En ce jour, deux femmes politiques ont annoncé leur démission. L’une est la Ministre de la Défense controversée Tomomi INADA, la seconde est la chef du Parti Démocrate Renhô.
Une démission poussée par trop de polémiques :
Alors que le Premier ministre japonais doit annoncer la composition de son nouveau gouvernement la semaine prochaine, et alors qu’il soutenait envers et contre toute opposition sa protégée, Tomomi INADA, actuelle ministre de la Défense a annoncé son intention de démissionner. Les rumeurs rapportées par la presse évoquaient déjà depuis le début de la matinée qu’un de ses prédécesseurs à ce poste pourraient remplacer l’actuelle ministre, et notamment un nom circulait, celui de Itsunori ONODERA (en poste de 2012 à 2014). Puis il y a quelques heures, Tomomi INADA a déclaré son intention de démissionner en raison des scandales qui la concernent. Bien qu’elle ait toujours nié être au courant, la ministre est accusée d’avoir approuvé la dissimulation de rapports d’activité des Forces Japonaises d’Auto-Défense lorsqu’ils étaient en mission au Soudan du Sud. En effet, il y a plusieurs mois, elle avait déclaré que ces rapports avaient été supprimés avant que ne soient trouvé des copies numériques de ces rapports, qui faisaient mention d’une dégradation de la situation au Soudan du Sud où se trouvaient les Forces Japonaises d’Auto-Défense depuis 2012, faisant suspecter une volonté de taire ces informations. Rappelons alors que les FJAD ne sont pas supposés intervenir en cas de conflit, surtout à l’étranger. Leurs missions ont été modifiées lorsqu’est entrée en vigueur en novembre 2016 une nouvelle loi permettant aux FJAD à faire usage de leurs armes pour défendre une mission de paix de l’ONU ou d’ONG, y compris à l’étranger (jusqu’alors, les FJAD ne pouvaient sortir leurs armes uniquement pour se défendre en cas d’attaque). Au-delà de cette affaire, Tomomi INADA a fait polémique pour avoir omis des détails d’importance, ou pour avoir utilisé sa position et avoir parlé au nom des FJAD en pleine campagne électorale. Sans oublier, que le Premier ministre est lui-même touché par différentes affaires et que sa côte de popularité est en chute libre. Selon NHK, la ministre devrait donner sa démission ce vendredi. Tomomi INADA avait été nommée ministre lors du dernier remaniement gouvernemental le 3 août 2016.
Une démission pour ne pas avoir su convaincre :
La deuxième femme à démissionner ce même jour n’est pas au gouvernement mais elle est la chef du principal parti d’opposition, Renhô MURATA appelée tout simplement Renhô. Cette décision intervient après les résultats des élections de l’assemblée métropolitaine de Tôkyô (point n°2) où bien que le Parti Libéral Démocrate n’ait pas remporté l’élection, le Parti Démocrate n’a pas su se saisir de la perte de popularité de son rival. C’est en effet Yuriko KOIKE, ex-PLD, à la tête de son nouveau parti Tomin First no Kai, qui a su convaincre les électeurs, le Parti Démocrate n’ayant remporté que 5 sièges sur les 127. Si la démission de Tomomi INADA avait été attendue depuis plusieurs mois, celle de Renhô est soudaine. En effet, suite aux élections de Tôkyô, le parti d’opposition avait déjà perdu Yoshihiko NODA, ex-Premier ministre (2011-2012) et Secrétaire général du Parti Démocrate, qui a décidé de prendre la responsabilité de cet échec électoral en démissionnant il y a deux jours. Après cette démission, Renhô espérait pouvoir remanier le parti mais un grand nombre de démocrates estimaient qu’elle devait également partir. Il semble alors que Renhô n’ait pas été en mesure de rassembler sous sa présidence, peinant à convaincre même au sein de son camp et c’est pour ces raisons qu’elle a annoncé aujourd’hui qu’elle quitte ses fonctions. Renhô avait été élue en septembre dernier et avait été la première femme à la tête d’un parti politique. Mais sa nomination avait été polémique, non pas parce qu’elle est une femme mais parce que Renhô, 49 ans, est métisse, une hâfu, qui plus est avait été accusée d’avoir conservé sa double nationalité taiwanaise et japonaise. Pourtant il y a quelques jours, la chef de l’opposition avait décidé de divulguer une partie de son registre familial, le koseki, pour mettre fin aux critiques et prouver qu’elle n’avait désormais qu’une seule nationalité, japonaise. Mais c’était un geste qui a fait l’objet de critiques, notamment celles estimant que la femme politique était tombé dans le jeu de ses opposants et qu’à l’avenir son geste pouvait justifier de demander la même chose aux minorités. D’autant que le koseki indique que l’ancienne chef du Parti Démocrate avait fait le choix de sa nationalité après sa nomination, le 7 octobre, soit 30 ans après l’âge auquel les Japonais ayant la double nationalité doivent en choisir une. Suite à cette déclaration, Renhô n’a pas précisé si elle se représentera bien de nouveau aux élections législatives comme elle l’avait déclaré deux jours plus tôt.
Sources : NHK, The Japan Times, Asahi Shimbun, Challenges.
Photo : Montage réunissant Renhô Murata (via The Japan Times ©KYODO) et Tomomi Inada (via The Japan Times ©KYODO)