Film franco-nippo-singapourien, « La Saveur des râmen » d’Eric KHOO est sorti au cinéma en France le 3 octobre 2018.
Le titre original « Ramen Teh » est une contraction entre râmen, le plat de nouilles japonais populaire et le bak kut teh, bouillon de porc populaire de Singapour. Deux plats très appréciés dans leurs pays respectifs qui donnent ainsi le ton à cette dernière réalisation d’Eric KHOO. « La Saveur des râmen » est donc principalement un film culinaire, le film avait d’ailleurs été projeté en avant-première dans la section cinéma culinaire au Festival de Berlin en février.
« La Saveur des râmen », photo transmise par Art House
Synopsis officiel : Masato, jeune chef de ramen au Japon, a toujours rêvé de partir à Singapour pour retrouver le goût des plats que lui cuisinait sa mère quand il était enfant. Alors qu’il entreprend le voyage culinaire d’une vie, il découvre des secrets familiaux profondément enfouis. Trouvera-t-il la recette pour réconcilier les souvenirs du passé ?
« La Saveur des râmen » est surtout une commande pour célébrer 50 ans de relations diplomatiques entre Singapour et le Japon. A travers le personnage de Masato, hâfu Japonais de par son père et Singapourien de par sa mère, Eric KHOO explore ainsi ce qui peut réunir ces deux pays, le Japon s’étant emparé de Singapour, colonie britannique à l’époque, durant la Seconde guerre mondiale. Une occupation caractérisée par de nombreuses actions cruelles de la part des Japonais. Masato est sans le vouloir une victime de ce passé en étant un enfant issu d’un mariage d’amour entre une Singapourienne et un Japonais, mais cette union n’est pas du goût de tous et a laissé des profondes blessures. Mais Masato peut-être le symbole de la réconciliation entre les deux populations par l’intermédiaire de la cuisine, puisque le jeune cuisinier cherche à retrouver les saveurs des bak kut teh de son enfance tout en étant déjà un chef de râmen et de rassembler ces deux plats en un tout comme lui est un mélange des deux populations. La cuisine peut-elle refermer des plaies si anciennes ?
« La Saveur des râmen », photo transmise par Art House
L’avis de Yuuki K. :
Le film d’une durée d’1h30, durée devenue rare de nos jours, aurait mérité quelques minutes de plus. Non pas pour nous transporter en cuisine, puisqu’Eric KHOO le fait très bien, mais plutôt pour s’attarder un peu plus sur les conflits qui ont opposé Singapour et le Japon, et donner un contexte un peu plus précis pour le public. Certes, les livres d’histoire peuvent nous éclairer en la matière, mais l’histoire de l’Asie ne nous est pas réellement familière en Europe, et notamment en France. J’ai ainsi le sentiment d’une certaine facilité dans la conclusion du film, comme si le réalisateur était allé un peu trop vite en besogne en évitant de revenir sur un passé difficile. Certes, il évoque la polémique récente autour du nom d’un musée (Syonan Gallery, qui a été rebaptisé ensuite Surviving the Japanese occupation : war and its legacy), le public comprend donc que les blessures restent vives. Mais les plus curieux auront alors envie de rechercher et de mieux comprendre les raisons de cette rancoeur de la part des populations voisines contre les Japonais, surtout que ce sentiment demeure toujours d’actualité ! Néanmoins, « La Saveur des râmen » sait émouvoir et s’agissant d’un film destiné à vanter la réconciliation, de cette façon, le film veut signifier qu’en dépit de nos différences culturelles, nous pouvons parvenir à les surmonter d’une façon ou d’une autre. Surtout, il ouvre bien l’appétit ! Les spectateurs du film auront sans nul doute l’envie de foncer dans un restaurant de râmen ou de découvrir le bak kut teh en sortant du cinéma.
« La Saveur des râmen », photo transmise par Art House
Titre : La Saveur des râmen
Réalisateur : Eric Khoo
Avec : Takumi Saito, Jeanette Aw, Mark Lee, Beatrice Chien et Seiko Matsuda.
Distributeur : Art House et KMBO
Date de sortie en France : 3 octobre 2018
Public : Tous publics
Photo : « La Saveur des râmen », photo transmise par Art House