Hausse du nombre d’enfants maltraités ou quand la tragédie de YUA aurait pu être évitée

Une étude du ministère de la Santé révèle plus de 130 000 cas de maltraitance sur enfant sur l’année fiscale 2017. Depuis 27 ans, ce chiffre ne fait qu’augmenter mais un drame intervenu en mars et médiatisé en juin a ému le Japon entier, et cette hausse pourrait-elle s’inverser dans les années à venir ?

C’es dernières données ne font que dresser un constat alarmant. Le nombre d’enfants maltraités ne fait qu’augmenter chaque année au Japon. Sur 2017, 133 778 cas d’abus d’enfants ont été recensés, soit 9,1%  d’enfants maltraités en plus par rapport à l’année fiscale 2016. Le bilan sur l’exercice 2017 marque alors la 27ème année de hausse consécutive d’abus sur mineurs déclarés. Pour expliquer cette hausse, le ministère soutient que cela est dû à une meilleure prise de conscience du problème et donc que les cas de maltraitance d’enfants sont davantage signalés qu’il s’agisse de violence psychologique ou physique. Selon ce rapport, il est également indiqué que les cas graves d’abus sur mineurs sont moins nombreux, en dépit de plusieurs récits tragiques relayés par la presse au Japon, comme récemment celui de Yua FUNATO, décédée à 5 ans le 2 mars 2018 après des années de maltraitance et de négligence de la part de sa mère biologique et son père adoptif (Yua était née d’un mariage précédent). Cette histoire avait choqué et ému les Japonais surtout que la jeune Yua avait tenté désespérément et vainement de supplier ses parents de lui pardonner d’après les écrits qu’elle a laissé dans son carnet intime. Pourtant, les services sociaux japonais avaient été alertés dès septembre 2016, retirant la jeune fille de la garde de ses parents à plusieurs reprises. Le beau-père de Yua avait même été arrêté en début d’année pour avoir frappé la petite fille au visage. Lorsque Yua meurt d’un empoisonnement du sang résultant d’une pneumonie, conséquence de la malnutrition qui lui était imposée – elle ne pesait plus que 12 kg contre 20 en moyenne pour les filles de son âge, les autorités devaient délivrer leur réponse quant à l’avenir de la petite fille. Mais cette mort tragique aura peut-être un impact sociétal puisque le Premier ministre avait décrit cette affaire comme lui « brisant l’âme ». Si pour l’année fiscale 2017, le ministère n’a pas encore dévoilé le nombre d’enfants morts à cause de la maltraitance, l’année fiscale précédente révélait que 77 enfants étaient morts maltraités et que dans 67,5% de ces cas, leur mère était responsable de leur mort. Sachant qu’ il s’agissait d’un chiffre en baisse ! Pour l’instant, sur l’année fiscale 2017 il a été détaillé que parmi les 133 778 enfants maltraités déclarés : 72 197 mineurs ont subi un abus psychologique, 33 223 ont été physiquement maltraités, 26 818 ont été négligés et 1 540 ont subi un abus sexuel. Autre chiffre attendu et qui devrait être prochainement dévoilé, le détail concernant les abus physiques, verbaux ou sexuels sur les mineurs orphelins et ceux placés en famille d’accueil. Kyodo News explique ainsi que là aussi ce chiffre augmente d’année en année.

 

En réponse à l’arrestation des parents de la petite Yua FUNATO en juin, et donc avant la publication de l’étude du ministère de la Santé, le gouvernement a ainsi annoncé une série de mesures d’urgence pour réduire le nombre d’enfants maltraités. Car bien que Yua avait été suivie par les services sociaux là où elle vivait avant dans la région du Shikoku et que son dossier ait été transmis aux services sociaux de Shinagawa à Tôkyô où elle avait déménagé début 2018, ce cas démontre un réel disfonctionnement entre les différents services de protection de l’enfance locaux et la police puisqu’au final la jeune enfant est morte à cause de ses parents. Le gouvernement a donc annoncé en juillet la création d’emploi de 2 000 agents dédiés à la protection de l’enfance d’ici 2022. D’autres mesures ont depuis lors été annoncés à la fin du mois d’août. Le ministère de la Santé souhaite ainsi obtenir un budget pour l’année fiscale 2019 de 165 milliards de yens soit environ 1,28 milliard d’euros pour lutter contre la maltraitance infantile. Une grande partie de ce budget serait dédié à la création d’une hotline gratuite. Le reste du budget serait consacré notamment à la création d’un programme afin de faciliter la communication entre services de protection de l’enfance des différents départements. L’Agence de la Police Nationale (NPA) a également annoncé une mesure en ce sens, par la création d’une base de données nationale destinées aux policiers qui consisterait en une sorte de cartographie d’enfants suspectés d’être maltraités.

 

Sources : Kyodo News, Mainichi Shimbun, Asahi Shimbun.

Photo : Une photo de Yua Funato divulguée sur les réseaux sociaux via Facebook.

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