Après plusieurs bourdes commises par des membres du parti, dont certains ont dû démissionner récemment, le Parti Libéral Démocrate (ou Jimintô) a décidé de distribuer un manuel anti-gaffes à l’attention de ses membres.
A quelques mois des prochaines élections, celles pour renouveler la moitié de la Chambre des conseillers cet été, le Parti Libéral Démocrate réagit aux nombreuses bourdes commises par plusieurs membres du parti en annonçant la création d’un code de bonne conduite. Il faut dire que certains d’entre eux sont des habitués des gaffes, très médiatisées et critiquées ensuite. Parmi les gaffeurs, citons le cas de Taro ASO, Vice-premier ministre et ministre des Finances, qui avait récemment dû rétracter ses propos après avoir reproché aux couples n’ayant pas d’enfant la baisse de natalité. C’est loin d’être la seule gaffe du ministre, habitué à dire des propos sexistes. Et par le passé, en 2013, il avait osé déclarer que le Japon devrait s’inspirer de l’Allemagne nazie pour réformer la Constitution. Ce n’était pas la première fois qu’il a fait l’objet de polémiques avec ce genre de comparaison. Il n’y a pas qu’au sein des ministères que les langues fourchent. Mio SUGITA, élue PLD à la Chambre des représentants, est l’objet de nombreuses controverses. En 2018, elle avait réagi au sujet de Shiori ITO, en commentant le documentaire de la BBC « Japan’s Secret Shame », et déclarant que la journaliste avait sa part de responsabilité si elle avait été violée, car « elle avait trop bu devant un homme ». La même année, en août, Mio SUGITA reçoit un « avertissement » du parti lui demandant de s’instruire sur la cause LGBT car un mois auparavant, elle affirmait dans un article publié dans un magazine mensuel : « Ces hommes et ces femmes ne se reproduisent pas. En d’autres termes, ils sont « improductifs ». Je me demande s’il est approprié d’utiliser l’argent des contribuables pour eux. ». Si Mio SUGITA fait toujours partie de la Diète, en dépit de manifestation appelant à sa démission, et que Taro ASO demeure toujours au gouvernement, plusieurs ministres ont dû successivement poser leur démission récemment en raison de leurs propos. Comme par exemple, l’ancien ministre des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2020. Yoshitaka SAKURADA avait suscité l’indignation après avoir exprimé face aux journalistes « [sa] déception » alors que la championne japonaise de natation, et « potentielle médaille d’or » pour le ministre, Rikako IKEE venait d’annoncer d’être atteinte d’une leucémie et mettre sa carrière entre parenthèses. Ce n’était pas le seul ministère dont il était en charge puisque Yoshitaka SAKURADA était également à la tête de la stratégie de la cybersécurité. En novembre 2018, il avait surpris les membres de la Diète en déclarant « n’[avoir] jamais utilisé un ordinateur de sa vie. ». Ce n’est pourtant pas pour ces raisons qu’il a démissionné, mais pour une dernière bourde en ayant voulu soutenir une membre de la Diète représentant la région de Fukushima en déclarant que « son fauteuil était plus important que la reconstruction ». C’est pour cette dernière gaffe qu’il a démissionné le 10 avril dernier. Quelques jours plus tôt, c’est l’adjoint du ministre du Territoire, des Infrastructures, des Transports et du Tourisme, Ichiro TSUKADA qui doit démissionner pour avoir déclaré publiquement qu’il défendrait les intérêts de Shinzô ABE et de Taro ASO dans le cadre d’un projet de route.
Ces dernières démissions successives sont donc la raison pour laquelle le Parti Libéral Démocrate a pris des mesures en adoptant un code de bonne conduite afin qu’à l’avenir, il n’y ait plus de gaffes de la part de ses membres. Parmi les conseils mentionnés dans le manuel, il y est indiqué de faire des phrases courtes ou encore de faire attention au choix des mots, qui pourraient être sortis de leur contexte.
Sources : The Japan Times, Asahi Shimbun, The Guardian.
Photo : Vue sur la Diète ©TokyoatParis.