L’architecte japonais Shigeru BAN a signé un accord avec l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) pour créer 20 000 nouveaux logements destinés aux réfugiés dans la colonie de Kalobeyei, Kenya.
L’architecte Shigeru BAN, connu notamment pour ses réalisations, solides, en tubes de carton recyclé, est certes lauréat du prestigieux prix Pritzker (2014) soit l’équivalent d’un Nobel de l’architecture, mais il demeure profondément altruiste et humaniste. Ce n’est pas sa première collaboration avec le HCR puisqu’il se rend en 1994 au Rwanda alors en pleine génocide. C’est là qu’il suggère au HCR, afin d’aider au logement des réfugiés, d’utiliser sa technique de structures en tubes de carton fort. Un an plus tard, un grand tremblement de terre frappe Kôbé. Une nouvelle fois, l’architecte se porte volontaire pour créer en quelques heures plusieurs habitats d’urgence avec des matériaux de récupération ou simples mais solides et peu coûteux. C’est cette même année qu’il s’engage en devenant architecte conseiller pour le HCR et est surnommé l’architecte de l’urgence ! Shigeru BAN ne s’arrête pas là puisque depuis ces deux missions humanitaires, l’architecte a contribué à la réalisation de commandes privées comme institutionnelles en atteste par exemple en France, la réalisation, avec Jean de GASTINES, du Centre Pompidou-Metz (avec aussi Philip GUMUCHDJIAN en 2009) ou plus récemment la Seine Musicale sur l’ile Seguin à Boulogne-Billancourt. Il alterne ainsi commandes et constructions humanitaires tout au long de sa carrière.
Logement conçu par Shigeru Ban à Kôbé en 1995, « Paper Log House », via site officiel de l’architecte ©Shigeru Ban.
La Seine Musicale conçue par Shigeru Ban et Jean de Gastines, île Seguin, Boulogne-Billancourt, 2017, via site officiel de l’architecte © Shigeru Ban Architects Europe + Jean de Gastines Architectes
Ainsi, après avoir réalisé la Seine Musicale, et en attendant l’aboutissement de ses projets en cours, Shigeru BAN revient dans l’humanitaire avec l’annonce la semaine passée de la signature d’un accord pour construire 20 000 logements pour les réfugiés dans la colonie de Kalobeyei au Kenya. Le Kenya se trouve confronté depuis de nombreuses années à une crise humanitaire, dû aux situations des pays voisins, allant de la Somalie au Soudan du Sud, au point de détenir les plus grands camps de réfugiés au monde avec par exemple les camps de Dadaab et de Kakuma. Mais ces camps craquent et n’apportent pas d’avenir ni une intégration aux réfugiés, et impossible pour eux d’envisager le retour au pays, sans pour autant empêcher la venue de nouveaux réfugiés. C’est ainsi que le HCR tente une nouvelle expérience. En 2015, le Kenya leur cède un terrain mais hors de question pour le pays d’accueillir un nouveau camp comme il en existe déjà. L’idée est donc de proposer une nouvelle ville, une colonie, dans laquelle les réfugiés peuvent vivre et cohabiter avec la population locale avec des commerces ou encore des terrains agricoles. Pourtant, ce plan rencontre des problèmes car actuellement la colonie de Kalobeyei héberge plus de 37 000 réfugiés et les logements construits ne peuvent héberger que 45 000 individus, alors que le pays a dû accueillir plus de 17 000 réfugiés cette année. Ce qui signifie donc que prochainement il y’aura bien plus de réfugiés que de logements.
C’est pour ces raisons que Shigeru BAN a proposé son aide expliquant son idée sur le site du HCR : « L’élément clé sera de construire des abris sans avoir besoin, ou peu, de supervision technique, et d’utiliser des matériaux locaux et eco friendly. Il est important que ces maisons puissent être entretenues facilement par ses habitants. ». Shigeru BAN aidera donc à la réalisation de 20 logements-test, qui selon sa réussite remplaceront progressivement les logements existants. Mais ce projet n’est pas sans contraintes puisqu’il reste un défi auquel l’architecte devra trouver une solution, celui de trouver les matériaux pour construire les logements.
Sources : site officiel HCR, site officiel Shigeru Ban, Urbanews, Libération.
Photo : Shigeru Ban via HCR, ©UN-HABITAT