Suite à sa résidence, l’artiste Meiro KOIZUMI a dévoilé sa nouvelle installation au Musée d’Art Contemporain du Val-de-Marne (MAC VAL). Intitulée « Le nouveau souffle juste après la tempête », elle met en scène des jeunes de Chevilly-Larue. A découvrir jusqu’au 16 septembre.
Meiro KOIZUMI était invité en résidence au MAC VAL de janvier à avril. De cette résidence naît l’œuvre « Le nouveau souffle juste après la tempête » qui met en scène 15 jeunes âgés de 16 à 20 ans de la ville de Chevilly-Larue. Une installation née de la rencontre de l’artiste avec ces jeunes dans le but pour Meiro KOIZUMI de comprendre « comment les jeunes en France réagissent et perçoivent les choses après les attaques terroristes de 2015 ». Si ces jeunes sont le sujet de l’artiste, il faut revenir aux fondements du travail de Meiro KOIZUMI pour mieux le comprendre. Né à Gunma en 1976, Meiro KOIZUMI part terminer ses études d’art à l’étranger, à Londres puis à Amsterdam. C’est lorsqu’il se confronte et découvre ces cultures étrangères que l’artiste s’interroge sur l’identité japonaise, ses tabous, son modèle culturel, ses traumatismes ou encore son nationalisme. Depuis 10 ans, Meiro KOIZUMI réalise des œuvres centrées sur ce sujet ainsi que sur l’histoire militaire du Japon, et notamment sur les kamikazes, les pilotes volontaires pour des missions-suicide durant la Seconde guerre mondiale. Sur ce dernier sujet, Meiro KOIZUMI se demande pourquoi ils sont prêts à faire ce geste, se demandant où se trouve l’héroïsme dans cet acte et s’interroge sur le sens de ce sacrifice pour la nation. A partir de ces questions, l’artiste a rencontré des kamikazes qui ont échoué dans leur mission pour leur demander s’ils se sont portés volontaires par obligation et de leur propre chef. Il en a résulté que tous ont été volontaires mais Meiro KOIZUMI analyse alors que leur volonté était totalement conditionnée par les messages politiques et qui plus est, il y a le poids d’une tradition héritée du code d’honneur des samouraïs, bushido, pour qui le suicide était un acte héroïque. C’est à partir de ces réflexions existantes que l’artiste s’intéresse à notre époque pour répondre à ses questions. C’est aussi à partir de ces premières interrogations que Meiro KOIZUMI tente de comprendre « les motivations (…) des 16-20 ans » et plus spécifiquement il s’intéresse à « l’impact du conditionnement social et de la propagande médiatique sur l’engagement militaire des jeunes ». Un sujet d’actualité et pour lequel l’artiste a rencontré dans le cadre de sa résidence une vingtaine de jeunes de Chevilly-Larue, en banlieue parisienne, dont certains envisageaient d’intégrer l’armée pour leur avenir professionnel. Mais si l’artiste envisageait un projet tant en France qu’au Japon et aux Etats-Unis, il s’avère que cette rencontre avec ces jeunes a été un choc pour lui ! Un choc des cultures puisque si au Japon, lorsqu’il y a tenté l’expérience cela a été un échec, c’est notamment parce que « les Japonais sont disciplinés, prêts à faire le « rituel » alors que les 15 jeunes de Chevilly-Larue étaient au contraire peu timides, très bruyants et totalement libres. Car un des objectifs pour cette installation pour le MAC VAL était de laisser ces jeunes s’exprimer avec leurs corps sur scène durant un workshop pendant que l’artiste filmait le tout. Il leur indiquait juste quelques instructions à interpréter, la principale difficulté résidant dans le fait que Meiro KOIZUMI ne parle pas français. Mais la bonne surprise pour l’artiste a été de constater que la plupart de ces jeunes connaissaient quelques termes en japonais ! Etant pour la plupart des fans d’animes et de mangas, et bien que l’artiste en connaissait très peu, Meiro KOIZUMI les a invité à interpréter comme ils le ressentaient des scènes d’un manga que tous connaissaient « Seven Deadly Sins » ! Ce sont ces scènes issues du workshop et des images provenant des rencontres de l’artiste avec ces jeunes que vous verrez dans cette installation au MAC VAL.
Meiro KOIZUMI était en résidence au MAC VAL dans le cadre du Tandem Paris-Tokyo, un projet d’échanges culturels entre les villes de Paris et de Tôkyô, avec plusieurs manifestations culturelles à Paris entre février 2018 et novembre 2018.
« Le nouveau souffle juste après la tempête » est à voir simultanément avec l’exposition de Kader ATTIA « Les racines poussent aussi dans le béton » et celle de la collection du MAC VAL « Sans réserve ». Informations pratiques dans votre agenda.
Photo : Meiro KOIZUMI devant « Le nouveau souffle juste après la tempête » ©2018 Japan FM.