Mieux encore, d’origine taiwanaise et japonaise, Renho MURATA a été élue, le 15 septembre, présidente du Parti Démocrate au Japon. Pour la première fois, une femme, qui plus est métisse, est ainsi à la tête de ce parti politique au Japon. Le Parti Démocrate est un des principaux opposants au Parti Libéral Démocrate, mais pour autant, constat amer des élections de ces dernières années, cette opposition peine à être audible. Et si la solution venait alors de la nouvelle présidente du parti, Renho MURATA ? Mais qui est-elle ?
Ancienne mannequin, Renho MURATA n’en est pas moins brillante ni moins active dans la vie politique. Née en 1967 d’un père taiwanais et d’une mère japonaise, elle est diplômée en droit. Elle travaille un temps dans une compagnie d’autoradios, c’est d’ailleurs pour cette même entreprise qu’elle prête son visage, avant de devenir animatrice pour des émissions de divertissement et enfin journaliste d’information. C’est en 2004 que Renho MURATA devient une élue, à la Chambre des Conseillers où elle participe à plusieurs commissions. Elle obtient également plusieurs postes ministériels lorsque le Parti Démocrate obtient le pouvoir entre 2009 et 2012. La nouvellement nommée présidente de parti a également une mixité culturelle, métissage qui pourrait lui être profitable dans sa carrière politique : Renho MURATA a obtenu la nationalité japonaise seulement à l’âge de 17 ans. En effet, lorsque Renho MURATA est née, son père étant taiwanais, et la nationalité japonaise à l’époque étant transmise par le père, la future présidente de parti était alors de nationalité taiwanaise, bien que née sur le territoire japonais. Il eut fallu attendre un changement de la loi dans les années 1980, pour que la jeune femme obtienne également la nationalité japonaise, sa mère étant donc japonaise, et a depuis conservé sa double-nationalité. Ce qui a posé problème au cours des débats précédant son élection, puisque le Japon refuse la double-nationalité, cependant Renho MURATA avait affirmé peu avant les élections internes avoir entamé des démarches pour abandonner sa nationalité taiwanaise, nationalité qu’elle avait cru perdre naturellement lorsqu’elle devint officiellement citoyenne japonaise à 17 ans. Dans les faits politiques, Renho MURATA se distingue par son opposition à la réforme constitutionnelle voulue par Shinzo ABE, cependant plutôt que de critiquer elle est en faveur d’un vrai débat. Et visiblement, il semble que le débat constructif plutôt que la critique stérile soit au centre de ses actions politiques et a même averti au lendemain de son élection qu’elle comptait bien faire des changements au sein du Parti Démocrate afin qu’il soit un vrai parti d’opposition. Pourtant des critiques émergent déjà à son encontre, puisque certaines mesures phares de la campagne électorale de Renho MURATA qui concernaient notamment la place des femmes ont été jugées similaires aux propositions du Parti Libéral Démocrate.
Si la présidente du premier parti d’opposition parvient à faire ses preuves, il se pourrait qu’elle puisse un jour être la première femme à être nommée Premier ministre au Japon, si toutefois la côte de popularité de Shinzo ABE descend un jour. Et si les womenomics sont bel et bien une politique du Parti Libéral Démocrate, Shinzo ABE a été obligé d’avouer au cours de l’année passée que cette réforme était un échec car son objectif de 30% de femmes à des postes à responsabilité en entreprise serait irréalisable, il s’avère surtout que les femmes japonaises tentent d’accéder au pouvoir, comme l’a démontré Yurike KOIKE (PLD) qui, contre l’avis de son propre parti politique, a réussi l’exploit d’être élue première femme gouverneur de Tokyo, et par conséquent, une future candidate pour être élue à la tête du Parti Libéral Démocrate ? Et si les prochaines élections du pays opposaient deux femmes ? Seul le temps nous le dira, puisque les prochaines élections législatives se dérouleront en 2018. Et alors que le Parti Démocrate était sévèrement critiqué pour ses quelques années au pouvoir, cette nomination pourrait donner un nouveau souffle au principal parti d’opposition au Parti Libéral Démocrate.
Sources : The Japan Times, Asahi Shimbun, Time, Le Monde.
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