OSAKA va adopter un décret contre la haine raciale

Il existe depuis plusieurs longues années une discrimination, au Japon, à l’égard des coréens, illustré par des manifestations ponctuelles, mais régulières, contre les coréens. Or, dans le pays aucune loi ne protège les victimes des discours racistes. Jusqu’à aujourd’hui.

Si aucune loi ne peut empêcher un japonais d’être raciste à l’égard d’autrui, un décret sera bientôt mis en application afin d’interdire toute réflexion de nature raciste dans la ville d’Osaka. C’est une première au Japon, tandis qu’une partie de la population, guidée par le Zaitokukai, la ligue d’extrême-droite qui revendique sa haine des coréens, voudrait que ces citoyens d’origine coréenne ne soient pas considérés comme des citoyens japonais à part entière (alors même que ces derniers sont résident au Japon depuis plusieurs générations). Certains membres de la ligue nationaliste appellent même parfois au meurtre des coréens. Cela a été le cas notamment lors d’une série de manifestations début 2013, et cette incitation à la haine avait choqué de nombreux médias ainsi que beaucoup de japonais. Suite à la condamnation par un tribunal de la ligue après des insultes racistes au cours d’une manifestation, le Zaitokukai s’est fait plus discret en 2014, mais des membres avaient continué à divulguer leur haine des coréens à travers des graffitis à Tokyo. Pourtant le Japon a ratifié la convention internationale contre la discrimination raciale, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Zaitokukai avait été condamné par le tribunal de Kyoto.

Photographie prise lors d’une manifestation anti-coréenne dans le quartier de Shin-Okubo, Tokyo, en 2013.

Aujourd’hui la ville d’Osaka montre l’exemple à travers la promulgation de ce décret. En effet, il existe une communauté très importante de coréens dans la ville, plus de 150 000 coréens vivraient rien que dans le quartier coréen de Tsuruhashi, qui se retrouvent confrontés souvent à de la haine raciale. Si la ville d’Osaka est la pionnière sur cette question de la discrimination raciale, il s’avère que des politiques avaient émis l’idée d’une proposition de loi contre la discrimination raciale dès mai 2015, or la loi a été rejetée, faute d’accords sur le fond avec le Parti libéral-démocrate. Un rejet qui peut s’expliquer par l’affiliation de nombreux membres du PLD au Nippon Kaigi (lobby révisionniste). Pourtant cette proposition de loi avait été faite, parce que le Comité du Haut-commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU avait épinglé le Japon en exprimant des inquiétudes sur la situation des coréens et avait prié le pays de créer une loi en ce sens. Mais ce décret incitera-t-il d’autres villes à en faire de même, ou bien même inciter le gouvernement à enfin promulguer une loi anti-discrimination ?

Photos : Japan Times, Kim Duck Ho pour Rue89

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