Un des inconvénient avec ce confinement, ce sont les sorties cinéma dont le sort est suspendu aux décisions gouvernementales. C’est le cas de LITTLE ZOMBIES (WE ARE LITTLE ZOMBIES pour le titre original), qui devait sortir le 11 novembre dernier. Si tout se passe bien, les salles de cinéma pourront rouvrir le 15 décembre et LITTLE ZOMBIES sortirait donc le 16 décembre ! Un soulagement car LITTLE ZOMBIES est une bouffée d’oxygène.
Leurs parents sont morts. Ils devraient être tristes, pourtant ils ne pleurent pas. A la place, Hikari, Ikuko, Ishi et Takemura montent un groupe de rock explosif ! Ces quatre adolescents que le chagrin n’accable pas, vont trouver ensemble une nouvelle voie, celle de la musique.
Disons-le tout de suite, ne vous attendez pas à un film de zombies tels que décrits habituellement. Non, il ne s’agit pas d’un films d’horreur avec des morts-vivants mais d’un drame. Or, les zombies ne sont-ils pas des êtres dénués d’âme, d’émotions ayant pour seul but de satisfaire un besoin primaire ? Cette vision du zombie était déjà mise en image par Makoto NAGAHISA dans son précédent court-métrage, And so we put goldfish in the pool, et désignait ces humains ayant perdu l’étincelle de vie en étant plongé dans une routine quotidienne normée par la société. Le réalisateur signait alors son premier court-métrage, inspiré d’une histoire vraie, aussitôt remarqué et grâce auquel il devient le premier Japonais consacré du Grand Jury Prize du court-métrage au festival du cinéma indépendant Sundance en 2017 ! Un bijou à découvrir sur internet, et qu’on vous propose de visionner (ici en VO sous-titré en anglais) avant de voir au cinéma LITTLE ZOMBIES.
LITTLE ZOMBIES est donc le premier long-métrage de Makoto NAGAHISA, de nouveau sélectionné et récompensé cette fois du Special Jury Prize pour son originalité à Sundance en 2019, dans la catégorie World Cinema Dramatic Competition, et poursuit le thème développé dans son court-métrage, où on retrouve également tel un fil conducteur, un poisson rouge. Le jeune réalisateur a précédemment fait carrière dans la publicité et que ce soit dans LITTLE ZOMBIES ou son court, on sent cette expérience à travers l’esthétique visuelle. Entre temps, Makoto NAGAHISA a réalisé plusieurs clips musicaux, dont certains des musiciens font partie de la bande originale du film. C’est aussi un peu de sa propre enfance que retranscrit le réalisateur dans son film, notamment à travers le personnage de Hikari. Si contrairement au jeune orphelin, le réalisateur n’a pas perdu ses parents ils étaient en revanche peu présents, et il se reconnait – sans en avoir été malheureux, dans cette enfance solitaire trompant son ennui à sa manière. Né en 1984, l’enfance du réalisateur correspond à une période significative pour les jeux vidéo marquée au Japon par Nintendo. Tout au long de LITTLE ZOMBIES, il y a un rappel évident à ces jeux d’époque que ce soit dans la construction du film ou dans la musique, dont une grande partie de la bande originale très chiptune a été composée par le groupe LOVE SPREAD. En parlant de bande originale, LITTLE ZOMBIES bat des records puisqu’il compte plus de 90 titres pour 2h de film !
Si les quatre orphelins du film semblent, comme des zombies, ne rien ressentir à la mort de leurs parents, le réalisateur prend le soin de montrer un aperçu de leurs rapports et les circonstances de leurs morts. Pourtant, ce ne sont clairement pas ces relations qui sont déterminant dans le film. L’idée de LITTLE ZOMBIES est d’ailleurs née après un fait divers sordide, celui du suicide collectif de jeunes et il est donc surtout question d’absence d’espoir. En décidant de rester ensemble, s’affranchissant des contraintes imposées par les adultes dont ils dépendent désormais, les quatre enfants font l’apprentissage du deuil et démarrent ensemble une quête pour ressentir des émotions. Que ce soit dans And so we put goldfish in the pool ou LITTLE ZOMBIES, cette notion d’évasion, de liberté, pour se sentir vivant est présente. Si LITTLE ZOMBIES comme son court-métrage précédent mettent en scène une jeunesse désœuvrée, le contexte actuel que nous traversons obligeant la plupart des gens à se contenter de la routine métro-boulot-dodo fait que l’œuvre de Makoto NAGAHISA peut toucher de façon universelle.
P.S : Pour celles et ceux qui ont tendance à quitter leur siège sitôt l’apparition du générique, un game over n’en signe pas la fin !
- LITTLE ZOMBIES de Makoto Nagahisa, avec Keita Ninomiya, Satoshi Mizuno, Mondo Okumura, Sena Nakajima. En salles dès le 16 décembre 2020.
- Pour découvrir les travaux de Makoto Nagahisa, rendez-vous sur son site officiel ici.
Photo: service presse
Une réflexion sur “LITTLE ZOMBIES de Makoto NAGAHISA au cinéma dès le 16 décembre !”