« Sun Child », une œuvre monumentale de Kenji YANOBE était exposée à Fukushima depuis le 3 août. Mal interprétée et source de polémiques, la sculpture a été retirée. Signe que le sujet mets toujours mal à l’aise.
Il y a quelques jours nous vous parlions d’un artiste japonais, Kenji YANOBE, créateur d’immenses chats au Carrousel du Louvre. Cette fois, l’artiste se retrouve malgré lui au centre d’une médiatisation internationale pour avoir installé une autre sculpture monumentale. « Sun Child » représente un enfant vêtu d’une combinaison de protection contre les radiations tenant un soleil dans une main. Mesurant 6,2 mètres de hauteur, il est inscrit sur la combinaison : 000, pour indiquer l’absence totale de radioactivité. « Sun Child » avait été installée le 3 août à proximité d’une station de train dans la ville de Fukushima, grâce à une donation de plusieurs civils avec l’appui du maire Hiroshi KOHATA. Sauf que l’oeuvre ne passe pas pour les habitants de Fukushima en dépit de quelques soutiens. Les plus critiques estimaient que cette œuvre mettait à mal tout le travail qui avait été fait jusqu’alors pour améliorer la réputation de la ville après l’accident nucléaire de la centrale de Fukushima-Daiichi. D’autres ont critiqué le fait que l’enfant porte une combinaison, ce qui n’était pas le cas des habitants, ce qui pouvait mener à un malentendu. « Sun Child » leur rappelait-il un désastre peut-être trop récent et trop pénible dans leur mémoire collective ? Car cette sculpture n’est pas nouvelle. Kenji YANOBE l’avait pensé au lendemain de la triple catastrophe du Tôhôku, et le sujet du danger du nucléaire est présent dans ses œuvres depuis de nombreuses années, l’artiste s’étant même rendu en 1997 à Tchernobyl pour mieux se rendre compte des conséquences du nucléaire. L’artiste avait été ainsi sous le choc après les évènements du 11 mars 2011, et ayant conscience des risques de la centrale de Fukushima-Daiichi, c’est ce qui l’avait poussé à se rendre sur place pour se rendre utile auprès des victimes. Au même moment, il commence à réaliser « Sun Child » comme un vœu de rétablissement rapide de la région après la catastrophe nucléaire et comme un message d’espoir d’un avenir débarrassé du nucléaire et non contaminé par les radiations.
Tel était le message que Kenji YANOBE souhaitait véhiculer à travers son œuvre et raison pour laquelle l’œuvre a terminé son voyage à Fukushima, le message d’espoir étant destiné à ses habitants en priorité. Avant cela, « Sun Child » avait été exposée à travers tout le Japon, d’Ôsaka à Tôkyô, elle avait même déjà été exposée à Fukushima, à l’aéroport pour la Biennale d’art contemporain en 2012 sans qu’elle n’ait été au centre des polémiques. Jusqu’à son arrivée dans la ville de Fukushima ce 3 août, où l’oeuvre n’a pas été comprise comme porteuse d’espoir. Les critiques sont telles que Kenji YANOBE avait publié un long message le 10 août pour expliquer ses intentions avec cette installation, regrettant les polémiques. Mais trop tard, le mal était fait. La mairie a lancé un sondage quelques jours après auprès des visiteurs de l’installation dont le résultat indique que plus de la majorité d’entre eux demandait le retrait de l’œuvre. Ce 28 août, l’artiste a posté un nouveau message dans lequel il exprime ses excuses auprès des habitants et dans lequel il décide de mettre fin à l’exposition. Ceux en faveur du maintien de l’oeuvre expliquent ce malentendu par l’absence de pédagogie autour de l’installation qui aurait pu permettre une meilleure compréhension. Kenji YANOBE, lui, ne perd pas espoir et souhaite revenir prochainement à Fukushima pour débattre du sujet avec ses habitants.
Sources : Asahi Shimbun, France Info, site officiel de l’artiste.
Photo : « Sun Child » de Kenji Yanobe lors de son exposition au Parc commémoratif Expo ’70 en 2012. ©Kenji Yanobe