Les fans reconnaîtront aisément cette phrase culte de Sailor Moon qu’elle prononce lorsqu’elle rencontre un ennemi. Mais non, la célèbre Sailor ne revient pas pour des aventures inédites, enfin presque, puisque cette fois le gouvernement fait appel à elle pour lutter contre les MST.
C’est le Ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales du Japon qui a fait appel à Naoko TAKEUCHI, la créatrice de « Sailor Moon » pour une grande campagne de prévention et de lutte contre les Maladies Sexuellement Transmissibles (MST) et les Infections Sexuellement Transmissibles (IST). Si le gouvernement fait appel à la plus célèbre des Sailors, c’est notamment en raison d’une augmentation importante de personnes atteintes de MST et d’IST ces dernières années et plus principalement de la syphilis avec 3 000 cas recensés au Japon pour la période de janvier à octobre 2016, contre 621 en 2010 et 2697 en 2015. Une recrudescence qui s’explique aussi par une inégalité d’information dans le peu d’éducation sexuelle délivrée durant l’enfance et l’adolescence, alors que dans le même temps on constatait récemment le peu d’intérêt, croissant, des Japonais vis-à-vis de la sexualité. Et se servir dans une campagne de prévention et de luttes contre les MST/IST d’une des héroïnes les plus populaires des shôjo de ces dernières décennies, « Sailor Moon » a fêté ses 20 ans d’existence en 2012, n’est pas si étonnant. En effet, Naoko TAKEUCHI abordait dans son manga des thématiques adolescentes tels que l’amour à travers la relation d’Usagi Tsukino/Sailor Moon et Mamoru Chiba/Tuxedo Mask mais aussi, et c’est ce en quoi ce manga était en avance sur son temps, en traitant de la question de l’identité, du genre et de la sexualité à travers, par exemple, la relation entre Haruka Tennô/Sailor Uranus et Michiru Kaiô/Sailor Neptune. Ainsi, il est donc peu étonnant que Sailor Moon soit l’image de cette campagne de lutte, d’autant que forte d’une solide popularité depuis sa création, le personnage de Sailor Moon peut parler tant aux jeunes, grâce à la réédition du manga et de l’anime ces dernières années, qu’aux trentenaires qui avaient découvert la saga lors de sa sortie !
Le Ministère de la Santé propose alors depuis ce lundi 21 novembre 156 000 prospectus, 5 000 affiches publicitaires sur lesquels on voit apparaître Sailor Moon clamant « Si tu ne passes pas le test, je te punirai ! », incitant alors au dépistage, mais aussi 60 000 préservatifs dans un emballage en forme de cœur dans tout le pays.
Une campagne qui va durer puisqu’elle sera présente le 9 janvier prochain pour le Seijin no Hi ou la célébration de la majorité. Une initiative d’utilité publique au regard de la recrudescence de personnes atteintes de MST et d’IST, cependant, est-ce que cela est suffisant ? Chieko ISHIWATA, directrice adjointe de l’Hôpital de gynécologie et obstétrique Ishiwata à Ibaraki, s’alarmait déjà lors d’une conférence en 2011 de la hausse du nombre de personnes contaminées par des MST ou des IST, et déplorait déjà l’absence ou l’insuffisance d’informations sur la sexualité, et mettait en avant la nécessité d’un enseignement collectif à l’école et au collège et ce par des professionnels, soit des médecins, et donc bien au-delà des conseils que les enseignants peuvent donner à leurs élèves individuellement. Si ces constats datent de 2011, les MST et IST ayant touché plus de personnes depuis, on peut se demander alors si cette campagne préventive, certes attractive, aura une réelle utilité sans être accompagnée de pédagogie.
Sources : Kotaku, AnimeNewsNetwork, communiqué du Ministère de la Santé au Japon, « Sexual Health Education for School Children in Japan: The timing and contents » de Chieko ISHIWATA sur Japan Medical Association.
Photos : un préservatif Sailor Moon et affiche de la campagne de prévention et de lutte contre les MST et les IST ©Naoko Takeuchi, source : Ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales au Japon.
Mon dieu, pourquoi je suis pas japonaise moi bordel de mandarine ???
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