COREE DU NORD : vers un dialogue ou une « guerre nucléaire » imminente ?

Tandis que le Japon se prépare aux élections anticipées, ce dimanche, et que la visite du Président des Etats-Unis est attendue en Asie pour novembre, la Corée du Nord a annoncé ce jour la possibilité d’une « guerre nucléaire prochaine ».

Un nouvel avertissement

Ce lundi 16 octobre, une commission sur le désarmement s’était tenue en présence de représentants des nations à l’ONU, dont le représentant de la République Populaire Démocratique de Corée (RPDC) auprès de l’ONU, KIM In Ryong. Ce dernier a profité de cette réunion afin de mettre en garde face un risque d’une « guerre nucléaire » imminente. Il y évoquait alors la menace américaine, donnant l’exemple de leurs exercices militaires « rappelant qu’en 1957, « les États-Unis ont déployé des armes atomiques en Corée du Sud », et que depuis les années 1970, « ils mènent des exercices militaires de grande ampleur incluant des armes nucléaires ». ». Il estime alors ces actions contraires aux principes mêmes de l’ONU et au Traité de non-prolifération du nucléaire argumentant que la quête du nucléaire et les essais effectués par Pyongyang n’étaient que « légitime défense » au regard des exercices militaires américains. Le représentant y affirme également que la Corée du Nord était dorénavant une puissance nucléaire. Mais il y indique également que seul les Etats-Unis sont les ennemis de la Corée du Nord et qu’il n’est pas question de viser tout autre pays « à condition que ce dernier ne participe pas aux opérations militaires engagées par les États-Unis contre la RPDC ». Ainsi, si l’on se fie à cette déclaration, le Japon, à la condition qu’elle ne s’engage pas sur la voie militaire sous prétexte de l’autodéfense, ou en évitant de participer à des exercices conjoints avec les Etats-Unis, ne risque pas d’attaque de la part de la Corée du Nord. A l’opposé donc des déclarations du Premier ministre ABE, qui se sert de la situation avec la Corée du Nord comme un des arguments majeurs pour provoquer des élections anticipées, qui se tiendront ce 22 octobre. Mais quand bien même il s’agirait là d’une manipulation électorale, comme le suggèrent ceux qui le critiquent, il semble que l’inquiétude des Japonais face à la crise diplomatique avec la Corée du Nord est bien présente puisque selon un sondage NHK dévoilé début septembre,  52% des personnes interrogées déclaraient être très inquiets quand seuls 2% affirment ne pas du tout l’être.

 

Une réponse au discours du Président des Etats-Unis à l’ONU ?

Le Président TRUMP sera au Japon du 5 au 7 novembre dans le cadre d’un déplacement officiel en Asie, du 3 au 14 novembre où il se rendra d’abord à Hawaii puis au Japon, aux Philippines, Corée du Sud, Chine et Vietnam pour discuter de façon bilatérale avec ces pays dans le contexte actuel avec la Corée du Nord mais devrait également participer aux sommets de l’ASEAN et de l’APEC. La question est donc de savoir si ce voyage présidentiel se déroulera sans incident, tandis qu’en ce jour suite à la déclaration nord-coréenne, le vice-secrétaire d’état américain John J. SULLIVAN, en voyage au Japon pour rencontrer son homologue japonais, a déclaré « nous n’excluons pas la possibilité de discussions directes, finalement ». Des paroles bien plus apaisées que celles du Président des Etats-Unis, qui avait déclaré à la tribune de l’ONU fin septembre que « si nous sommes forcés de nous défendre ou de défendre nos alliés, nous n’aurons d’autre choix que de détruire totalement la Corée du Nord. ». Or durant ce voyage, le Président TRUMP compte rendre visite aux familles des 17 citoyens japonais enlevés dans la fin des années 70 et début des années 80, dont les parents de Megumi YOKOTA, dont il avait fait référence lors de ce même discours à l’ONU : « nous savons qu’il a enlevé une jeune fille japonaise de 13 ans sur une plage dans son propre pays, pour l’asservir en tant que traductrice pour les espions de la Corée du Nord. », ce sujet étant une des principales sources de conflit entre le Japon et la Corée du Nord.  Si le discours de l’ONU est intervenu avant la déclaration du représentant auprès de l’ONU de la RPDC, doit-on s’attendre désormais à une nouvelle réponse belliqueuse de Donald TRUMP ?

 

La Russie s’invite comme intermédiaire pour résoudre la crise par le dialogue

D’un autre côté, le Président de la Fédération de Russie a fait un pas vers la Corée du Nord, selon un article datant de ce 17 octobre sur Nikkei Asian Review, afin d’éviter une isolation complète de Pyongyang et de privilégier la poursuite du dialogue, se posant ainsi en médiateur. Il y a deux jours, un discours du Président POUTINE semble anticiper cette intervention puisque lors du Festival mondial de la jeunesse et des étudiants de Sotchi, le Président russe « [prêchait] un monde sans conflits » tel que le titre Courrier International. Il semble y critiquer sans la nommer l’hégémonie américaine en y déclarant « personne ne détient de monopole lui permettant de promouvoir sa vision unilatérale du développement du monde. Le monde est divers et il faut respecter sa diversité » ajoutant également qu’il fallait « cesser de ne voir en l’autre qu’un adversaire, et même au niveau international s’en tenir à une position de partenaire ». Pourtant, et bien que le pays ait condamné l’essai nucléaire du 3 septembre 2017, la Russie n’envisageait pas de voter en faveur d’un durcissement des sanctions. C’est cependant bien ce que la Russie a fait le 11 septembre 2017, se joignant aux autres états membres. Toutefois, la Russie a émis une réserve, tout comme la Chine, déclarant que les sanctions, principalement d’ordre financières, du Conseil de sécurité de l’ONU « [avaient] montré leurs limites », et indiquant par là sa volonté de privilégier un dialogue. La Russie s’oppose ainsi aux Etats-Unis, qui prônent davantage de pressions par des sanctions. Et tout comme la Chine, la Russie critique le déploiement de ses systèmes anti-missiles américains, considérés comme un facteur aggravant empêchant toute résolution par le dialogue. Moscou  accueille par ailleurs dès ce jeudi la conférence de non-prolifération (du nucléaire) à laquelle participeront 200 experts de 40 pays dont la Corée du Nord et les Etats-Unis, et il se peut, toujours selon le Nikkei Asian Review, qu’un dialogue puisse y être initié entre ces deux nations au cours de ce rendez-vous. Rappelons ici que les élections présidentielles russes auront lieu en mars 2018 et que pour l’instant Vladimir POUTINE n’a pas déclaré son intention de se représenter.

 

 

Sources : Asahi Shimbun, site officiel de l’ONU, The Japan Times, Asian Nikkei Review, Courrier International.

Photo : Le 11 septembre 2017, le Conseil de sécurité de l’ONU impose de nouvelles sanctions à la République Populaire Démocratique de Corée, via site officiel de l’ONU ©ONU/ Mark Garten .

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