On découvre un polar noir et poisseux chez PIKA. Il n’en fallait pas plus pour que Tenshirock se jette dessus.
« Museum / Killing in the rain » est signé par Ryosuke TOMOE. Encore peu connu en France, Tomoe Sensei est présent depuis 2009 sur la scène manga. En effet, cette année là il a remporté un prix pour son premier manga « Girl and Killer » ce qui lui ouvre les portes de « Young Magazine » édité par la Kodansha. À partir de 2013, il publie dans le même magazine le titre « Museum / Killing in the rain » qui sera plus tard compilé dans une série de trois tomes et engendrera même une adaptation cinématographique. Il arrive enfin ce mois-ci via PIKA sur les étagères de nos librairies.
Décidément les seinen sont de grande qualité en ce moment. Museum nous plonge dans un polar glauque, c’est le genre d’histoire qui laisse un arrière-goût bien amer dans la bouche. Cela faisait longtemps que je n’avais gouté une pareille saveur.
Résumé: Le lieutenant Hisashi Sawamura et le sergent Nishino enquêtent sur une série de meurtres liés uniquement par la signature de l’assassin : un verdict écrit sur un simple bout de papier. En effet, le mode opératoire s’adapte aux « méfaits » dont les victimes se seraient rendues coupables. Le tueur serait-il une sorte de justicier ? Rien n’est moins sûr.
Le scénario prévu en trois volumes est très efficace car il suit un rythme fort permettant à l’histoire de gagner graduellement en intensité. Les révélations se font de manière progressive ce qui relance l’intérêt. La réflexion laisse petit à petit sa place à l’action ce qui fait ressentir ce que vit le personnage, à savoir que la situation lui échappe et que le danger se fait de plus en plus présent.
Les personnages sont bien rendus, le tueur n’est qu’une silhouette, une menace tout au long du premier tome ce qui est un choix intelligent de la part de l’auteur. Le héros, quant à lui, présente une dualité marquée, il est un bon enquêteur et excelle dans sa vie professionnelle mais il est lamentable dans sa vie personnelle. C’est d’un classicisme qui peut paraitre rebutant mais dans le contexte de l’histoire ça fonctionne.
Le dessin propose un trait plutôt sobre et réaliste avec un bon niveau de détails. La composition des planches et des cases sont clairement au service de l’histoire et de son rythme sans effet tape à l’œil. Le travail graphique renforce vraiment le côté immersif et l’ambiance du récit.
L’ambiance c’est le vrai point fort du récit. Il est difficile de passer à côté du parallèle entre la dégradation de la météo et celle de la situation des protagonistes. Ce symbolisme est le bienvenu même s’il n’est pas d’une originalité folle, il reste pertinent. Ce n’est pas qu’une référence à Gene KELLY si le manga porte comme sous-titre « killing in the rain » (tuons sous la pluie)
En conclusion, « Museum / Killing in the rain » ne présente pas une histoire révolutionnaire dans le genre mais son auteur y insuffle un tel niveau de maitrise de tous les aspects de son manga qu’il en devient passionnant. Attention néanmoins ce n’est clairement pas une lecture pour tous les publics. La violence graphique et psychologique y est parfois réellement dérangeante. A réserver à un public averti.
Titre : Museum – killing in the rain
Auteur : Ryôsuke Tomoe
Genre : Seinen
Editeur : Pika Edition
Date de sortie : 12 avril 2017
Public : +18
Où : Tous les points de vente habituels
Crédit Photo : MUSEUM © Ryosuke TOMOE / Kodansha Ltd.