« A l’aube du japonisme » a débuté à la Maison de la Culture du Japon à Paris. Fêtant actuellement ses 20 ans, et à l’approche de Japonismes 2018, c’est l’occasion pour l’institution de revenir aux sources du japonisme en France !
L’Exposition Universelle à Paris en 1867 était un évènement majeur auquel participèrent de nombreux artisans japonais, venus pour la première fois en France, tandis qu’à l’autre bout du monde se prépare la Restauration Meiji et donc l’ouverture du Japon. C’est effectivement lors cet évènement qu’un public français plus large fait connaissance avec le Japon et son mode de vie à travers l’artisanat et les arts, avant que le terme de japonisme n’apparaisse en 1872, créé par le collectionneur et critique d’art Philippe BURTY. Pourtant, bien qu’avant 1868 le Japon soit un pays fermé, certains objets ont pu être échangés entre le Japon et la France et ce, grâce aux Hollandais installés à Deshima, dans la baie de Nagasaki, seuls Européens autorisés à rester au Japon et à commercer, ou aussi grâce aux Chinois de Deshima qui exportent des produits du Japon vers la Chine où les Européens peuvent se procurer des objets.
Vue sur les lavis attribués à Hokusai et son atelier et rapportés par Johan Willem de Sturler depuis Deshima et donnés à sa mort en 1855 à la Bibliothèque Impériale, actuelle BnF. A voir en ce moment à la Maison de la Culture du Japon à Paris ©2017 Japan FM.
Ainsi, « A l’aube du japonisme » propose un parcours chronologique jusqu’à la première participation du Japon à l’Exposition Universelle, en commençant par l’installation des Hollandais à Deshima dès 1641 et la commande auprès d’artisans japonais de médaillons à partir de gravures de personnalités européennes. Des premiers contacts existants bien que peu développés puisque, rappelez-vous, la Reine Marie-Antoinette n’avait-elle pas fait l’acquisition d’une terrine en porcelaine de Sèvres du « service Japon » pour l’offrir à sa mère l’Impératrice d’Autriche, appréciant les objets japonais, vers 1777 ? Sans oublier que la Reine avait hérité par la suite de la collection de laques du Japon, rares en Europe, léguées par l’Impératrice. Si ces acquisitions sont rares, c’est un premier point de départ puisque quelques décennies plus tard grâce aux Hollandais de Deshima, la France commence à prendre connaissance du mode de vie japonais à travers des peintures attribuées à Hokusai et à son atelier.
Un plateau carré en bois laqué et nacre colorée entourée d’une paire de vases de bois laqué et nacre colorée envoyés par François Estève, missionnaire parti en Chine et qui enverra ces objets à sa famille vers 1848, collection particulière, actuellement à la Maison de la Culture du Japon à Paris ©2017 Japan FM.
Notons que depuis Deshima mais aussi depuis la Chine, parviennent en France un grand nombre d’objets dans le style de Nagasaki, tel des meubles de laques et de nacres. C’est aussi grâce à ces échanges, mais aussi des échanges marins avec la Chine que des objets d’Asie, dont des objets japonais, se retrouvent au Bazar Bonne-Nouvelle entre 1840 et 1842, et que les premiers collectionneurs s’intéressent de près au Japon. D’autres constituent au cours de leur mission leurs propres collections japonaises, léguées par la suite ou rachetées par différents musées. C’est le cas par exemple de la collection chinoise et japonaise de Paul GINIER qui se retrouve au Bazar Bonne-Nouvelle, dont certains objets sont acquis par le musée céramique et vitrique de Sèvres (actuel musée national de Céramique de Sèvres) comme les « Tortues sur un rocher », ou encore une « Jatte couverte en forme de chrysanthème » acquises bien avant que la première délégation japonaise n’arrive en France pour l’Exposition Universelle, et qui sont exposées au public pour la première fois à la MCJP.
Vue générale de la vitrine où se situent des objets de la collection Paul Ginier dont les « Tortues sur un rocher » et la « Jatte couverte en forme de chrysanthème », actuellement à la Maison de la Culture du Japon à Paris, ©2017 Japan FM.
Cette exposition revient également sur les objets parvenus en France après la signature du Traité d’amitié et de commerce entre nos deux pays, à travers notamment la collection du baron de CHASSIRON qui rapporte de son voyage d’autres objets de laques, des netsuke ainsi que de nombreux livres. Mais le Japon, en 1858, demeure encore un shogunat, et qui a signé sous la contrainte des traités avec cinq pays sans être tout à fait prêt à s’ouvrir. C’est alors que débutent les voyages des Japonais vers l’Europe, et notamment celui de la première ambassade en 1862. Cette première mission diplomatique permet aux Japonais d’étudier l’Occident et sa civilisation. Profitant de leur présence, c’est ainsi que les premiers portraits photographiques de Japonais sont dans les archives françaises et parmi ces portraits, se glisse celui du coiffeur Wataru OKKOTSU (voir l’affiche de l’exposition en visuel principal), qui à son retour au Japon allait devenir interprète et être adopté par la famille UEDA. Plus tard, son fils suivra les traces du père en traduisant de nombreux poèmes européens, dont des poèmes français, pour le Japon, mais livrera également son regard sur la société japonaise après l’ouverture du Japon dans « Tourbillon », il s’agit de Bin UEDA !
La connaissance et l’appréciation de la culture japonaise ont donc mis un certain temps à s’installer, et cette fascination pour le Japon n’a pas débuté seulement à l’Exposition Universelle ! C’est ce que rappelle cette exposition à la Maison de la Culture du Japon à Paris grâce au prêt d’œuvres, dont certaines œuvres inédites au public, par de nombreuses institutions comme le musée national de Céramique de Sèvres, le musée de la Marine, ou encore la Bibliothèque nationale de France. « A l’aube du japonisme » est une exposition souhaitée de longue date par le président de la MCJP, Tsutomu SUGIURA comme il le déclare dans un entretien à paraître prochainement, et qui se révèle non seulement comme une exposition majeure célébrant les 20 ans de l’institution mais aussi comme un prélude à « Japonismes 2018 ». A bientôt 160 ans de la signature d’un Traité d’amitié et de commerce entre la France et le Japon, cette exposition intéressera tous les amateurs du Japon afin de mieux comprendre les origines de ce japonisme mais aussi que cette attraction et l’influence exercées durant environ un demi-siècle, reviendront cycliquement au cours des décennies suivantes sans jamais réellement quitter la France.
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Photo : Affiche de l’exposition ©2017 Japan FM. Remerciements à la MCJP.