Un enfant dénonce le HARCELEMENT et la DISCRIMINATION

Si plusieurs forts séismes suivi d’un tsunami ont de nouveau frappé la région du Tôhoku cette semaine, relançant inquiétudes et interrogations, le récit d’un jeune garçon originaire de Fukushima sur le harcèlement qu’il a subi met en évidence la discrimination à l’égard de ses habitants tout en dénonçant le harcèlement à l’école.

Ce jeune garçon, dont l’identité est cachée, âgé de 13 ans cette année a posté sur internet à la mi-novembre  un récit dans lequel il y décrit la discrimination dont il a été victime parce qu’il est un enfant de Fukushima. Avec ses parents, il vivait dans la préfecture de Fukushima lorsque le drame a frappé la région le 11 mars 2011. Cinq mois après le drame, la famille a déménagé à Yokohama dans la préfecture de Kanagawa, bien que leur maison se trouvait en dehors de la zone d’évacuation recommandée par les autorités, par peur des radiations. Le jeune garçon poursuit alors sa scolarité dans une école publique de Yokohama, seulement, parce qu’il venait de la préfecture de Fukushima, il subit les brimades de ses camarades de classe depuis son arrivée au point où le jeune garçon pense à mourir plusieurs fois. Un cas qui n’est pas à part, le harcèlement à l’école (« ijime » en japonais) étant un réel fléau au Japon, mais le cas de ce garçon nous rappelle aussi la discrimination à l’égard des habitants de la préfecture de Fukushima. Une discrimination due à la désinformation, des rumeurs disant qu’être irradié signifie être contagieux existant toujours, et qui nous rappelle également la discrimination à l’égard des hibakusha, les victimes d’Hiroshima et de Nagasaki. Mais ce qui a surtout incité ce petit garçon à divulguer son récit relatant le harcèlement dont il a été victime depuis son déménagement à Yokohama, c’est surtout pour essayer de mettre fin au harcèlement. Ecrit en juillet 2015, il y décrit que ses camarades de classe ajoutait à son prénom le suffixe « kin », que nous pourrions traduire par « microbe  » ou « germe » suggérant qu’il avait été irradié. C’est alors devenu son surnom, heurtant le garçon,  mais pire encore, ses camarades de classe le rackettent, estimant que ses parents devaient avoir des revenus confortables grâce aux compensations financières dues aux victimes de la triple catastrophe,  allant jusqu’à voler à ses parents 1,5 million de yens  en cumulé et les donner à ses harceleurs pour tenter de mettre fin au harcèlement, soit l’équivalent de 12 500 euros au total ! Un cliché qui semble frapper nombreuses famille venant de Fukushima, et loin, très loin des centaines de milliers de yens soit quelques milliers d’euros que la famille du garçon a reçu en dédommagement et qui leur a permis de déménager. Il avait pourtant alerté le corps enseignant de son école mais ces derniers estimaient qu’il ne s’agissait pas de harcèlement, et ce en dépit de rapports de police allant dans le sens de la victime, et ce car le garçon finissait par accepter de payer, faisant perdre au garçon toute confiance envers ses professeurs. Mais il est loin de se laisser abattre malgré ces épreuves, et bien qu’il ait eu des pensées morbides, écrivant « j’ai pensé à me suicider tellement de fois mais j’ai décidé de vivre car tant de personnes ont dû mourir » lors de la triple catastrophe, trouvant alors force et courage dans ce qu’il a traversé et continuer à vivre.

Ce n’est pas la première fois que la presse médiatise la discrimination à l’égard des habitants de Fukushima, puisque peu de temps après la triple catastrophe, certains quotidiens évoquaient la peur de ces habitants de déménager, malgré la peur des radiations, par peur de la discrimination dont ils avaient eu écho par ceux qui étaient déjà partis. Mais ce récit démontre que cette discrimination existe toujours, et finalement est loin de ne concerner que les habitants de Fukushima. Lors d’une conférence de presse tenue le 23 novembre, les parents du garçon rapportent les propos de leur fils « je suis conscient que beaucoup d’enfants au Japon souffrent du harcèlement, mais je les appelle à ne jamais choisir de mourir car il existe des gens biens qui vous donneront un coup de main. ».  En effet, le récit poignant mais rempli de courage en étant publié sur internet a permis de donner de l’espoir à de nombreux enfants harcelés.  Mais il semble que les autorités n’auront pas saisi tout le message puisque des représentants du Ministère de l’Education et de la ville de Yokohama se sont réunis en début de semaine pour proposer des mesures de prévention et éviter d’autres cas de harcèlement… sur des enfants originaires de Fukushima.

Sources : Asahi Shimbun, the Japan Times, Japan Today.

Photo : ©Tetsuo Teranishi source Asahi Shimbun

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.