Ce 25 septembre, le Premier ministre a confirmé sa décision de dissoudre la Chambre des Représentants. Un pari risqué ? Critiqué par l’opposition, Shinzô ABE devra également faire face à un nouveau challenger : Yuriko KOIKE.
Faire approuver par la population des choix politiques :
C’est donc confirmé, il y aura des élections législatives anticipées, qui devraient se dérouler vers le 22 octobre prochain. Le Premier ministre japonais a en effet déclaré ce 25 septembre que la Chambre des Représentants sera dissoute dès ce jeudi 28 septembre au cours d’une session extraordinaire de la Diète. Il a alors donné les raisons de ces élections anticipées, indiquant la nécessité de chercher l’approbation de la population, évoquant une « crise nationale » au regard du vieillissement de la population et de la situation actuelle avec la Corée du Nord, mais aussi afin de poursuivre sa politique économique, les abenomics. Pour rappel, le gouvernement avait programmé une hausse de la TVA pour octobre 2019, de 8% à 10%, et le chef du gouvernement souhaite ainsi faire approuver les dépenses avec les recettes récoltées grâce à cette hausse. Mais loin d’utiliser ces revenus pour combler une dette très importante, actuellement équivalente à environ 200% du P.I.B., le Premier ministre envisagerait finalement d’employer près de la moitié des recettes dans l’éducation, dans la création de crèches et de garderies gratuites, et des programmes d’aides sociales.
Un choix peu approuvé par la population ?
Décision qui semble ne pas avoir été approuvée par les Japonais puisque le Mainichi Shimbun a réalisé un sondage le week-end dernier selon lequel 64,3% des sondés disent ne pas être d’accord avec la décision du Premier ministre. Toutefois, dans ce même sondage, il apparaît également que 27% d’entre eux voteraient pour le Parti Libéral Démocrate, tandis que le deuxième parti serait le Parti Démocrate, à seulement 8%. Signe de l’absence d’opposition crédible, 42,2% ne savent pas encore quel est leur choix. Si on ne peut se fier qu’aux sondages, ils en donnent néanmoins une tendance, ce qui semble surtout critiqué par les opposants politiques comme les sondés, c’est que le Premier ministre avait pourtant choisi de remanier son gouvernement il y a à peine deux mois, sans que les ministres aient pu faire leurs preuves. Et puis, les arguments du Premier ministre semblent surtout ne pas convaincre, étant considérés comme de fausses excuses et il est alors accusé de cacher les réelles motifs pour lesquelles il souhaite des élections anticipées. Enfin, Shinzô ABE n’a rien dit sur la révision de la Constitution au cours de cette conférence de presse, sujet qui lui est pourtant cher et un réel enjeu pour ces élections, et en conséquence il est critiqué sur cette absence de clarté. Le Premier ministre surferait-il donc bien sur l’absence d’opposition et sur la peur engendrée par le contexte géopolitique ?
Yuriko KOIKE, une challenger surprise :
Mais, un rival ou plutôt une rivale de choix pourrait changer la donne. Prenant par surprise, c’est également le 25 septembre, peu avant l’annonce du Premier ministre, que la gouverneure de Tôkyô, Yuriko KOIKE a annoncé la création de son parti politique : Kibo no To (le parti de l’espoir). L’ancienne, et éphémère, Ministre de la Défense de Shinzô ABE (du 4 juillet au 27 août 2007) sera donc une des opposantes au Président du PLD, et une des challengers au poste de Premier ministre. Elle pourrait être ainsi la première femme à ce poste si elle parvient à rassembler autour d’elle des personnalités politiques de poids et que son parti parvient à remporter la majorité. Une opposante sérieuse ? Peut-être car si Yuriko KOIKE était auparavant membre du PLD, elle s’en est éloignée se battant même contre son parti lors des élections au poste de gouverneur de Tôkyô en juillet 2016 lorsqu’elle a perdu leur soutien. Puis lors des dernières élections municipales, son parti local Tomin First no Kai a remporté largement les élections contre toute attente, faisant perdre pour la première fois la capitale au PLD. De plus, pour la création de ce nouveau parti national Kibo no To, la gouverneure de la métropole de Tôkyô a déjà su convaincre des politiques de différents bords, comme par exemple Goshi HOSONO, ancien Ministre de l’Environnement de Yoshihiko NODA et auparavant affilié au Parti Démocrate, mais aussi Kyoko NAKAMURA, affiliée, elle, au parti conservateur Kokoro et qui a déjà annoncé son intention de joindre le Kibo no To. A peine créé, le nouveau parti attire donc différentes personnalités politiques, y compris au sein du PLD comme le membre de la Chambre basse Mineyuki FUKUDA, et selon l’Asahi Simbun, d’autres départs du PLD seraient à prévoir. Mais si Yuriko KOIKE bénéficie actuellement d’une forte côte de popularité, et d’un soutien de taille, celui de l’ancien Premier ministre Jun’ichirô KOIZUMI, il apparaît aussi qu’elle est surtout connue pour ses actions en tant que gouverneur de Tôkyô et doit encore convaincre sur un plan national.
Shinzô ABE a déjà déclaré que qu’il quittait la tête du PLD s’il perdait les prochaines élections.
Voici la conférence de presse du Premier ministre le 25 septembre, uniquement en japonais (vidéo susceptible d’être mise à jour, si une version sous-titrée est disponible):
Sources : Mainichi Shimbun, Asahi Shimbun, Asian Nikkei, The Japan Times.
Photo : capture d’écran de la conférence de presse du Premier ministre Shinzô ABE le 25 septembre 2017. Via Facebook @sourikantei