L’une des plus grandes danseuses étoiles françaises, Sylvie Guillem, mettra fin à sa carrière après une ultime représentation au Japon.
Elle l’avait annoncé au cours des nombreuses interviews qui ont rythmé sa carrière de danseuse, Sylvie Guillem part à la retraite à 50 ans. Elle a déjà fait ses adieux au public français en septembre dernier, au Théâtre des Champs-Elysées en offrant plusieurs représentations de « Life in Progress », regroupant une sélection de ballets contemporains, inédits comme des productions déjà dansées, de chorégraphes devenus ses proches : Mats Ek, Akram Kahn. Chose plus étonnante, l’Etoile fera ses derniers adieux au Japon. En effet, Sylvie Guillem se sent très proche de ce pays au point de tenter d’en apprendre la langue depuis plusieurs années. Le Japon fut sa première scène étrangère, alors qu’elle avait seulement 15 ans, mais c’est aussi grâce au Japon, d’après ses mots, qu’elle s’est ouverte au monde. Et il y a peu, la danseuse a reçu le prestigieux Praemium Imperiale, prix japonais récompensant des artistes dans le domaine des arts. Ainsi son dernier spectacle intitulé « Final » regroupera notamment le « Boléro » de Maurice Béjart, dont la danseuse était très proche, mais aussi « In the Middle, Somewhat Elevated » de William Forsythe qui avait été créé pour l’Etoile en 1987. Une faveur que les japonais ont apprécié, ces derniers étant de grands fans de l’artiste, au point que dès l’ouverture de la billetterie pour ses dernières représentations au Japon, tout a été vendu en une journée !
Pourtant Sylvie Guillem ne se prédestinait pas à la danse classique puisqu’elle avait débuté par la gymnastique rythmique, au point de participer à des championnats. Mais au cours d’un stage à l’école de danse de l’Opéra de Paris, elle est rapidement remarquée par sa directrice d’alors, Claude Bessy, et finit par intégrer la prestigieuse école. Engagée à 16 ans dans le corps du ballet, elle grimpe rapidement au sommet, étant nommée Première Danseuse le 24 décembre 1984 avant d’être sacrée Etoile, par Rudolph Noureev, cinq jours plus tard. Elle devient alors l’une des plus jeunes danseuses Etoile au monde mais aussi la plus grande danseuse Etoile du siècle, avec régulièrement pour partenaire de scène le Directeur du Ballet de l’Opéra de Paris –un privilège. Remarquée pour ses aptitudes techniques et physiques mais aussi pour la passion qu’elle transmet, elle reste quelques années à Paris avant de s’en aller au Royal Ballet de Londres, un départ polémique tant son talent est précieux. Depuis les années 2000, la danseuse s’était consacrée principalement à la danse contemporaine, n’hésitant pas à se mettre en danger à travers des pièces expérimentales pour faire connaître au monde de talentueux chorégraphes. Une audace qui lui permet de rester une des Etoiles les plus marquantes de tous les temps.
Le 20 décembre prochain, le rideau se baissera définitivement sur 39 ans d’une carrière riche et intense et tout ça à Tokyo. Ce n’est pas pour autant que nous n’entendrons plus parler de Sylvie Guillem puisque la danseuse a déjà pensé à la suite. Connue pour son activisme écologique depuis de nombreuses années, elle se consacrera désormais à la défense de l’environnement.
A ceux qui n’auront jamais pu voir Sylvie Guillem sur scène, voici un extrait de « In the Middle, Somewhat Elevated » dansé avec Laurent Hilaire :
Crédit photo : Kiyonori Hasegawa