Que ce soit en papier peint, en carnet, en lampe ou encore en ruban adhésif, il existe tant d’utilisations possibles avec le papier washi ! Actuellement exposé à l’espace Densan, le washi était à l’honneur durant Paris Design Week et a su montrer ses facettes modernes . [Edit le 21/09/2017]
Le washi ou le papier traditionnel japonais est un artisanat existant depuis plus d’un millénaire, dont 3 sortes bien spécifiques sont inscrits depuis 2014 dans la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco. Si les techniques de fabrication n’ont pas réellement changé au cours de l’Histoire, ses applications, elles, ont bien évolué avec le temps, notamment au cours de ce dernier siècle. C’est donc l’art du washi qui est à l’honneur actuellement à l’espace Densan de Paris, jusqu’au 31 octobre, avec l’exposition de 3 ateliers : Sekichu Washi Kubota de Misumi Hamada, département de Shimane, Taniguchi Aoya Washi de la ville d’Aoya, département de Tottori et Ikazaki Shachu de la ville d’Uchiko, département d’Ehime.
[Précision du 21/09/2017] Parmi ces artisans, l’un se démarque plus particulièrement puisque le washi de Sekichu Washi Kubota fait partie de cette liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco. En effet, trois types de washi sont concernés par cette appelation et notamment ceux réalisés dans le quartier de Misumi-cho dans la ville de Hamada, Shimane, d’où est issu Sekichu Washi Kubota! D’ailleurs, la technique de fabrication du Sekichu-Banshi était déjà inscrite sur cette liste dès 2009 avant que la liste n’englobe également le savoir-faire du washi traditionnel issu de Mino, département de Gifu et celui d’Ogawa et de Higashi-chichibu, Saitama.
Mieux encore, cette exposition profite du Paris Design Week, évènement en marge du salon Maisons & Objets durant lequel les créateurs exposent leurs créations dans Paris, pour orner les vitrines de la boutique parisienne Y’S (de Yohji YAMAMOTO) jusqu’au 22 septembre !
Hiroyuki Saito, artisan et fondateur d’Ikazaki Shachu à côté d’une de ses créations de koyori-washi à l’espace Densan, qui orne aussi les vitrines de la boutique Y’S. ©2017 Japan FM.
Mais si en France, beaucoup connaissent le papier washi comme étant du papier plus résistant et plus qualitatif que du papier classique, il semble que les propriétés décoratives soient encore méconnues. Pourtant, il s’avère que le washi peut être utilisé dans nombreux domaines, et notamment la décoration intérieure comme le démontre l’exposition consacrée à l’espace Densan. C’est d’ailleurs aussi ce que nous ont expliqué les trois artisans représentant les ateliers présents à Paris, à l’occasion de démonstrations durant Paris Design Week.
So Kubota de Sekichu Washi Kubota en pleine démonstration de création d’un cahier en papier washi selon les techniques traditionnelles à l’espace Densan. ©2017 Japan FM.
Ainsi si l’utilisation du papier washi pour écrire demeure intemporelle, le représentant de Sekichu Washi Kubota racontait qu’autrefois, les Japonais utilisaient ce carnet pour tenir les comptes et qu’en cas d’incendie ils pouvaient jeter le carnet dans un puit et le récupérer sans que le contenu du carnet soit illisible, il s’avère que de nos jours, les artisans du washi ont su trouver de nouvelles façons d’employer le washi pour lui trouver de nouvelles places dans notre quotidien. Comment penser le washi moderne sans toucher à sa qualité? Chez Sekichu Washi Kubota, le traditionnel washi a été décliné en proposant du papier aux motifs intégrés, en relief.
Papier washi de Sekichu Washi Kubota, avec des motifs intégrés. Photo fournie par l’espace Densan.
Chez Taniguchi Aoya Washi, les artisans ont trouvé le moyen de créer des objets en plusieurs dimensions, comme cette lampe tridimensionnelle en photo ci-dessous. Si la technique de fabrication reste un secret, il s’avère que les artisans ont développé, après des années de recherche, le moyen de créer des objets demi-sphériques depuis 1990 avant de pouvoir réaliser des objets en washi sphériques à partir de 2001. Une prouesse intéressante pour les designers japonais comme étrangers au vu des créations en collaboration avec Toshiyuki KITA, avec les designers finlandais Klaus AALTO, Anna SALONEN et Saana SIPILÄ (série MORI) ou encore la création des lampes Kurage (méduse en japonais) avec le fabricant italien de luminaires Foscarina.
Présentation d’une lampe Aoya, série Natural, par Makoto Kanaguchi, artisan de Taniguchi Aoya Washi à l’espace Densan, 13 septembre 2017. ©2017 Japan FM.
Lampe Aoya design par Klaus Aalto, Anna Salonen and Saana Sipilä. Via Aalto + Aalto.
Lampe KURAGE, Foscarini & nendo. Via Foscarini.
Quant à Ikazaki Shachu, cet atelier s’est spécialisé dans la création de washi orné de dorures (du terme anglais « gilding ») mais aussi dans la réalisation de koyori-washi, une technique particulière. Cette dernière consiste durant l’étape de fabrication à tordre le washi pour en faire de fines ficelles et en ajoutant de la pâte de kôzo (feuilles de mûrier utilisées dans la création du washi), donnant un rendu final particulier. C’est ce type de washi qui décore les vitrines actuellement de la boutique Y’S. Autre innovation de la part d’Ikazaki Shachu, ce sont les washi ornés de feuilles de métal. Là, il s’agit d’une collaboration d’un maître-artisan franco-hongrois spécialisé dans l’application de feuilles de métal, Gabor ULVECZKI. Ce dernier a séjourné deux ans au Japon et a enseigné à Hiroyuki SAITO d’Ikazaki Shachu comment appliquer les feuilles de métal sur le washi. Résultat : du washi orné de motifs en feuilles de métal, employé comme papier peint ou encore en cartes postales par exemple.
Deux techniques utilisées chez Ikazaki Shachu : le gilding et le koyori washi. ©2017 Japan FM.
Du papier peint en washi orné par la technique de gilding, Ikazaki Shachu, exposé à l’espace Densan. ©2017 Japan FM.
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Photo : papier washi Ikazaki Shachu visible à l’espace Densan et la boutique Y’S. Via Espace Densan.