Une baisse drastique d’offre de logement au Japon sur Airbnb

Certains de nos lecteurs font peut-être appel à la plateforme de réservation Airbnb pour voyager au Japon ? Solution alternative parfois moins coûteuse que la réservation d’une chambre d’hôtel, il s’avère qu’actuellement la situation est bien floue en raison de l’entrée en vigueur de la loi régulant les minpaku (ou littéralement « hébergement chez l’habitant » mais englobant ici plus largement tout logement de particulier destiné à la location de courte durée). Concrètement, la loi Jutaku Shukuhaku Jigyo-ho contraint les propriétaires de ces biens à obtenir une licence en effectuant des démarches administratives importantes auprès des autorités locales puis à afficher ce numéro de licence sur la plateforme de réservation et limite la location de leurs biens à 180 nuits par an, entre autres restrictions. Si ces règles ne sont pas respectés, le propriétaire en fraude peut se voir condamné à payer une amende d’un million de yens, soit environ 7 500€, voire à une peine de prison ! Plus compliqué encore, cette loi peuvent s’accompagner de décisions par les autorités locales qui peuvent décider d’interdire la location de biens privés dans certains quartiers voire décider de périodes de location. Par exemple, la ville de Kyôto n’autorise dorénavant les minpaku qu’entre la mi-janvier et la mi-mars ! Ce sont donc de nombreux propriétaires qui ont dû retirer leurs biens de plateformes de locations touristiques de particulier à particulier comme Airbnb n’étant pas à jour au 15 juin. Déjà, dès la fin de l’année 2017, la Japan Tourism Agency (JTA) semble avoir demandé aux plateformes de réservation et de locations de logements de particuliers de cesser de proposer des biens sans licence d’ici l’entrée en vigueur de la loi. Pourtant, les propriétaires pouvaient demander une licence seulement à partir du mois de mars 2018 ! Si au mois d’avril la plateforme américaine proposait encore 62 000 biens à la location,  il y en avait à peine 14 000 à la fin mai. Nous avons fait un tour sur leur site pour vérifier, pour tout le Japon en ce 21 juin 2018 et nous n’avons trouvé que 306 hébergements (partiel ou logement complet) à la location. Le hic est que, début juin, le gouvernement japonais a réclamé à la plateforme leader du marché  de mettre fin voire d’annuler toute réservation faite auprès des propriétaires de logements sans licence, quand bien même une procédure était en cours, à la plus grande surprise de l’entreprise. Résultat, Airbnb a annoncé le 7 juin la création en urgence d’un fond d’un montant de près de 9 millions d’euros et d’un service d’assistance pour les locataires. En effet, les touristes qui avaient effectué une réservation pour un séjour à compter du 15 juin ont pu se retrouver sans hébergement, beaucoup des biens ayant dû être retirés de la liste du jour au lendemain ! Ainsi, il fallait donc bien dédommager les locataires et leur permettre soit de trouver un nouvel hébergement soit de changer leurs billets d’avion ou encore de rembourser intégralement leur voyage. Il demeure un autre problème, si pour The Japan Times, la plateforme a refusé de communiquer le nombre de locataires impactés à la veille de l’entrée en vigueur de la loi, le quotidien indique qu’à ce jour des biens sont toujours proposés à la location alors que leurs propriétaires n’ont pas encore obtenu et affiché la licence. Or si des dizaines de milliers de logements étaient en location il y a quelques mois, au 15 juin, seules 1 134 licences auraient été délivrées sur 3 728 propriétaires qui en ont fait la demande à travers le pays, signe alors d’un découragement ou d’une lenteur administrative ? Si pour l’instant, il reste toujours l’option hôtels, ryokan ou la location d’hébergement via des opérateurs professionnels comme Vivre le Japon, ne comptez pas trop sur Airbnb  en attendant que la situation soit régularisée, ce que la plateforme espère au plus vite dans son communiqué. Selon la JTA, tout doit être à jour au plus tard le 29 juin.

 

La loi avait été proposée afin de mettre fin à la location résidentielle illégale mais aussi pour répondre aux plaintes de beaucoup d’habitants locaux qui estimaient que certains locataires ne respectaient pas le voisinage ou ne savaient pas trier leurs ordures convenablement, le tout dans un contexte de la tenue prochaine de la Coupe du monde de Rugby et des Jeux Olympiques de Tôkyô. Dans le même temps, ce sont de nombreux hôtels qui sont en cours de construction ou de rénovation notamment dans la métropole afin de remédier à cette crise du logement touristique alors que le nombre de touristes en voyage au Japon ne fait qu’augmenter d’année en année.

 

Sources : Airbnb press room, The Japan Times, Asahi Shimbun, Les Echos.

Photo : capture écran de la page de recherche Airbnb au Japon.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.