leur indignation sur les réseaux sociaux et dans la presse japonaise. Afin de limiter l’impact négatif sur sa politique, et en raison des nombreuses polémiques actuellement dans son camp, cette fois le Premier ministre a été réactif, étant présent à cette réunion, en dénonçant quelques instants après dans son discours des propos extrêmement inadaptés heurtant les habitants de la région, évoquant même plus tard sa part de responsabilité : « En tant que Premier ministre, je porte la responsabilité de l’avoir nommé. Je m’excuse du fond du cœur auprès de la population pour ce résultat. ». C’est donc pour ces raisons que Masahiro IMAMURA, après s’être excusé pour ces propos, a volontairement donné sa démission, effective dès aujourd’hui, mais selon The Japan Times ce serait Shinzô ABE qui aurait viré l’intéressé, qui n’aurait pas eu conscience de la portée de ses propos, peu après cette réunion du parti bien qu’officiellement il laisse entendre le contraire.
Masahiro IMAMURA, qui avait été nommé à ce poste lors du dernier remaniement, en août 2016, a été aussitôt remplacé dans ses fonctions par Masayoshi YOSHINO. Le nouveau ministre de la Reconstruction devrait faire moins polémique que son prédécesseur puisqu’il est non seulement originaire du département de Fukushima, il a été un élu, et il semble qu’il connaît très bien le portefeuille ministériel qui l’attend, ayant présidé jusqu’ici la commission de la Chambre basse sur la reconstruction de la région du Tôhôku. Quant à l’ancien ministre, ses gaffes vont encore le poursuivre puisque l’opposition réclame également sa démission de la Diète.
Sources : The Japan Times, NHK World.
Photo : Le ministre de la Reconstruction Masahiro IMAMURA ©KYODO (source The Japan Times).