En ce 17 octobre s’ouvre l’exposition « Meiji, Splendeurs du Japon impérial » au musée des arts asiatiques-Guimet. L’ère Meiji est vue comme celle de l’ouverture à l’Occident, mais elle est aussi une période riche d’un point de vue artistique.
Participant non seulement à Japonismes 2018, le musée des arts asiatiques-Guimet célèbre surtout les 150 ans de la restauration Meiji à travers une exposition inédite dédiée au règne de l’Empereur Mutsuhito. Le monarque a su marquer sa montée sur le trône par la restauration de l’autorité impériale en opposition à l’ère Edo caractérisée par le règne des shôgun. C’est aussi à travers l’ouverture du Japon vers l’Occident, du moins une ouverture forcée en 1854 par les Etats-Unis puis avec les traités d’amitié signés en 1858, que l’ère Meiji marquera à jamais le pays. Que l’on conteste ou non le rôle véritable de l’Empereur dans les changements opérés, il n’est nul doute que la période de son règne a bouleversé profondément la nation. Il est d’ailleurs à remarquer que l’Empereur affirme son pouvoir impérial en étant représenté sur ses portraits vêtu comme un Occidental!
Portraits de l’Empereur Mutsuhito (Meiji) et de l’Impératrice Haruko ( Shôken) par Kuichi Uchida, MNAAG ©2018 Japan FM.
Le règne de l’Empereur Mutsuhito est également marqué par le renforcement de la puissance militaire du Japon où les décisions prises alors ont encore des conséquences sur les rapports qu’entretient le Japon avec ses pays voisins de nos jours. Puis, il y a la modification profonde de la société par la disparition des fiefs, une modernisation des grandes villes et l’industrialisation du pays en s’inspirant de l’Occident tout en préservant ses traditions. Enfin, l’ère Meiji est une période marquante dans l’histoire de l’Art, par une transformation du marché de l’art japonais. Avant Meiji, les commandes florissaient chez les artistes grâce aux familles aristocratiques japonaises, mais avec la fin du shogunat, les arts ont évolué pour impressionner le reste du monde et instiller le japonisme que nous connaissons en Europe. C’est ainsi « en Occident que l’on trouve les plus belles collections des arts du Japon de l’ère Meiji » comme l’affirme dans l’avant-propos du catalogue de l’exposition le Professeur Nasser D. KHALILI. Ce collectionneur a acquis depuis les années 1970 de nombreuses oeuvres et détient une des plus importantes collections au monde sur l’art Meiji. Le public a ainsi la chance de découvrir de nombreuses oeuvres dans cette exposition au MNAAG, dont au moins 1/3 sont issues d’un prêt de l’exceptionnelle collection Khalili.
« Susanoo no mikoto recevant le joyau sacré », Norikuni Ôtake, collection Khalili ©2018 Japan FM.
« Cascade en soie brodée », Sôzaemon Nishimura, collection Khalili ©2018 Japan FM.
Si l’art du Japon s’est fait connaître en Europe surtout grâce aux Expositions Universelles à Londres en 1862 puis à Paris en 1867, l’art de l’ère Meiji (1868 à 1912) demeure néanmoins méconnue de nos jours et peu étudiée ! Car malgré un profonde curiosité pour l’art japonais et le japonisme, les œuvres de l’époque semblent avoir été oubliées, c’est ce qu’on comprend à la lecture de l’avant-propos du collectionneur dans le catalogue de l’exposition. De cette époque, les Européens n’auraient retenu que les estampes que beaucoup d’amoureux du Japon s’étaient procuré à l’instar de Vincent VAN GOGH, car plus abordables financièrement, ou la céramique, dont on trouve par ailleurs des œuvres dans cette exposition. Mais au regard de « Meiji, Splendeurs du Japon impérial » ce ne sont pourtant pas celles-là qui sont les plus incroyables.
Détail d’un « Paravent à quatre pans » réalisé notamment en soie brodée, Shinshichi Iida, collection Khalili ©2018 Japan FM.
« Vase à couvercle à décor de glycines », Ozeki Company, collection Khalili ©2018 Japan FM.
« Paire de samouraïs », Miyao Company, collection Khalili ©2018 Japan FM.
Sont présentées des œuvres d’une extravagance technique et décorative, oserais-je dire similaire à ce que l’Europe a pu connaître avec l’art baroque s’il fallait un point de comparaison. Ce sont alors surtout des sculptures, des paravents, des objets de laque qui attestent d’un art et d’un artisanat sans commune mesure au Japon. Le nom de cette exposition justifie ainsi bel et bien d’être qualifiée de « splendeurs » !
« Vase à décor d’inspiration taoiste », Eisuke Seke, collection Khalili ©2018 Japan FM.
« Brûle-parfum : tengu sortant d’un œuf », Shunkô Kobayashi, collection Khalili ©2018 Japan FM.
Pour terminer ce parcours, il est proposé au public de (re)découvrir le japonisme en lui proposant une devinette ! Le but est de reconnaître une œuvre japonaise d’une œuvre étrangère inspirée par le Japon. Dans deux vitrines, les objets sont disposés pêle-mêle sans cartels pour vous guider. A vous de trouver s’il s’agit d’un artiste japonais ou s’il s’agit d’un artiste européen ! La réponse se trouve sur le mur juste après ces vitrines.
Informations pratiques dans votre agenda.
Photo : vue du paravent à décor de divinités shintoïstes en bois, ivoire, laque hiramaki-e et takamaki-e et nacre, collection Khalili ©2018 Japan FM.
Une réflexion sur “MEIJI, l’ère de tous les bouleversements”