Il est connu pour être l’un des artiste japonais les plus renommés au monde, mais aussi pour être un artiste engagé. Ryûichi SAKAMOTO était un des premiers à agir contre le nucléaire après Fukushima. Aujourd’hui, il critique sévèrement le déplacement de la base militaire américaine de Futenma vers Henoko.
Le talentueux compositeur et musicien Ryûichi SAKAMOTO a certes une actualité musicale, un de ses titres apparaît dans une compilation de titres d’artistes japonais annoncé exclusivement en dehors du Japon pour février 2019, « Kankyô Ongaku : Japanese Ambient, Environmental & New Age Music 1980-1990 » – dont nous parlerons peut-être prochainement, mais c’est pour un tout autre sujet que l’artiste japonais fait parler de lui. Le quotidien japonais Asahi Shimbun a publié une interview de Ryûichi SAKAMOTO, dont un extrait a été traduit en anglais, dans lequel il évoque son combat contre la construction polémique de la base US militaire d’Henoko supposée accueillir, elle aussi, la controversée base de Futenma, au risque de perdre de sa popularité. Rappelons que les travaux de construction de la base d’Henoko ont repris en décembre, en dépit de l’opposition à ce projet. Le compositeur précise que s’il s’engage activement contre la base militaire, c’est récemment qu’il s’est positionné ainsi. S’il réside à New York depuis plusieurs années, Ryûichi SAKAMOTO n’a jamais cessé de s’engager pour son pays natal. Déjà, après la catastrophe de Fukushima en 2011, il s’était activement engagé contre le nucléaire, fondant en soutien un festival musical No Nukes. Malheureusement, le festival n’a connu que deux éditions (2012 et 2013) en raison des problèmes de santé que le musicien a dû affronter. Mais c’est avec ce combat que le musicien a pensé qu’énergie nucléaire et base militaire n’étaient pas des sujets si éloignés, se demandant alors « pourquoi ne se trouvent-ils pas à Tôkyô s’ils sont si importants » ? Ce qu’il reproche au gouvernement japonais c’est que ces bases soient construites justement en zones rurales, comme s’il fallait « éloigner ce qui sent mauvais ». Il poursuit : « D’un autre côté, la population qui désire préserver la nature ou protéger leurs terres ont le droit de résister » soulignant que parce que la société est désormais guidée par l’argent et la violence, ces voix ne sont pas écoutées, prenant en exemple Okinawa. Une île que Ryûichi SAKAMOTO a connu lycéen et dont il se rappelle avoir été attiré par les chants folkloriques. Tant et si bien qu’en 2015, il a composé une chanson pour les habitants d’Okinawa (avec Unagumi) et dont il a reversé l’intégralité des fonds à Henoko Funds, en soutien à l’opposition à la construction de la base. L’artiste va encore plus loin en émettant une critique à l’encontre « des personnes [qui] décident de rester silencieuses sur ce sujet par peur d’être critiqués » ajoutant juste après « mais il n’y a pas besoin d’avoir peur d’une bande d’internautes inconscients en imaginant qu’ils représentent l’opinion publique », demandant même à d’autres personnalités japonaises de « s’engager par devoir » ! Il critique également l’absence d’opposition réelle au gouvernement, prenant en exemple les Etats-Unis où il demeure, puisque Ryûichi SAKAMOTO estime que le Japon fait pareil que les Etats-Unis de Donald TRUMP, dans le traitement réservé à la presse et aux médias (accusés régulièrement par le président américain de fake news).
Et de camper sur ses positions lorsque Ryûichi SAKAMOTO affirme qu’il « continuera à dire ce qu’il veut dire » quelles qu’en soient les conséquences.
Source : Asahi Shimbun.
Photo : via site officiel Ryûichi Sakamoto