« Isle of Dogs », ou « L’île aux Chiens » pour le titre français, de Wes ANDERSON sortira dans nos salles françaises dès demain 11 avril, soit avant le Japon, dont le film reprend certains codes.
Vous vous demandez peut-être pourquoi nous vous parlons du dernier film d’un réalisateur américain et produit par des américains ? Si « Isle of Dogs », dont la prononciation peut vous faire entendre phonétiquement « I love dogs » (en français « j’aime les chiens »), est une déclaration d’amour pour nos fidèles compagnons à quatre pattes, le film cherche aussi à rendre hommage au Japon. Il suffit de voir l’affiche pour le constater – avec le titre et le casting écrit en alphabet latin et en japonais ! Un film d’animation en stop motion.
Extrait de l’affiche originale du film © 2018 Twentieth Century Fox Film Corporation
Résumé officiel : En raison d’une grippe canine, le maire de Megasaki ordonne la mise en quarantaine de tous les chiens de la ville, envoyée sur une île qui devient l’Île aux Chiens. Le jeune Atari, 12 ans, vole un avion et se rend sur l’ile pour rechercher son fidèle compagnon, Spots. Aidé par une bande de cinq chiens intrépides et attachants, il découvre une conspiration qui menace la ville.
Comme le synopsis l’indique, l’action se déroule dans un Japon imaginaire (ne cherchez donc pas la ville de Megasaki), mais retenez bien qu’il ne s’agit pas d’un film sur le Japon. Et c’est ce qu’il faut bien comprendre avant de voir « Isle of Dogs ». Comme l’explique Erica DORN, graphiste du film dans le communiqué de presse, « L’univers de L’Île aux Chiens est une sorte de réalité alternative. L’esthétique et l’ambiance évoquent le Japon, mais une version un peu onirique du Japon – la version de Wes Anderson. ». Pourtant, le réalisateur n’y est pas allé avec son seul regard sur le Japon. Pour l’écriture de « Isle of Dogs », il est accompagné de Jason SCHWARTZMAN, de Roman COPPOLA et de Kunichi NOMURA, qui double également la voix du Maire Kobayashi. Une écriture à 8 mains pour rendre ainsi hommage au cinéma japonais notamment celui d’Akira KUROSAWA.
extrait du film © 2018 Twentieth Century Fox Film Corporation.
Mais ce n’est pas tout puisque Wes ANDERSON rend également un hommage à la pop culture japonaise, comme aux mangas dont on repère certains codes dans le film. Par exemple à travers le personnage d’Atari, jeune héros de 12 ans qui va faire tout ce qui est possible pour retrouver son chien quitte à s’oublier lui-même, le réalisateur fait un rappel aux codes du shônen où les valeurs d’amitié, de dépassement de soi et de justice priment. L’estime du réalisateur pour le Japon apparaît aussi à travers les éléments soulignant encore plus que l’action se déroule au Japon et qui se trouvent dans le film: sumo, sushi, estampes, cerisiers ou encore taiko. Enfin, c’est à travers les décors que le Japon est célébré. D’ailleurs, au sein de l’équipe en charge du décor, se trouve un nom que nos lecteurs reconnaîtront puisqu’il s’agit de Camille MOULIN-DUPRE (« Le Voleur d’estampes » chez Glénat)! Il y a alors réalisé plusieurs panneaux, notamment dans le prologue.
extrait du film © 2018 Twentieth Century Fox Film Corporation.
L’avis de Yuuki K. :
Ne regardez donc pas « Isle of Dogs » comme un film sur le Japon mais plutôt comme celui d’un réalisateur gaikokujin (étranger, en français) fasciné par le Japon ayant rendu hommage à certains éléments de la culture japonaise ! Et si « Isle of Dogs » est visuellement très beau, le film raconte surtout une aventure humaine et canine et une lutte contre l’injustice contenant actions, drames et beaucoup d’humour et de tendresse. C’est donc un bon moment à passer en famille au cinéma, à, toutefois, ne peut-être pas conseiller aux enfants de moins de 10 ans pour une bonne compréhension du film.
extrait du film © 2018 Twentieth Century Fox Film Corporation.
Quant à choisir entre VF et VOST, sachez que « Isle of Dogs » a une particularité qui devrait ravir les étudiants en langue japonaise. Wes ANDERSON a fait le choix de ne pas faire traduire les dialogues humains, exception faite de certaines prises de paroles publiques aussitôt traduites. Ce qui signifie que lorsque les habitants de Megasaki parlent, le public, à moins de parler japonais, ne comprend pas ce qui se passe que le film soit en VOST ou en VF au même titre que les chiens ne comprennent pas les langages des humains ! Seuls les dialogues des chiens, personnages principaux du film, sont soit traduits soit sous-titrés. Ce qui est dommage cependant, mais production américaine oblige, le casting doublage est aussi principalement américain (avec certes des noms prestigieux comme Bryan CRANSTON, Bill MURRAY, Edward NORTON…) en dépit de quelques noms japonais pour les voix d’Atari, du Maire Kobayashi, l’assistante du Professeur Watanabe et de quelques personnages doublés par Koyu RANKIN, Ken WATANABE, Yoko ONO ou encore Yojiro NODA de RADWIMPS ! Les chiens, eux, bien qu’ils soient tous des chiens de Megasaki, parlent tous anglais (ou français en VF) et sont tous doublé par des comédiens de doublage américains. La question maintenant étant de savoir comment le Japon va accueillir cet hommage par Wes ANDERSON ? Réponse lors de sa sortie au cinéma au Japon le 25 mai.
Une partie des comédiens de doublage pour la version française et le compositeur de la musique du film Alexandre Desplat lors de l’avant-première à Paris du film. Wes Anderson et Kunichi Nomura se trouvent à droite de cette photo, autour de Léa Seydoux © 2018 Twentieth Century Fox Film Corporation.
Visuels : extrait du film © 2018 Twentieth Century Fox Film Corporation.