Donald TRUMP vient de confirmer mettre fin au partenariat transpacifique dès le 1er jour de son mandat. Evoqué précédemment, le Président russe Vladimir POUTINE doit se rendre au Japon en décembre et c’est une visite d’importance qui pourrait enfin voir la rédaction d’un traité de paix. Mais Shinzo ABE peut-il compter sur ses deux homologues comme des alliés ?
Vladimir POUTINE comme Shinzo ABE nous avaient prévenus : le chemin vers un traité de paix mettant fin à la Seconde Guerre mondiale entre la Russie et le Japon sera long. Et la dernière annonce du Président russe faite lors du sommet de l’Apec (Coopération Asie-Pacifique) à Lima, Pérou, le week-end dernier, illustre bien cela. En marge de ce forum économique, une rencontre bilatérale s’est déroulée entre Shinzo ABE et Vladimir POUTINE au cours duquel ce dernier propose une coopération économique entre la Russie et le Japon dans les îles Kouriles et plus particulièrement les Territoires du Nord (incluant les îles de Kunashiri, Etorofu, Habomai et Shikotan –les noms japonais de ces îles), que revendiquent les deux nations depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ! Une annonce surprenante, puisque le Président russe semblait ne pas vouloir lâcher du lest, évoquant cet été la possibilité de partager les îles entre la Russie et le Japon, avant de se rétracter et de s’opposer fermement à la perte de ces territoires. Une précision cependant, le Président russe évoque cette solution, dont aucun détail n’a été dévoilé, pour instaurer un climat de confiance et ainsi permettre de finaliser, enfin, un traité de paix mettant fin formellement à la guerre entre les deux pays. Mais en dépit de ce pas en avant, le Japon rejette cette offre car cela reviendrait à reconnaitre la souveraineté de la Russie sur ces quatre îles et jusqu’ici, la condition pour un traité de paix pour le Japon c’est leur restitution. Mais au moins, les deux dirigeants sont d’accord sur un point : il faut signer un traité de paix.
Ce qui est sûr, c’est que l’élection de Donald TRUMP à la présidence des Etats-Unis cause des bouleversements et des incertitudes, sur un plan géopolitique. Le Premier ministre japonais Shinzo ABE a ainsi été le premier chef d’état étranger à s’être rendu à New York ce 17 novembre pour y rencontrer le Président élu. Une visite prévue à la dernière minute, nécessaire puisque le Japon semblait être certain de l’élection de la candidate démocrate, mais aussi suite aux déclarations chocs de Donald TRUMP lors de la campagne électorale à l’égard du Japon, et il fallait donc éclaircir les relations à venir entre ces deux pays. Shinzo ABE est sorti convaincu des bonnes relations futures entre le Japon et son premier allié après cet entretien. Mais après l’annonce du futur Président des Etats-Unis concernant le retrait du partenariat transpacifique pour privilégier la négociation d’accords bilatéraux, l’avenir reste incertain puisque la fin de ce partenariat pourrait notamment permettre à la Chine, exclue de l’accord, d’étendre son influence. Or jusqu’ici la Chine est le 1er allié de la Russie en Asie, mais la Russie souhaite ne pas dépendre de ce dernier, c’est une des raisons à la multiplication des échanges entre le Japon et la Russie, et cette dernière déclaration du Président TRUMP pourrait inciter à une nouvelle alliance. Avec toutefois un signe d’une réelle volonté de la part du Président russe de se rapprocher du Japon, puisque Vladimir POUTINE aurait émis le souhait de visiter la ville de Nagasaki, soit lors de sa visite prévue à la mi-décembre, soit à une date ultérieure, mais cette annonce faite par la présidente du Conseil de la Fédération considérée comme proche de Vladimir POUTINE, est porteuse de symbole, puisqu’il y a quelques mois c’était le Président Barack OBAMA, le premier Président en exercice des Etats-Unis, qui avait visité Hiroshima. Une main tendue effectuée également par Shinzo ABE lorsque la Russie subissait (et subit toujours) les sanctions internationales en raison de l’annexion de la Crimée en 2014, un temps suivi par le Japon avant que ce dernier ne reprenne ses échanges avec la Russie.
Bien que Shinzo ABE ait été rassuré par son entretien avec Donald TRUMP la semaine passée, ne tarissant pas d’éloges sur ce dernier et déclarant qu’il est « un dirigeant digne de confiance », il s’avère que le Premier ministre japonais n’a pas demandé d’explications sur les déclarations chocs concernant le Japon, montrant alors qu’avec cette visite expresse, il cherche surtout à garder un allié historique et de poids alors le Japon demeurera-t-il l’allié n°1 en Asie des Etats-Unis ? Ou alors est-il temps de se forger une alliance durable avec la Russie et tenter dans le même temps de l’éloigner de la Chine ? Avec le risque qui plane d’une révision de la Constitution japonaise.
Sources : the Japan Times, Asahi Shimbun, Sputnik News, Courrier International.
Photo : rencontre entre Shinzo Abe et Donald Trump à New York le jeudi 17 novembre 2016 ©REUTERS, source the Japan Times.