Kosuke OKAHARA expose « Ibasyo » à KYOTOGRAPHIE

« Ibasyo ga nai » soit « Je n’ai pas ma place ». Cette phrase prononcée par l’un de ses sujets devient le titre de cette série de photographies exposée pour la 1ère fois au Japon pour le festival Kyotographie. A voir jusqu’au 12 mai 2019 à Kyôto (mais attention aux âmes sensibles).

Kosuke OKAHARA était venu en France, faisant un passage dans nos studios pour nous parler de la série photographique consacrée aux habitants d’Okinawa, « Rhapsody in the dark ». Nous en avions alors profité pour en savoir un peu plus sur une autre série de photographies « Ibasyo ». Ce projet de photographies documentaires suivait six jeunes femmes qui s’auto-mutilaient pour des raisons différentes que ce soit le harcèlement, le viol ou encore les pertes d’emploi des parents et les difficultés qui en résultent. Kosuke OKAHARA les avait suivies durant huit années, parfois durant le geste qui pouvait leur être fatal, d’autres fois appelant les ambulances et accompagnant l’une des jeunes femmes, toujours muni de son appareil photo. Il avait ensuite réalisé un album dédié à chacune de ces jeunes femmes, avec les photos, des textes et des pages blanches. Envoyés ensuite à travers le monde, chacun pouvait noter un message à l’attention d’une de ces jeunes femmes. Lors de notre interview le projet était sur le point de s’achever, les livres, sauf deux qui manquent toujours à l’appel, étant retournés à son créateur. C’était il y a un peu plus de deux ans.

 

A l’occasion d’un passage à Kyôto, nous découvrons que Kosuke OKAHARA expose « Ibasyo – Self-injury / Proof of existence » pour le renommé festival international de photographies Kyotographie ! C’est alors la première fois que le projet est monté en exposition photographique au Japon et c’est Shunsuke KIMURA qui a organisé la mise en scène. Vous entrez dans une première petite pièce sombre dans laquelle sont affichées de nombreuses photos d’une première femme. Puis, vous en sortez avant d’entrer dans une nouvelle pièce. Cinq pièces sont à découvrir, mais à chaque fois que vous en sortez, vous avez une impression de confusion. Non seulement en raison du sujet photographique, mais aussi car cette impression de perte de repère est volontaire de la part de Shunsuke KIMURA, en accord avec la volonté de Kosuke OKAHARA. Peut-être pour tenter de mettre le spectateur dans ce sentiment de « Ibasyo ga nai » ?

 

Vue sur l’exposition à Kyotographie ©2019 Japan FM.

 

Nous avons retrouvé Kosuke OKAHARA sur place qui nous explique que seules cinq femmes ont été exposées. Il n’a en effet malheureusement pas eu de nouvelles de la dernière jeune femme qu’il avait suivie. N’est-elle plus de ce monde ? A-t-elle préféré oublier ce lourd passé ? Il n’en sait pas plus. Il faut dire qu’avec le projet « Ibasyo » qui est désormais publié en livre au Japon, 15 ans après avoir accepté d’être photographiées, les cinq jeunes femmes ont accepté d’être exposées publiquement. Ce qui signifie  tout d’abord que ces cinq femmes vont bien désormais, mais cela veut dire également qu’elles acceptent de se confronter au regard des autres, à la honte voire au harcèlement pour avoir exposé leur mal-être. Cependant elles souhaitent surmonter cette culture japonaise qui consiste à taire, à cacher son embarras, pour tenter d’aider d’autres jeunes femmes qui se retrouveraient aujourd’hui dans leur situation passée. Pour Kosuke OKAHARA, le livre comme l’exposition permettent de montrer cette facette sombre de la société contemporaine japonaise qui tend à cacher ses problèmes plutôt que de les affronter. Et pourquoi pas faire prendre conscience à celles et ceux qui voient ces photos qu’il faut changer les choses ?

 

Magnum Live Lab par Kosuke Okahara ©2019 Japan FM.

 

Si « Ibasyo – Self-harm / Proof of existence » est la principale exposition du photographe, ce n’est pas la seule. Avec le deuxième photographe présenté, Paolo PELLEGRIN, il a contribué à un workshop sur Kyôto via le Magnum Live Lab. Kosuke OKAHARA s’est alors intéressé à un dortoir pour étudiants de l’Université de Kyôto, le Yoshidaryo. Bâtiment délabré depuis des décennies, il est supposé être complètement illégal depuis plusieurs mois. Pourtant, les étudiants sont toujours très nombreux encore à vivre dedans en raison d’un loyer plus qu’attractif (30 000 yens annuels environ charges comprises), refusant que ce logement soit rasé pour être reconstruit aux normes.

 

« Ibasyo », le livre par Kosuke Okahara est en vente à la galerie Horikawa Oike pour 3 000 yens.

«Ibasyo – Self-harming / Proof of existence » de Kosuke Okahara ; « Antartica » de Paolo Peelgrin, et Magnum Live Lab à la galerie Horikawa Oike jusqu’au 12 mai 2019.

Programme de Kyotographie à découvrir jusqu’au 12 mai 2019 sur ce lien.

 

 

Photo : Un des six exemplaires d’origine de l’album « Ibasyo » ©2019 Japan FM.

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