L’artiste plasticienne Megumi IGARASHI avait fait scandale au Japon en 2014 avec ses œuvres d’art représentant son manko.
Nous vous en avions parlé à plusieurs reprises lors de nos Matinales, l’artiste Megumi IGARASHI qui s’est surnommée d’elle-même Rokudenashiko, soit bonne à rien en français et son nom d’artiste également, avait fait parler d’elle dans les médias japonais et internationaux car elle avait réalisé un canoë kayak qui représentait son vagin grâce à une imprimante 3D après un crowdfunding en 2014. Ce n’est pas sa seule réalisation, puisque toutes ses œuvres sont réalisées à partir de son sexe, son manko, et ainsi ont été créé des coques pour smartphones, des lampes ou encore des bijoux sur le principe de l’art décoratif. Mais si ces représentations nous paraissent anodines, à nous occidentaux, elles le sont beaucoup moins pour les japonais. En effet, malgré une industrie de la pornographie prolifique et de nombreuses représentations très suggestives de femmes dénudées ayant parfois une poitrine démesurée sur différents supports au Japon, il y demeure interdit de représenter le sexe féminin tandis que le sexe masculin ne rencontre pas cette censure, en atteste le Kanamara matsuri. Or la démarche artistique de Megumi IGARASHI vise à désacraliser le sexe féminin, avec humour, ne comprenant pas pourquoi le sexe féminin doit être si tabou, raison pour laquelle elle créé des objets de la vie courante représentant son propre sexe, ne sachant alors pas vraiment si son sexe était le même que pour n’importe quelle femme !
Une des oeuvres de Megumi IGARASHI ©Megumi IGARASHI, source: site officiel de l’artiste
Et le problème c’est qu’elle avait envoyé le scan du canoë kayak, qui représente donc son manko, aux contributeurs de son crowdfunding, pour les remercier de l’aider à mettre en œuvre son projet. Et c’est là que ça dérange. Il est interdit aux citoyens japonais d’envoyer une quelconque représentation d’un sexe à autrui.
Le Vagina boat qui provoque l’arrestation de l’artiste. ©Megumi IGARASHI, source: site officiel de l’artiste
En conséquence elle avait été accusée d’obscénité et arrêtée en juillet 2014, avant d’être libérée quelques jours plus tard en faisant appel et grâce à une pétition demandant sa libération. Megumi IGARASHI a ensuite été de nouveau arrêtée en décembre 2014 pour diffusion d’images obscènes, puisque l’artiste avait exposé ses oeuvres. La cour de Tokyo a rendu son verdict ce matin et Megumi IGARASHI évite certes la prison mais a été reconnue coupable d’avoir diffusé des contenus obscènes, bien que le tribunal reconnaisse la démarche artistique, et condamnée à payer une amende de 400 000 yens (soit environ 3 250 euros). Pourtant, depuis la médiatisation de l’affaire, des femmes ont fait appel à l’artiste afin de réaliser une œuvre à partir d’un moulage de leur sexe, preuve que l’idée de Megumi IGARASHI fait son chemin. Mais si l’artiste a perdu une bataille, elle n’a pas encore perdu la guerre car elle compte faire appel de ce jugement, soutenue par de nombreuses personnes dans le monde et notamment Mike Scott du groupe britannique The Waterboys, avec qui Megumi IGARASHI s’est fiancée très récemment et qui lui a dédiée une chanson que voici :
Source : Asahi Shimbun, site officiel de l’artiste.
Photo : Japan Times.
Une réflexion sur “L’artiste MEGUMI IGARASHI condamnée pour obscénité”