Un regard sur Oceanic Feeling et entretien avec Koki NAKANO

Koki NAKANO faisait son retour à la Maison de la Culture du Japon à Paris en interprétant son dernier album Oceanic Feeling en concert. Retour sur cette performance et entretien avec l’artiste post-concert !

« There’s no sound without movement, there’s no movement without sound. The two are inseparable. ». (En français : « Il n’y a pas de son sans mouvement, pas de mouvement sans son. Les deux sont indissociables. ».)

Koki NAKANO

A travers ces mots, Koki NAKANO nous permet de comprendre ce qui l’anime dans ses compositions. C’est d’autant plus perceptible quand il est sur scène quand il donne parfois l’impression de danser avec son piano ! Au cours de notre entretien, je lui demande d’où vient cette obsession du mouvement ? « C’est dans ma nature ! » me répond Koki NAKANO. Il ajoute que ce besoin de bouger avec son instrument existe depuis qu’il a commencé à jouer au piano à l’âge de 3 ans, ayant besoin de ressentir une connexion avec la musique. Mais commençons par une introduction au parcours du compositeur et musicien. Koki NAKANO est né en 1988 au Japon, à Fukuoka et joue donc au piano depuis qu’il a 3 ans.  Après avoir été diplômé de Toho Gakuen School of Music de Tôkyô, il hésite cependant à poursuivre le piano. Comme il l’explique pour Alexandre Magazine (lien en anglais), Koki NAKANO semble s’intéresser à un autre métier, avant de renouer avec le piano, réalisant que ce qui l’intéressait vraiment était de composer sa propre musique. Il s’inscrit alors au département de composition à l’Université des Arts de Tôkyô. Il intègre aussi GAS LAW, un groupe de musique avec son frère et Daiki TSUNETA ainsi que le violoncelliste français Robin DUPUY, et pour lequel Koki NAKANO compose la musique et joue au piano. C’est un des points de départ de ses venues en France, pour des tournées concernant GAS LAW ou pour des concerts en solo, et c’est ainsi qu’il rencontre son label actuel, No Format ! Entre temps, il s’est installé en France et a également été lauréat de la Cité Internationale des Arts à Paris. Il a composé les albums : Lift (2016) en duo avec le violoncelliste Vincent SEGAL, Pre-Choreographed (2020) et enfin Oceanic Feeling (2022). Il a également collaboré avec d’autres formes d’art en composant la musique pour Brise-Lames de Damien JALET, une création contemporaine à l’Opéra de Paris (2020), ou encore la musique d’un défilé d’Issey MIYAKE. Sans compter que pour Pre-Choreographed, il a collaboré avec différents artistes et notamment des danseurs pour ses clips. C’est donc Oceanic Feeling qu’il a interprété sur la scène de la MCJP, la semaine dernière. Après avoir invité Marion MOTIN à danser sur Oceanic Feeling durant le festival Days Off, l’année dernière, Koki NAKANO a invité le chorégraphe et danseur Nicolas HUCHARD (renommé pour avoir dansé aux côtés de Madonna, Chris and the Queens). Un concert qu’il a imaginé comme un spectacle intégral en plongeant le public dans ce « sentiment océanique », dont le titre vient d’une expression imaginée par Romain ROLLAND dans une lettre à Sigmund FREUD au début du XXème siècle et exprimant un sentiment d’éternité ou de ne faire qu’un avec l’univers. Mais est-ce le point de départ d’Oceanic Feeling ?

Koki NAKANO :  Tout débute avec des recherches sur la relation indissociable entre musique et danse, notamment quand j’ai collaboré avec des chorégraphes. En particulier Damien JALET, avec qui j’ai créé une pièce (ndla : Brise-Lames, en 2020, pour l’Opéra de Paris) et avec qui j’ai participé à un workshop. Ce dernier a été un déclencheur de ce projet. C’était un workshop collaboratif avec Damien JALET et l’artiste visuel Kohei NAWA à Ishinomaki (ndla : Ishinomaki Reborn Art Festival en septembre 2019). Il a créé cette scénographie sur la mer, avec des danseurs improvisant avec leurs corps partiellement dans l’eau. C’était une sorte de recherche-performance. Réfléchissant sérieusement à cette relation entre différentes formes d’art, je me suis demandé pourquoi dissocier ces métiers ? A Paris, il y’a une distinction entre département de musique et département de danse par exemple. Pourtant, avant, il y’avait un croisement entre compositeur et chorégraphe. N’est-ce pas une régression ? Je voulais retrouver cette forme d’art et en faisant cette performance sur la mer, j’ai vraiment ressenti une forme de synchronicité. Ce que je n’ai jamais ressenti avant. Aussi, les conditions et l’environnement ont favorisé cette expérience de synchronicité. J’ai également débuté des recherches sur le lien entre l’eau et le corps. Beaucoup de gens parlent de cette relation-là, par exemple dans l’hydro-féminisme. C’est un sujet abordé par une professeure de l’université de Sydney, Astrida NEIMANIS, qui a écrit un très bon essai sur l’hydroféminisme. Elle a une certaine vision du corps (voir ici la traduction par E. Bigé et A. Petitcolas). J’ai apprécié la pensée et cela faisait sens pour moi en pensant aux limites entre moi et les autres, entre danse et musique. (…) Il y a également les problématiques environnementales, très critiques.  (…) J’ai donc commencé à composer dans cet état d’esprit. 

Vous êtes également résident français depuis 8 ans. Une raison particulière à ce choix ?

Koki NAKANO : Première raison simple : je voulais travailler avec mon label No Format, car à cette époque il n’y avait que très peu de labels qui ne vous catégorisent pas comme ça dans celle de la musique classique. Mais je voulais continuer mes études et mon art, et à l’époque, je devais avoir 18 ans, Chilly Gonzales faisait ses débuts chez No Format et je m’étais dit ce genre d’artiste qui fait de la musique classique mais présenté comme un artiste de musique vivante ! Je m’étais dit que si un jour je travaillais avec ce label, je pourrais me développer, évoluer. (ndla : il précise également qu’au Japon, cela change et qu’il y a désormais une évolution des labels).

Après l’avoir vu sur scène, cet entretien avec lui, et à écouter les différentes musiques composées par Koki NAKANO, que ce soit en solo ou dans GAS LAW, pour un défilé ou pour ses albums, il est effectivement difficile de le mettre dans une case tant il navigue aisément entre musique classique, contemporaine, électro, ambient, pop ou encore jazz. Mais c’est définitivement une expérience à faire, et ça tombe bien pour ceux qui vivent hors de Paris ou voyagent en France puisqu’il reste deux représentations fin mars, l’un à Lyon puis à Annecy !

  • L’album Oceanic Feeling, Koki Nakano, sorti en mai 2022.
  • Concert Oceanic Feeling à Lyon, le 30 mars 2023.
  • Concert Oceanic Feeling à Annecy, le 31 mars 2023.

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