Un dramatique accident qui pourrait relancer le débat sur les conducteurs seniors

Le gouvernement avait promulgué une mesure en 2017 pour tenter de réduire les accidents de la route causé par les seniors. Mais de récentes données de la police et un tragique accident il y a un mois, posent de nouveau la question du permis de conduire pour les personnes âgées.

19 avril 2019, à Ikebukuro, Tôkyô, un dramatique accident de la route a lieu vers midi trente. Une voiture percute sur un passage piéton une mère et sa fille de trois ans en vélo, puis plusieurs piétons avant de s’encastrer dans un camion poubelle et s’arrêter 150 mètres plus tard. Cette course folle a causé la mort des deux premières victimes et a fait huit blessés. Le conducteur, âgé de 87 ans, assurait alors que sa voiture avait eu un problème technique puisqu’il aurait appuyé sur le frein sans succès. Mais quelques jours plus tard, la police indiquait qu’il ne s’agissait pas d’un problème technique mais bien d’une erreur humaine, le conducteur s’étant vraisemblablement trompé de pédale en appuyant sur l’accélérateur et non le frein.

 

Entre 2005 et 2015, le nombre d’accidents fatals de la route a baissé de près de la moitié, cependant, le nombre de personnes âgées de plus de 75 ans responsables de ces accidents tragiques est resté plutôt constant et en conséquence la part des seniors de plus 75 ans en cause dans ces accidents a donc augmenté. Raison pour laquelle le gouvernement avait pris des mesures pour tenter de réduire le taux d’accidents de la route causé par des seniors au volant, dont une partie en raison de démence sénile. La loi de circulation routière avait été ainsi modifiée, obligeant les conducteurs de 75 ans et plus de passer un test afin de détecter ou non une démence sénile. Sur la base du volontariat, les conducteurs seniors peuvent aussi rendre de leur plein gré leur permis, certains gouvernements locaux proposant en échange des avantages sous forme par exemple de bons de réduction. Et malgré ces mesures, des données dévoilées par la police révélaient en février que le nombre d’accidents de la route causé par des seniors avait augmenté en 2018. 460 des 3 099 accidents fatals de la route, soit 14,8% de ces accidents, ont été causés par des conducteurs âgés de plus de 75 ans. Pour y remédier, et parce qu’en raison du vieillissement de la population japonaise il y aura à l’avenir de plus en plus de seniors détenteurs du permis, une agence gouvernementale envisageait de poser des conditions de restriction au permis de conduire des seniors, les obligeant par exemple à ne conduire que des voitures automatiques ou à ne conduire que dans leur quartier afin de subvenir à leurs besoins comme faire des courses.  Car, dans l’accident d’Ikebukuro, rien ne prouvait que le conducteur de 87 ans était atteint d’un quelconque problème de santé, et le test d’alcoolémie s’est révélé négatif. Il semble s’agir d’une simple erreur humaine. En attendant, l’auteur de l’accident étant blessé, il vient de sortir de l’hôpital et est toujours interrogé par la police. Il pourrait être inculpé pour négligence ayant entraîné la mort et des blessures.

 

Le 25 avril dernier, près d’une semaine après l’accident fatal qui a emporté sa famille, Monsieur MATSUNAGA a pris la parole lors d’une conférence de presse pour tenter de faire prendre conscience de la situation, exprimant le fait qu’il « a tout perdu, en un instant ». Il a ensuite conseillé que si « les personnes n’ont pas confiance en leur capacité de conduire (…) devraient éviter de prendre le volant », ajoutant que « si un conducteur dans votre famille vous inquiète, prenez le temps d’en discuter à la maison ». Un message poignant semblant vouloir sensibiliser en indiquant que ce sont les conducteurs derrière leur volant et leurs familles qui sont responsables, avant tout, d’eux-mêmes. D’autant plus qu’avec le vieillissement de la population, le Japon sera amené à compter de plus en plus de personnes âgées et donc de plus en plus de conducteurs seniors.  Qui plus est, avec le non-renouvellement de la population, les seniors de demain seront amenés à être de plus en plus les seuls membres de leur foyer. Sans personne pour veiller sur eux, qui pourra alors les empêcher de prendre le volant, encore plus si les transports publics ne se développent pas davantage notamment en milieu rural ?

 

Sources : The Japan Times, Mainichi Shimbun.

Photo : vue sur Tôkyô la nuit ©TokyoatParis

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