Pour la première fois de leur histoire, trois œuvres sacrées du temple Kôfuku-ji de Nara sont exposées en dehors du Japon ! C’est en France, au musée national des arts asiatiques-Guimet que ça se passe jusqu’au 18 mars 2019.
C’est l’exposition qui clôture Japonismes 2018 pour le musée national des arts asiatiques-Guimet, et non des moindres ! Le département de Nara prête exceptionnellement à la France deux Trésors Nationaux et un Bien culturel important, d’habitude gardés au temple Kôfuku-ji. Cela fait 4 ans que le projet est pensé, précise Sophie MAKARIOU, présidente de la MNAAG, mais c’est dans le cadre de Japonismes 2018 que cette exposition voit le jour. Un évènement puisqu’il s’agit de réunir dans la splendide rotonde de la bibliothèque du musée les Kongô Rikishi (ou Vajrapani)) Agyô et Ungyô, deux gardiens considérés comme des Trésors Nationaux et réalisés durant l’époque Kamakura (1185-1333), et le Jizô Bosatsu (ou Bodhisattva Ksitigarbha) datant de l’époque Heian (794-1185), un Bien culturel important du Japon. Trois œuvres sacrées exposées ensemble dans une pièce chargée d’histoire, dans un musée dédié aux œuvres bouddhiques d’Asie permettant une autre lecture de ces œuvres. Parviendrez-vous à sentir l’influence indienne voire gréco-romaine dans ces trois chefs-d’œuvre ?
Le visage du Jizô Bosatsu au Musée national des arts asiatiques-Guimet ©2019 Japan FM.
Vue sur le visage du Kongô Rikishi Agyô ©2019 Japan FM.
Vue sur le visage du Kongô Rikishi Ungyô ©2019 Japan FM.
Si le Jizô Bosatsu reflète la paix, la sérénité, les deux gardiens contrastent avec lui puisqu’ils sont au contraire très expressifs et aussi très athlétiques. L’un a la bouche ouverte (Agyô), l’autre a la bouche fermée (Ungyô), mais tous deux expriment une sévérité effrayante. Les sculptures rompent avec les oeuvres antérieures par un réalisme saisissant et un effet de mouvement. Ce dernier s’explique par le fait que ces gardiens sont réalisés en bois de cyprès (hinoki) en plusieurs tronçons qui s’emboîtent donnant cet effet de torsion ! Ces gardiens sont des sculptures d’un style nouveau, l’école Kei, qui émerge dès la fin de l’époque Heian et dont des documents attribuaient le mérite à Jôkei. Cependant les spécialistes réfutent cette thèse en attribuant plutôt ces deux œuvres au sculpteur Unkei, figure centrale de l’école Kei et maître sculpteur à cette époque de plusieurs œuvres pour le temple Kôfuku-ji.
N’hésitez pas à tourner autour des œuvres pour observer en détail le réalisme des Kongô Rikishi. ©2019 Japan FM.
En temps normal, les intéressés peuvent observer ces trésors au temple Kôfuku-ji à Nara , à l’exception du Jizô Bosatsu qui est précieusement conservé dans la salle Karokôdô et qui n’est pas accessible au public. En revanche, les visiteurs peuvent voir les deux Kongô Rikishi dans le musée du trésor national du temple. C’est donc une occasion unique que de contempler ces trois œuvres réunies à Paris dans une même pièce, les deux gardiens veillant sur le Jizô Bosatsu dans ce lieu qui leur est inconnu. Sachez que si ces œuvres sacrées du temple Kôfuku-ji sont pour la première fois en France grâce à Japonismes, d’autres œuvres sacrées de Nara seront présentées en Europe, à Londres au British Museum cet automne. Après tout, le département de Nara est le berceau du Japon et abrite de nombreuses statues bouddhiques à travers ses nombreux temples dont 74 statues sont considérées comme des Trésors Nationaux sur les 136 recensés dans tout le Japon. Les visiteurs pourront alors découvrir de l’autre côté de la Manche des statues et des masques prêtés par les temples Horyû-ji ou encore du sanctuaire Kasuga Taisha, dont Nara avait exceptionnellement fait découvrir au public français le On matsuri, également pour Japonismes 2018 !
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Photo : ©2019 Japan FM.