Classement liberté de la presse RSF 2017 : le Japon ne bouge pas

Chaque année, Reporter Sans Frontières délivre un classement de la liberté de la presse par pays. Cette année encore le Japon est à la 72ème place, mais ce qui inquiète l’ONG c’est l’état général de la liberté de la presse.

Ce classement pour le Japon n’est pas une surprise car sans progression ni chute dans le classement de la liberté de la presse RSF depuis 2016. Si le Japon ne bouge pas cette année, rappelons que le pays n’a cessé de baisser dans ce classement depuis 2010, où il était à la 12ème place, et surtout depuis 2012 concordant avec le retour de Shinzô ABE au pouvoir, d’après l’analyse de RSF. Déjà en 2016, nous vous relayions l’analyse de l’organisme justifiant  cette 72ème place du Japon, qui s’explique par les différentes mesures gouvernementales visant à une forme de censure, voire d’auto-censure, empêchant la presse de  « servir pleinement l’intérêt général et à exercer son rôle de contre-pouvoir. » Ces critiques étaient également émises de la part d’un rapporteur spécial de l’ONU, David KAYES, car 2016 était une année singulière durant laquelle la ministre de la Communication et des Affaires internes avait menacé publiquement les médias de censure en cas de « critique trop faussées » à l’égard du Parti Libéral Démocrate. D’autant que précédemment, fin 2013, la Diète avait adopté la loi sur les secrets d’états qui participe à la chute du Japon dans le classement, elle aussi critiquée dans ce rapport de l’ONU, ayant des contours flous pouvant laisser la voie libre à des abus en matière de censure de l’information. En 2017, aucun progrès n’a été fait, puisque  RSF dénonce des pressions à l’égard des journalistes, quels qu’ils soient, voire des menaces sur les réseaux sociaux par des membres de groupes nationalistes à leur égard car ces journalistes osent poser des questions ou « aborde[nt] des sujets controversés » au gouvernement (NDLR : la loi sur les secrets d’état a pour objectif de contrôler, par l’état, les informations dites sensibles et de classer certains secrets d’états  en permettant d’infliger une peine de 10 ans à un lanceur d’alerte par exemple.) ! Si le Japon ne bouge pas dans ce classement 2017, il s’avère que le pays chute vis-à-vis des autres pays membres du G7, se retrouvant cette fois à la dernière place du classement de la liberté de la presse parmi ces derniers. En effet, si l’Italie était le dernier élève en 2016, il s’avère que le pays a progressé dans le classement, passant de la 77ème place à la 52ème en 2017. La France, quant à elle, fait figure de bonne élève en se positionnant à la 39ème place (contre la 45ème place en 2016) bien que RSF rappelle l’appartenance de médias à certains groupes et propriétaires qui peuvent « oublier » l’indépendance de la presseraison de l’adoption fin 2016 d’une loi sur l’indépendance des médias et c’est ce qui permet à la France de remonter dans ce classement comme le mentionne ce rapport– causant une certaine défiance de la population et de personnalités politiques comme nous pouvons le constater actuellement lors de ces élections présidentielles. Enfin concernant le classement RSF  qui concerne 180 pays, la Finlande perd 2 places et n’est donc plus le meilleur élève de ce classement puisque cette année c’est la Norvège qui prend cette place. Sans grosse surprise, la Corée du Nord est le dernier (179ème en 2016) –bien que depuis 2007 cette place était occupée par l’Erythrée.

 

Si les inquiétudes sur la liberté de la presse au Japon demeurent, il semble aussi qu’elles se répandent dans le monde entier. En effet, la presse assiste ces derniers temps à une décrédibilisation par le pouvoir et donc une défiance d’une partie de la population notamment dans les pays démocratiques alors que jusqu’ici le contrôle de l’information était l’apanage des pays où justement la démocratie n’est pas. Nous pouvons le constater dans le traitement réservé à la presse depuis plusieurs mois aux Etats-Unis (43ème soit -2 places), ou encore en Turquie (155ème place, -4 places). Et si en Europe, la presse se porte encore bien, ou du moins mieux qu’ailleurs, RSF indique une forte dégradation de la liberté de la presse soulignant un état alarmant dans le monde entier : « Jamais la liberté de la presse n’a été aussi menacée. ».

 

 

Sources : Rapport disponible sur Reporters Sans Frontières, Asahi Shimbun.

Visuel : Carte du classement de la liberté de la presse 2017 ©Reporters Sans Frontières

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