Cet été, jusqu’au 30 août retrouvez une nouvelle exposition de l’excellence de l’artisanat japonais à l’espace DENSAN. Focus cette saison sur la teinture shibori de Kyôto et la laque de Wajima à travers deux ateliers.
– Le Kyo-kanoko-shibori par KYOTO SHIBORI BIKYO
Après une première apparition au salon « Savoir, Tradition et Innovation Kyoto », Kiichi MATSUOKA est resté quelques jours de plus à Paris pour une présentation-démonstration à l’espace DENSAN. En effet, l’association organisait une exposition mettant à l’honneur deux savoir-faire cette saison, et l’artisan étant affilié à DENSAN, c’était donc l’occasion de découvrir de plus près ses techniques de teinture ou tie and dye ainsi que ses créations dans un cadre plus intimiste. Car Kiichi MATSUOKA est un artisan de 3ème génération du shibori selon une technique propre à la ville de Kyôto. Pourtant ce n’est pas que son unique talent ! Il est en effet principalement fabricant de kimono. KYOTO SHIBORI BIKYO est un atelier à l’origine fondé en 1937. C’est un atelier qui réalise des teintures sur tissu avec la technique du Kyo-kanoko-shibori. « Kyo » pour Kyôto, « Kanoko » qui signifie « faon » pour les tâches de cet animal ayant inspiré le nom de cette teinture, et « shibori » comme « teinture par nouage». Parmi ce type de teinture, il existe différentes catégories de motifs allant du hita shibori au kasamaki shibori.
Kiichi Matsuoka lors de la démonstration©2018 Japan FM
Le résultat de la démonstration©2018 Japan FM
Lors d’une démonstration, Kiichi MATSUOKA nous montre comment cette dernière technique est réalisée en nouant les zones de tissu à ne pas colorer avec un fil à coudre. Il trempe ensuite le tissu dans de l’eau avant de le baigner dans la teinture à 60 à 70°C. Une opération qui doit se réaliser rapidement, autrement la teinture finit par colorer la zone protégée ! Autre technique démontrée : l’itajime shibori, soit la teinture en protégeant des zones du tissu pliées en les serrant entre deux plaques. De cette manière, selon le pliage choisi, les motifs seront différents ! Pour continuer à employer cette technique, l’artisan s’est confronté à une problématique de taille. En effet, les plaques de bois permettant ce type de teinture étaient auparavant fabriquées par d’autres artisans. Ils sont de nos jours de moins en moins nombreux mais Kiichi MATSUOKA a trouvé une solution grâce à la technologie en faisant appel à un logiciel de conception 3D et une imprimante 3D ! Mieux encore, ces nouvelles plaques lui ont permis de créer de nouveaux motifs et de nouvelles textures.
Cette teinture peut également être réalisée sur du cuir ©2018 Japan FM
©2018 Japan FM
Kiichi MATSUOKA fait perpétuer ce savoir-faire en étant également créateur de mode, et afin de perpétuer cet artisanat, dont il y a de moins en moins d’artisans – plus que 50 d’après Kiichi MATSUOKA, en 2016 il fonde alors sa propre marque KIIZOMÉ associant techniques traditionnelles et design moderne.
– La laque de Wajima par WAJIMA NURI STUDIO RAKU
L’autre grand artisanat à l’honneur à l’espace DENSAN, c’est la laque de Wajima ou Wajimanuri ! Pour en parler au public et à la presse, Madame HIKIMOCHI, épouse du maître artisan et fondateur de l’atelier WAJIMA NURI STUDIO RAKU, était à l’espace DENSAN. Si on peut trouver l’existence de la laque au Japon il y a 12 600 ans, et que de nos jours l’urushi est utilisée dans tout le pays, c’est bien à Wajima, dans le département d’Ishikawa, que la laque est la plus réputée. En effet, la laque de Wajima est célèbre pour sa grande résistance, tout objet en laque de Wajima peut être réparé quelle que soit l’époque de fabrication, et le processus de réalisation nécessite 70 couches de laque !
Pour bénéficier de cette appellation de Wajimanuri, les objets doivent répondre à plusieurs critères : l’utilisation de noyaux de bois et d’un mélange de roches sédimentaires, jinoko, pour la base, lequel sera recouvert de tissu.
©2018 Japan FM
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C’est cela qui sera ensuite recouvert intégralement de laque en plusieurs couches. Pour se démarquer de tout autre atelier de laque, WAJIMA NURI STUDIO RAKU a développé une méthode originale d’application de laque à partir d’une technique ancienne : le Nerikanshitsu ou « laque modelée et séchée » qui permet de créer des formes qui résistent tout autant dans le temps. Ce n’est pas une technique nouvelle puisqu’elle est adaptée de l’art décoratif kanshitsu dont on trouve des traces au VIIIème siècle, en attestent des statues bouddhiques de l’époque comme par exemple la statue d’Asura ! Autre preuve que la tradition trouve parfaitement sa place de nos jours, l’atelier a également développé la ligne Kokemusu ou « mousse », qui consiste à appliquer différentes couches et couleurs de laque en créant du relief.
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La couche finale de laque est noire, ce qui donne au départ l’impression d’un objet sombre. Mais avec le temps, cette couche ultime devient transparente, révélant progressivement les couleurs comme si une mousse apparaissait. Une dernière innovation pour la vie quotidienne est la ligne LaQue, avec des objets combinant laque et cuivre.
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Qu’il s’agisse de l’urushi ou du shibori, les savoir-faire ont été préservés sans faire l’impasse avec la modernité. De cette manière, l’artisanat traditionnel s’intègre dans le monde moderne et peut parfaitement être utilisé dans notre quotidien, que ce soit au Japon ou à travers le monde.
Photo : Des gobelets de laque de la ligne LaQue par WAJIMA NURI STUDIO RAKU©2018 Japan FM.
Une réflexion sur “SHIBORI et WAJIMA NURI à l’espace DENSAN”