Une thèse sur les Aïnous récompensée par le Prix SHIBUSAWA CLAUDEL

Le 35ème prix Shibusawa-Claudel a été attribué à Lucien-Laurent CLERCQ, côté français, pour sa thèse sur les Aïnous, au cours d’une cérémonie qui s’est tenue dans la Résidence de l’Ambassadeur du Japon en France.

Lucien-Laurent CLERCQ est maître de conférence à l’université d’Hokkaidô et vit donc au Japon, et est également anthropologue et ethnologue chercheur à l’EHESS. Une vocation choisie pour mieux comprendre l’Autre dans un premier temps, puis le Japon, pays qui l’a fasciné dès le jeune âge par son cinéma. C’est lorsqu’il étudiait à Bordeaux qu’il a découvert l’existence de la population Aïnou dans un roman de Kenneth WHITE, « Les Cygnes sauvages ». C’est à partir de ce roman, dont la description des Aïnous « a fonctionné comme un sésame miraculeux » qu’il a eu envie d’en savoir plus et de s’installer au Japon, à Hokkaidô. Il a alors entrepris des recherches depuis dix ans sur la population des Aïnous, s’imprégnant de leur langue et se nourrissant de leurs archives. De ces recherches, il en a rédigé la thèse « Transformation socioculturelles des Aïnous du Japon : rapports de pouvoir, violence et résistance aborigène a Hokkaidô », soutenue à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) en 2017.

 

C’est cette thèse qui a obtenu l’approbation du jury du Prix Shibusawa-Claudel, récompensant chaque année un auteur français et un auteur japonais pour leurs recherches favorisant une meilleure compréhension de la culture française ou japonaise, un enjeu d’autant plus important en cette année de Japonismes mais aussi du 150ème anniversaire de la naissance de Paul CLAUDEL ! Mais le choix a été difficile. Christian SAUTTER, président du jury, raconte ainsi que parmi 11 candidatures, « toutes d’excellente qualité », deux s’étaient particulièrement démarquées. Une autre thèse aurait pu être ainsi récompensée, un coup de cœur pour le jury, dont nous vous avions parlé ici même puisqu’il s’agit de « Génération Hikikomori » de Nicolas TAJAN déjà publié en France aux éditions L’Harmattan.

 

Si le jury « [a] eu du mal à choisir », ce qui a déterminé le choix de récompenser Lucien-Laurent CLERCQ a notamment été pour le lauréat d’avoir su écrire toute une thèse de 700 pages avec des mots simples et compréhensibles, « sans jargon scientifique » et que pour Christian SAUTTER, « rien ne manque sur le sujet des Aïnous » ! Si le président du jury du Prix Shibusawa-Claudel a eu un coup de cœur pour une autre thèse, il ne tarit pas d’éloges sur le travail de Lucien-Laurent CLERCQ en invitant tous ceux qui le peuvent à lire cette imposante thèse, en indiquant que « toutes questions que vous pouvez vous poser sur les Aïnous [y] est résolue ». Qualifiant l’ouvrage de « magnifique thèse », l’ancien ministre français de l’économie poursuit son discours élogieux en soulignant « un travail remarquable », « d’une grande exigence intellectuelle » tout en proposant une « description inédite » de ce peuple autochtone.

 

La thèse n’a pas (encore) d’éditeur à l’heure actuelle mais selon un résumé disponible sur le site internet de l’EHESS, Lucien-Laurent CLERCQ s’est intéressé aux rapports de pouvoir entre Aïnous, la société et l’état par l’étude des transformations socioculturelles vécues par cette population grâce à la consultation des archives et une enquête ethnologique de terrain. L’auteur est revenu sur son parcours lors de la remise de son prix en indiquant qu’avant de commencer cette thèse, il avait été surpris par le nombre d’ouvrages dans lesquels « les Aïnous semblaient n’avoir fait que subir la colonisation ». Il a donc effectué un long travail de terrain pour proposer un point de vue décentré, celui des Aïnous eux-mêmes tout en revenant sur leur histoire.

 

A noter, pour tous ceux qui seraient à Tôkyô à cette période, une conférence sur « Les Aïnous aujourd’hui : reconstruction identitaire et socioculturelle de l’autochtonie » qui sera donnée par le lauréat du 35ème Prix Shibusawa-Claudel le vendredi 19 janvier à la Maison Franco-Japonaise  en entrée libre sur réservation. Quant aux lauréats japonais du Prix Shibusawa-Claudel 2018, c’est Yoko NII qui a obtenu le Grand Prix pour la publication « La Mission jésuite en Chine et l’empire universel » et le Prix d’encouragement a été remis à Teiji TORIYMA pour l’ouvrage « Album de vers anciens : remaniements des vers anciens et autobiographie poétique chez Paul Valéry ».

 

Photo : Lucien-Laurent Clercq reçoit un de ses prix des mains de Christian Sautter ©2018 Japan FM.

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