La presse annonçait il y a quelques jours les fiançailles futures de la princesse Mako, ce qui lui fera perdre son statut impérial après son mariage. Alors que la question de l’abdication de l’empereur Akihito est étudiée, les fiançailles de la Princesse sont la cause d’un débat sur l’avenir de la famille impériale, qui semble avoir été entendu par le gouvernement.
La princesse Mako d’AKISHINO, fille ainée du prince Fumihito, annonçait ses fiançailles à la mi-mai avec Kei KOMURO, un ami étudiant que la Princesse a rencontré à l’université. Le futur fiancé étant un roturier et les règles de la Maison Impériale définies par la Constitution de 1947 font que non seulement une femme de la Maison Impériale ne peut accéder au trône (bien que par le passé le Japon ait déjà eu plusieurs Impératrices régnantes), mais aussi qu’une descendante impériale, en se mariant, perd son statut, à moins d’épouser un membre de la famille impériale. Ce qui signifie que conformément aux règles actuelles la princesse Mako deviendra « une citoyenne comme une autre » après son mariage et ne pourra plus être appelée Son Altesse Impériale la Princesse Mako mais Mako KOMURO, tout comme la fille de l’empereur Akihito et de l’impératrice Michiko est dorénavant appelée tout simplement Sayako KURODA depuis son mariage en 2005. Si l’annonce du mariage est une bonne nouvelle, c’est un peu plus compliqué pour la famille impériale qui perd alors un nouveau représentant officiel. Est-ce ce qui a poussé le gouvernement à faire des concessions dans le texte prévu pour l’abdication de l’Empereur et y ajouter la possibilité pour les femmes de la famille impériale de toujours faire partie de la Maison Impériale, et ce, même en épousant un roturier ? En effet, un ajout au texte de loi approuvé par le Cabinet il y a plusieurs jours destiné au cas de l’Empereur a été proposé ce 29 mai par les parlementaires. Cet ajout indique que même en épousant un civil, une princesse impériale pourrait être à la tête de sa propre Maison, ce que les princes cadets de la famille impériale peuvent actuellement faire, à l’instar du prince Fumihito à la tête de la Maison d’Akishino !
Cette idée est une proposition initiée par un parlementaire affilié au Parti Démocrate, demandant au gouvernement d’étudier la possibilité qu’une princesse impériale puisse fonder sa propre branche impériale. Ce qui permettrait par exemple, si la loi est acceptée à la Diète, à la princesse Mako de continuer à représenter la famille impériale lors d’évènements officiels, une proposition de loi qui est très contestée par le Nippon Kaigi selon le Mainichi Shimbun. Toutefois l’idée d’un changement des règles impériales n’est pas nouvelle puisque déjà en 2004, le Premier ministre d’alors Jun’ichirô KOIZUMI envisageait de nouvelles règles impériales et avait réuni un « Conseil des Sages en charge du code de la Maison Impériale ». Mais c’était alors un autre contexte puisqu’il n’y avait à cette époque aucun descendant mâle ni chez le prince héritier Naruhito, ni chez le prince Fumihito. Ce conseil avait alors suggéré la possibilité d’une succession de manière égale par un prince héritier ou par une princesse héritière, alors que le Premier ministre préconisait plutôt un retour d’un système d’adoption d’un enfant mâle faisant partie d’une des branches impériales, aboli par la Constitution. Jusqu’à la naissance du prince Hisahito, fils du prince Fumihito, le 6 septembre 2006, incitant alors le gouvernement à faire marche arrière ! Pourtant le prince Hisahito est le seul petit-fils de l’empereur Akihito. C’est la raison pour laquelle le gouvernement est prêt aujourd’hui à faire cette concession concernant les princesses alors même que cette idée divise au sein du parti majoritaire, inquiet que dans l’avenir il n’y ait plus de descendant mâle mais notons que l’idée de voir une femme accéder au trône impérial semble totalement abandonnée. Cependant, la princesse Mako pourrait-elle bénéficier de ce nouveau texte s’il était approuvé, étant donné que le gouvernement semble vouloir appliquer la nouvelle loi que lorsqu’elle sera promulguée –soit le jour de l’abdication de l’Empereur ? Si les dates des fiançailles et du mariage n’ont pas encore été divulguées officiellement, NHK annonce un mariage pour 2018.
Le texte de loi qui est depuis entre les mains de la Diète permettrait à l’Empereur d’abdiquer, conformément à ce qu’il laissait entendre lors d’une rare intervention télévisée adressée au peuple japonais. Selon la presse nippone, si la loi est approuvée, le gouvernement japonais envisagerait d’annoncer l’abdication de l’Empereur et donner le nom de la nouvelle ère à suivre dès l’été 2018, afin de laisser quelques mois au peuple japonais pour se préparer à l’accession au trône du Prince héritier, qui semble pour le moment toujours le début de l’année 2019. Ainsi la nouvelle ère débuterait dès le 1er janvier 2019. Mais il s’agirait alors d’une loi spécifique pour l’empereur Akihito afin d’empêcher ses successeurs de suivre cette voie dans le futur, soit le Prince héritier pourrait ne pas avoir les mêmes faveurs si un jour il décidait à son tour d’abdiquer.
Sources : Mainichi Shimbun, Asahi Shimbun, Agence de la Maison impériale, « Rapport d’information présenté à la suite de la mission effectuée au Japon du 1er au 7 février 2007 » par la délégation du Groupe d’amitié France-Japon.
Photo : Portrait de la famille impériale d’Akishino en 2011, la princesse Mako se trouvant à gauche de cette photo via the Japan Times ©AP