Alors que nous avons appris ce dimanche l’exécution du dernier otage japonais par Daesh, retour sur les évènements et sur l’une des victimes, qualifiée comme un journaliste atypique et exceptionnel, suscitant des émois dans le monde.
Malgré plusieurs tentatives de négociations et la coopération entre la Jordanie et le Japon pour permettre la libération de Kenji Goto, Daesh n’ayant pas remis des preuves de vie du pilote jordanien, pris en otage en décembre, la Jordanie n’a pas relâché Sajida Al-Rishawi. Ce dimanche, l’Etat Islamique a annoncé la décapitation du journaliste japonais et posté des images pour le prouver.
Lorsque la première vidéo a été postée par Daesh le mardi 20 janvier annonçant détenir Kenji Goto et Haruna Yukawa, et réclamant une rançon sous 72h de 200 millions de dollars pour leurs libérations, la première réaction des Japonais a été la stupeur de se retrouver dans un conflit dans laquelle le pays n’est pas vraiment concerné. Mais il faut comprendre que la politique menée par Shinzo Abe est également considérée comme étant agressive. Peu de temps avant la première vidéo postée par l’Etat Islamique annonçant une demande de rançon excessive de 200 millions de dollars, le Premier Ministre du Japon venait d’annoncer une aide financière de ce même montant afin d’aider les populations du Moyen-Orient impactées par l’organisation terroriste. La réaction alors de Shinzo Abe était l’indignation et il a alors déclaré ne pas vouloir céder au terrorisme. Encore auparavant, le Japon s’était rangé avec la coalition afin de lutter financièrement contre le terrorisme. Il n’était donc pas question de payer cette rançon. Mais l’arrivée d’une nouvelle vidéo démontrant Kenji Goto annonçant la mort de Haruna Yukawa, ainsi qu’une nouvelle exigence de ses ravisseurs, qui ne voulaient plus d’argent mais exigeaient cette fois la libération sous 24h d’une femme ayant participé à des actes terroristes, détenue et condamnée à mort en Jordanie, Sajida Al-Rishawi, sans quoi ils attenteraient à la vie du journaliste et avant cela d’un pilote jordanien détenu en otage. Si la Jordanie était prête à libérer cette détenue et aiderainsi le Japon, sa priorité était l’assurance que son pilote était toujours envie. Preuve que la Jordanie n’a jamais eu de la part de l’Etat Islamique, alors que jeudi, l’ultimatum arrivait à expiration.
Kenji Goto était un journaliste de 47 ans,spécialisé sur les reportages au Moyen-Orient pour le Japon, considéré par ses collègues et toutes les personnes qu’il a rencontré, comme quelqu’un d’extrêmement bon, aux qualités humaines exceptionnelles. Un groupe de soutien avait même été créé dès la première annonce et beaucoup à travers le monde avaient manifesté leurs compassions, notamment à Alep en Syrie, où le journaliste s’était rendu l’an dernier, où les habitants ont fait une veillée à la bougie en soutien. A travers ses reportages, Kenji Goto voulait tenter de rendre compte au monde de la souffrance que subissent les habitants à cause de la guerre. Il était parti en Syrie en octobre, alors qu’il venait d’avoir une fille, afin de partir à la recherche d’Haruna Yukawa parce qu’il s’inquiétait de son sort. C’est à ce moment qu’il a été pris en otage par Daesh. Avant son départ, il avait posté un message dans lequel il assumait sa pleine responsabilité, et que s’il lui arrivait quoique ce soit, il ne fallait pas en vouloir à la Syrie. Sa mère qui s’est adressé à la presse à plusieurs reprises, n’a cessé de supplier le gouvernement japonais et la Jordanie de tout faire pour libérer son fils et le pilote. A l’annonce de la mort de son fils par le groupe terroriste, elle annonce qu’elle ne peut que pleurer mais précise que malgré toute sa peine, il ne faut pas céder à la haine, bien que l’Etat Islamique ait annoncé par ailleurs que ce n’est que le début du cauchemar pour le Japon. La mère de Kenji Goto poursuit ensuite en expliquant que le meilleur moyen de rendre hommage à son fils est de poursuivre sa quête de créer une société sans guerre, en sauvant les enfants de celle-ci ainsi que de la pauvreté.