Tous les condamnés à mort de la secte AUM ont été exécutés

Ce matin, au Japon, les six condamnés à mort restant de la secte Aum ont été exécutés. Cette annonce intervient trois semaines après la pendaison de sept autres membres dont le leader surnommé Shôkô ASAHARA le 6 juillet dernier.

Le Japon en a désormais terminé avec la secte Aum Shinrikyô et notamment la terrible attaque au gaz sarin perpétrée le 20 mars 1995, du moins avec ceux qui avaient été condamnés à la peine capitale. Cette attaque dans le métro de Tôkyô n’était pas le seul crime de la secte et en tout, leurs méfaits avaient causé la mort de 29 personnes et fait plus de 6 500 blessés. Ce jeudi 26 juillet, les six derniers membres condamnés à mort ont été exécutés. De quoi mettre fin à cette affaire avant la fin de l’ère Heisei, durant laquelle ont eu lieu les crimes de la secte, et avant le début de l’intronisation du nouvel Empereur prévu le 1er mai 2019 et donc d’une nouvelle ère au Japon.

En temps normal, toute exécution doit être réalisée dans les six mois qui suivent la condamnation à mort par la Justice. C’est ce qui est inscrit dans la loi. Or la plupart des treize membres avaient été reçu confirmation de leur sentence par la Justice entre 2005 et 2009. Mais le dernier fugitif suspecté d’avoir participé à l’attaque du 20 mars 1995 n’avait été retrouvé qu’en 2012 et son ultime procès ne s’est conclu qu’en janvier 2018. Avec tous les suspects arrêtés et jugés, la ministre de la Justice Yoko KAMIKAWA pouvait donc enclencher l’exécution des condamnés, en conformité avec la loi japonaise, avec dès le mois de mars le transfert des prisonniers condamnés à mort indiquant une exécution prochaine.

 

Ces treize exécutions en l’espace de trois semaines relancent de nouveau le débat sur la peine de mort au Japon. D’autant qu’au pays du Soleil-Levant, les exécutions sont secrètes et ne sont révélées qu’une fois la peine appliquée, les condamnés à mort n’apprennent qu’une heure avant leur exécution à venir. Leurs familles, elles, découvrent l’information une fois la sentence appliquée, soit à la mort du condamné. Du côté des familles des victimes décédées lors des différentes attaques perpétrées par les membres de la secte Aum Shinrikyô, les réactions semblent mitigées en apprenant la nouvelle dans la presse. The Japan Times a ainsi interrogé plusieurs d’entre eux qui déclarent que malgré la mort des coupables “ cela ne fera pas revenir [leur] fils ”, certains ajoutant que ”la douleur [qu’ils éprouvent] ne s’en ira jamais.”.

Au-delà des victimes, c’est Amnesty International qui a publié un communiqués de presse dénonçant l’exécution de la peine capitale au Japon. Selon l’organisme, malgré des recommandations faites par d’autres pays en vue d’un examen devant les Nations Unies concernant les droits de l’Homme, le Japon est passée outre pour mettre en application la sentence. C’est ce qui est ainsi reproché, puisque pour Amnesty Internationalla peine capitale ne pourra jamais apporter la justice car il s’agit d’une négation absolue des droits humains.” . Lors de l’exécution de Chizu MATSUMOTO alias Shôkô ASAHARA, et de ses six complices, l’Union Européenne avait déjà dénoncé la peine de mort. L’ Ambassadeur de France au Japon, Laurent PIC, avait également réagi à travers un communiqué dans lequel il condamnait fermement les actes “odieux” et “effroyables” perpétrés par les membres de la secte mais ajoutait que la France “comme ses partenaires de l’Union Européenne, (…) n’en est pas moins opposée à la peine de mort et appelle à son abolition partout dans le monde.”. L’ Ambassadeur ajoute à sa déclaration, un lien vers le communiqué de la délégation de l’Union Européenne  au Japon dénonçant également la peine capitale. Nous pouvons y lire qu’elle s’oppose fermement à toute exécution car “cruelle et inhumaine” ajoutant que “toutes erreurs, inévitables dans tout système juridique, sont alors irréversibles.”. Rappelons ici la libération de Iwao HAKAMADA en 2014, alors qu’il avait passé 46 années en isolation dans le couloir de la mort. Clamant son innocence, il n’avait pourtant pas été écouté jusqu’en 2014 lorsqu’un tribunal lui accorde un nouveau procès à venir, doutant de sa culpabilité réelle (les aveux avaient été obtenus sous la torture et les preuves auraient été fasifiées).

Avant mars 2012, le Japon avait suspendu toute exécution de la peine capitale durant 20 mois. Depuis que Shinzô ABE est de retour au pouvoir en décembre 2012, 34 condamnés à mort ont été exécutés.

Sources: site de l’Ambassade de France au Japon, site de la Délégation de l’Union Européenne au Japon, The Japan Times, Asahi Shimbun, Amnesty International.

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