TOKYO SOME KOMON, un artisanat existant depuis l’époque Muromachi

L’espace DENSAN s’est associé à la Maison de la Culture du Japon à Paris pour une série d’ateliers et de démonstrations autour de l’artisanat traditionnel réalisés manuellement, tewaza. Nous nous sommes rendus à l’atelier de teinture Tokyo Some Komon le vendredi 21 septembre.

Saviez-vous qu’il existe à Tôkyô un musée d’une teinture spécifique à la capitale ? Appelé Tokyo Some Monogatari Museum, c’est un musée dédié à la pérennité d’une technique de teinture datant de l’époque Muromachi, soit entre la fin du XIVème et la fin du XVIème siècle. Plus précisément, le Tokyo Some Komon est à l’origine une technique consistant à reproduire sur de la soie les armoiries familiales des samouraïs avec de tous petits motifs (komon) réalisés avec des pochoirs de papier ou katagami d’Ise, département de Mie. C’est durant l’époque Edo, soit du début du XVIIème siècle jusqu’en 1868, que le Tokyo Some Komon devient à la mode et se développe davantage. De cette époque, les artisans ont conservé de nombreux modèles de pochoirs présentant des motifs raffinés de toutes sortes. Atsushi TOMITA est un artisan de cinquième génération de Tokyo Some Komon et maître de l’atelier TOMITA SOME-KOGEI, qui se situe à la même adresse que le Tokyo Some Monogatari Museum. C’est lui qui nous présente cet artisanat et nous explique alors que les motifs réalisés avant étaient néanmoins plus grands que ceux réalisés de nos jours.

 

Atsushi TOMITA était à la MCJP pour présenter son artisanat ©2018 Japan FM.

 

Venu il y a quelques jours à Paris à l’occasion de l’exposition « TEWAZA : les techniques fait main des maîtres Takumi de l’artisanat japonais de l’excellence » qui s’était tenue à la MCJP en collaboration avec l’espace DENSAN ( et toujours exposée à l’espace DENSAN) dans le cadre de Japonismes 2018, Atsushi TOMITA a apporté avec lui des archives de l’époque Edo. D’ailleurs, dans son atelier à Waseda, à Tôkyô, il conserve environ 120 000 pochoirs d’archives. Des biens précieux sachant qu’un seul pochoir de l’époque Edo coûte en moyenne 10 millions de yens soit plus de 75 000€ et qu’ un pochoir d’aujourd’hui représente tout de même un coût de 200 000 yens l’unité soit environ 1506,40€. Or un pochoir ne peut être utilisé que pour teindre 40 kimonos environ ! Qui plus est, si un pochoir est abîmé durant le processus de teinture, il faut savoir que tout le travail est à reprendre de zéro et que le katagami n’est plus utilisable.

 

Exemple de pochoirs utilisés durant l’époque Edo ©2018 Japan FM.

 

Un pochoir actuel, réalisé en papier washi d’Ise.©2018 Japan FM.

Si le pochoir a une importance de taille, c’est le travail manuel de l’artisan teinturier qui fait tout le reste. Nécessitant une dizaine d’années d’apprentissage pour maîtriser les différentes étapes et gestes, le Tokyo Some Komon consiste en une série d’étapes à respecter depuis le choix du katagami à la préparation de la pâte de couleur mélangée à de la colle pour teindre les motifs sur le tissu. Une autre étape importante est celle du shigeki ou processus de teinture uniforme du tissu et de passage de sciure de bois afin d’absorber l’excédent de couleur. Enfin la teinture s’achève avec l’étape du mushi, soit l’étape du passage à la vapeur puis du nettoyage. Si dans la description, la teinture Tokyo Some Komon paraît simple, dans les faits il est à constater que la maîtrise du geste est d’une importance capitale. En atteste la séance atelier qui nous avait été proposé par Atsushi TOMITA après la présentation. Les participants ont été invités à reproduire un des douze motifs floraux, représentant chacun un mois de l’année, sur un set de table noir avec une pâte colorée dorée. Il fallait alors poser le pochoir sur le set de table et enduire toute la surface du motif de la pâte colorée. Mais il faut avoir un geste à la fois précis et souple pour que la teinture soit homogène, ce qui n’est au final pas si évident malgré des pochoirs qui étaient peut-être moins fragiles pour des novices. Vous pouvez vous aussi vous y essayer si vous visitez le musée car dans son atelier, Atsushi TOMITA propose des workshops similaires à ceux proposés à la MCJP, sur réservation et moyennant un coût entre 2 000 et 4 500 yens, soit entre 15 et 34€ environ.

 

A gauche, le pochoir à partir duquel les participants de l’atelier ont réalisé le set de table et dont le résultat final est en photo d’illustration de cet article ©2018 Japan FM.

 

Alors que l’atelier TOMITA SOME-KOGEI a été fondé il y a 140 ans, en 1882, Atsushi TOMITA a perpétué ce savoir-faire traditionnel mais aussi modernisé cet artisanat en déclinant les activités de teintures sur des vêtements et des accessoires plus actuels. En 2012, la marque SARAKICHI est fondée et propose des cravates, des foulards ou encore des parapluies en utilisant cette même technique du Tokyo Some Komon. Cette méthode de teinture offre ainsi l’avantage de personnaliser ses accessoires puisqu’il peut y avoir des motifs différents teints sur les différentes faces du tissu !

 

Un parapluie réalisé d’après les méthodes du Tokyo Some Komon. Les motifs du côté recto et verso sont différents ©2018 Japan FM.

 

Des cravates réalisés d’après la technique du Tokyo Some Komon et commercialisés sous la marque SARAKICHI©2018 Japan FM.

 

Tokyo Some Monogatari Museum et atelier Tomita Some-Kogei

3-6-14, Nishiwaseda, Shinjuku-ku, Tokyo 169-0051

 

Informations pratiques « TEWAZA : les techniques fait main des maîtres Takumi de l’artisanat japonais d’excellence » dans votre agenda.

 

Photo : Le set de table réalisé lors de l’atelier de Tokyo Some Komon à la MCJP ©2018 Japan FM.

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