Comme chaque année, septembre et octobre sont les mois où sont récompensées les contributions humaines majeures (ou pas) lors de l’IG Nobel ou lors du prestigieux Nobel. Et cette année encore des japonais ont remporté des prix dans l’un ou l’autre de ces concours.
Si beaucoup sauront ce qu’est un prix Nobel, peu d’entre vous savent ce qu’est le prix Ig Nobel. Il s’agit d’une parodie du prix Nobel, qui a toutefois une vocation sérieuse puisque ce prix récompense l’originalité à travers des recherches scientifiques mais improbables ! Et depuis la création de ce prix en 1991, de nombreux japonais gagnent régulièrement un prix pour des recherches parfois hilarantes comme par exemple ce trio de l’Université de Keio qui a remporté en 1995 l’Ig Nobel de psychologie pour avoir appris à des pigeons à faire la différence entre une œuvre de Monet et une de Picasso, ou Mayu YAMAMOTO qui est récompensée en chimie en 2007 pour avoir démontré qu’on pouvait extraire de la vanilline à partir de bouse de vache, ou même l’an dernier Hajime KIMATA qui a gagné, conjointement avec d’autres chercheurs, l’Ig Nobel de médecine pour avoir prouvé que s’embrasser pouvait réduire les allergies de peau. Cette année, c’est dans une catégorie très étrange que le duo Atsuki HIGASHIYAMA et Kohei ADACHI a gagné un prix lors du Ig Nobel 2016. En effet, une nouvelle catégorie est apparue cette année, celle intitulée « perception » ! Et les deux compatriotes japonais ont mérité leur prix pour avoir réalisé une étude sur la façon dont les choses se voient différemment lorsqu’elles sont regardées en se penchant entre les jambes, avec même une rapide démonstration d’Atsuki HIGASHIYAMA venu récupérer son prix lors de la cérémonie dans le campus d’Harvard.
Dans un registre bien plus sérieux, on se dirige du côté du prix Nobel, où si encore une fois Haruki MURAKAMI n’a pas remporté le Nobel de Littérature, -ses fans le lui souhaitent ardemment depuis plusieurs années et quant à l’intéressé, il s’en désintéresse totalement selon ses dires rapportés dans la presse, c’est dans la catégorie « médecine et physique » qu’un japonais a remporté un prix, Yoshinori OHSUMI. Ce dernier est récompensé le 3 octobre pour ses recherches sur l’autophagie, soit un mécanisme cellulaire grâce auquel une partie de nos cellules s’autodétruisent afin d’éviter, par exemple, la propagation d’une infection ou encore qui permet à notre organisme de se réguler lorsqu’on se prive d’alimentation. Et bien Yoshinori OHSUMI, biologiste, après avoir découvert le mécanisme, a consacré ses recherches sur le fonctionnement de l’autophagie depuis les années 1980 et en a percé le mystère ! Il a ainsi découvert que ce système autodestructif favorisait aussi le recyclage, c’est ce qui permet à notre corps de se défendre mais lorsque le système se dérègle et donc n’élimine pas correctement les intrus, cela a un impact sur certaines maladies dues au vieillissement ou encore des maladies telles que le cancer ou le Sida, sujet sur lequel le biologiste travaille encore.
Deux lauréats japonais donc pour deux compétitions bien différentes, puisque l’une décerne ses prix à ceux qui apportent un bénéfice à l’humanité de par leurs contributions, tandis que l’autre récompense davantage l’originalité, bien qu’il s’agisse de recherches scientifiques tout à fait sérieuses. Mais l’un ne se dissocie pas nécessairement de l’autre, puisqu’un lauréat Ig Nobel de physique récompensé en 2000, André GEIM s’est vu remettre le prix Nobel de physique 10 ans plus tard ! C’est d’ailleurs probablement la raison pour laquelle plusieurs prix Nobel assistent à la remise des Ig Nobel, un des gains d’un lauréat Ig Nobel étant de rencontrer et de serrer la main à plusieurs prix Nobel.
Sources : IG Nobel, prix Nobel, Le Monde.
Photo : ©REUTERS/Brian Snyder ; source International Business Times