Au restaurant japonais Hanawa, situé à Paris, est proposée aux clients comme aux visiteurs la première exposition en France de l’artiste peintre Shiro HASEGAWA, qui nous offre un aperçu de sa relecture du « Dit du Genji » et du « Man’yôshû ».
Deux œuvres classiques majeures du Japon. Nous ne saurions décrire autrement ces monuments de la littérature japonaise que sont « Genji monogatari » ou « Dit du Genji » en langue française, et « Man’yôshû » ou « recueil de dix milles feuilles ». Et c’est bien ces œuvres là que réinterprète aujourd’hui l’artiste peintre Shiro HASEGAWA. A partir de la technique de la peinture à l’huile, héritage français, l’artiste souhaite surtout proposer une nouvelle peinture japonaise à partir des techniques venues d’Occident. Ainsi, Shiro HASEGAWA veut se différencier des artistes japonais d’il y a plus d’un siècle, lorsque le Japon s’est ouvert à l’Occident, estimant que ces derniers avaient choisi d’embrasser l’Occident à travers la production de peintures similaires en style à celles européennes, c’est le courant artistique yôga qui s’oppose à la peinture japonaise, plutôt que d’incorporer la peinture à l’huile dans l’Art japonais. A travers ses relectures du « Dit du Genji » et du « Man’yôshû », il s’agit donc de se réapproprier l’Art traditionnel du Japon tout en y employant la peinture à l’huile, élément venu d’Occident et proposer un nouveau type de peinture contemporaine japonaise. Dans cette exposition française, le peintre propose ses nouvelles œuvres, celles appartenant à la série sur le « Dit du Genji », sur laquelle l’artiste travaille toujours, et celles sur le « Man’yôshû » qui sont tant des œuvres littéraires classiques que des sujets de l’Art traditionnel du Japon. Et dans ses œuvres représentant le « Dit du Genji », point de portrait mais des figures géométriques et des symboles, emblématiques du roman, qui se juxtaposent et dont on ne saurait deviner qu’il s’agit de peinture tant ils ressemblent à du tissu imprimé.
De même ce qu’on croit être de simples portraits, liés à la série du « Man’yôshû », et que l’on pourrait assimiler aux bijinga (les portraits de belles femmes, un art typique du Japon), sont pour chacun des éléments qui composent ces tableaux, des symboles et des représentations de la nature. D’ailleurs, Shiro HASEGAWA peignait avant 2010 des peintures réalistes, des portraits mais il ne s’agit plus seulement de portraits fidèles avec la volonté de l’artiste d’allier ce réalisme au symbolisme. Dans cette série, le plus incroyable en particulier est la technique employée pour reproduire les cheveux. En effet, Shiro HASEGAWA a à cœur d’utiliser les techniques de l’artisanat, comme la laque, toujours avec la peinture à l’huile, pour créer quelque chose de visuellement très étonnant, d’un grand raffinement, et qui, selon votre position ou votre angle face au tableau, vous fera voir les subtilités de cette technique.
Tous les motifs de ces peintures ont été réalisés au pinceau et à la peinture à l’huile de la main de Shiro HASEGAWA, le tout avec une précision d’orfèvre, ce qu’on ne pourrait deviner lorsqu’on regarde ses tableaux au premier abord. Et si l’artiste présente ses œuvres pour la première fois en France, c’est notamment une manière pour Shiro HASEGAWA de remercier la France pour avoir donné au Japon les techniques de la peinture à l’huile en exposant le travail que lui, artiste, a réalisé grâce à cela. [NDLA : Profitant de l’ouverture du Japon, et à l’occasion de l’Exposition Universelle de Paris en 1878, nombreux sont les artistes japonais partis principalement en France apprendre les techniques des peintres occidentaux.]
« Peindre l’imaginaire du cœur » de Shiro HASEGAWA au restaurant Hanawa
26 rue Bayard 75008 Paris
Du 23 novembre au 23 décembre 2016.