« Le Monde vu d’Asie » au musée national des arts asiatiques-Guimet

Comment l’Asie percevait le monde ? Si ces dernières années nous avions surtout eu le regard européen sur l’Asie, c’est cette fois à travers le regard asiatique que cette nouvelle exposition au musée Guimet a été conçue. A voir jusqu’au 10 septembre 2018.

« Le Monde vu d’Asie » n’avait pourtant pas été initialement pensé pour être une exposition ! Pierre SINGARAVELOU, professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1, et Fabrice ARGOUNES, enseignant en géographie à l’Université Paris 1, se sont joints à l’équipe du musée national des arts asiatiques-Guimet pour concevoir « Le Monde vu d’Asie ». Ce sont ces deux hommes qui ont pensé le projet, initialement prévu pour être un livre. Le MNAAG, détenteur d’ « une des quatre plus grandes collections asiatiques du monde » propose alors avec « Le Monde vu d’Asie » une exposition inédite, étant « la première grande institution à dévoiler ses magnifiques collections cartographiques asiatiques » ! Croisant le regard universitaire et le regard muséal, le visiteur est ainsi invité à découvrir le monde d’une nouvelle manière grâce à de nombreuses cartes réalisées au Japon, en Chine, en Corée ou encore en Birmanie. C’est à travers des chefs-d’œuvre datant parfois d’un millénaire, des cartes bien sûr mais aussi paravents, rouleaux, manuscrits, une somptueuse robe chinoise cartographique ou encore une incroyable et rare sphère armillaire faite par un artisan horloger japonais que vous aurez l’occasion de voir une autre esthétique de la cartographie. Quel était le centre du monde selon les différents pays de l’Asie ? Ce centre s’est-il déplacé par la suite ? Comment la cartographie a-t-elle évolué ?

Au Japon, comment cette vision du monde s’organise sur une carte ? Si les Européens détiennent de nombreuses cartes asiatiques anciennes dans leurs collections, l’influence est réciproque y compris au Japon. Malgré la fermeture du pays durant plusieurs siècles, grâce à la présence du comptoir des Hollandais à Dejima (ou parfois écrit Deshima) et les Jésuites partis en Asie, des échanges intellectuels ont permis de faire évoluer la cartographie du monde. C’est aussi durant l’époque Edo que la cartographie urbaine évolue et n’est plus seulement une carte topographique. Avant l’époque Edo quand Kyôto était la capitale impériale, la cartographie japonaise fut influencée par la Chine, appliquant le modèle urbain pour mettre en scène le pouvoir.

Désormais, durant l’époque Edo, elle remplit la fonction d’informations sur la structure politique et sociale de la ville: sur le pouvoir indiquant les domaines des daimyos ou encore informant sur les lieux religieux en indiquant les temples. Les infrastructures de l’époque sont valorisées, comme affirmation du pouvoir, à travers le Gokaido (« les cinq voies ») et notamment la plus célèbre de ces routes : le Tôkaidô. Enfin, alors que va s’ouvrir le XIXème siècle, Sekisui NAGAKUBO, géographe, introduit les latitudes et les longitudes venus d’Europe sur les cartes du Japon. Une première réalisée bien avant l’Ouverture car le géographe s’était rendu à Nagasaki et avait profité de cette visite pour se rendre à Dejima et échanger avec les Hollandais présents.

Pour terminer, la dernière salle de l’exposition est dédiée à l’école de Yokohama où les visiteurs pourront découvrir avec étonnement des Yokohama-e, qui, alors que le Japon vient à peine de se confronter à l’Occident, représentent cet Autre avec l’oeil fantasque des artistes japonais qui leur dessine des yeux bridés.

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