La liberté de la presse menacée au Japon selon l’ONU

Un rapporteur de l’ONU, en visite au Japon la semaine passée, vient de dénoncer la situation de la presse japonaise. Le rapport final de sa visite sera publié en 2017.

Nous vous avions rapporté au mois de février les menaces qu’à énoncé la ministre de la Communication et des Affaires internes, Sanae TAKAICHI à l’encontre des médias. Cette fois un rapporteur de l’ONU spécialisé sur les questions de la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression, David KAYE, et dont la visite était prévue depuis plusieurs mois, a estimé ce mardi que ce n’est pas aux gouvernements, quelqu’en soit le pays, de délimiter les investigations et le traitement des informations de la presse. David KAYE a ainsi publié son rapport préliminaire, le rapport définitif n’étant dévoilé qu’en 2017, dans lequel il explique avoir tant rencontré les institutions gouvernementales que les représentants des médias comme NHK mais aussi des journalistes indépendants. Et c’est concernant ces derniers que le rapporteur spécial de l’ONU s’inquiète. En cause notamment : les kisha clubs, des clubs de presse rassemblant journalistes et sources liés à différents organismes gouvernementaux et non-gouvernementaux  dans lesquels les journalistes indépendants n’ont pas d’accès, et dont le fonctionnement et l’accès est très critiqué tant par les journalistes du pays que ceux étrangers mais aussi par des institutions comme Reporters Sans Frontières ou encore l’Union Européenne. En effet, avec ce système de kisha club, les journalistes étrangers ne peuvent accéder aux mêmes ressources et informations que les membres de ces clubs (et ce malgré la présence d’un club pour les correspondants étrangers). Pour faire simple, alors qu’en France, on peut faire son travail de journaliste sans carte de presse, au Japon c’est mission impossible, même en étant détenteur de cette dernière. David KAYE estime alors que maintenir un tel fonctionnement dans les kisha clubs et que le réseau fermé qui s’est tissé dans ces clubs ne permettent pas la liberté d’expression, puisque ces clubs ne permettent pas un accès libre de l’information à des journalistes indépendants. David KAYE revient également sur les menaces de Sanae TAKAICHI envers les médias, exprimant sa préoccupation sur ce qui a été dit. Si le gouvernement avait déclaré alors qu’il ne s’agissait que d’une simple déclaration de la part de la ministre, le rapporteur de l’ONU dit au contraire que le simple fait de déclarer une telle chose est une menace pesante sur la liberté de la presse, déclarant dans le même temps qu’une telle loi telle que celle sur la radiodiffusion devrait être modifiée afin qu’il n’y ait plus de doutes sur le rôle du gouvernement, qui ne devrait avoir aucun rôle de pression sur la presse, et encore moins sur les médias audiovisuels.  David KAYE est également revenu sur la loi sur les secrets d’états, votée en 2013, et qui a également fait l’objet de beaucoup de critiques de la part de la presse, qui l’estime liberticide. Le rapporteur spécial de l’ONU estime que cette loi est un frein et une trop grosse pression sur la presse et incite le gouvernement à la modifier afin de perdre cet effet dissuasif.  Malgré ce préambule au rapport final, David KAYE changera-t-il les choses ? Ce n’est pas son rôle. Selon ses propres mots, le rapporteur spécial de l’ONU est là pour observer et identifier les problèmes, mais en revanche David KAYE a aussi déclaré que c’est désormais le rôle des journalistes et des activistes de faire changer les choses. Il a également insisté sur la nécessité  de voter une loi anti-discrimination, plutôt que de se concentrer sur le discours de haine qui pourrait pervertir la liberté d’expression.

Rappelons ici qu’en 2015 Reporters Sans Frontières s’alarmait du déclin de la liberté de la presse au Japon s’effondrant progressivement depuis la 11ème place en 2010 [MàJ du 02.05.2017: il semble d’après le classement 2010 sur RSF que le Japon était à la 12ème place] dans le classement de la liberté de la presse à la 61ème place en 2015.

Source : Asahi Shimbun, Japan Times, L’Express.

Photo : ©TOSHIFUMI KITAMURA / AFP

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